Le réalisateur italien Ivan Zuccon poursuit avec "The shunned house" son incursion dans l'univers lovecraftien pour y mêler assez subtilement trois histoires de l'écrivain.
En effet, le script nous présente un écrivain et sa compagne allant enquêter sur une auberge maudite, théâtre de multiples meurtres, tout en s'intéressant plus particulièrement à deux cas précis.
Ainsi, après une séquence d'introduction plutôt classique, le métrage nous invite à une exploration de cette demeure infernale en compagnie de ce couple venu là pour trouver la matière à un livre sur les lieux, pour une longue séquence bien stressante et parvenant à installer une tension réelle due en partie à des apparitions morbides à souhait. Ensuite, l'intrigue va se diviser en plusieurs parties imbriquées les une dans les autres de façon assez ingénieuse mais parfois quand même aléatoire pour nous conter les mésaventures d'un mathématicien, un des anciens locataires de l'endroit dont les rêves s'avéreront être bien dangereux, et les déboires d'un écrivain obnibulé par les mélodies jouées au violon par sa voisine de palier.
Servant de lien presque superflu aux différents flashbacks faisant tout à tour avancer les deux intrigues, l'immersion contemporaine des deux visiteurs dans l'ambiance de cette auberge aura finalement, après son ouverture prometteuse, bien du mal à convaincre et à captiver le spectateur par son aspect flou et incomplet ( le rôle exact de la jeune femme mutilée se tapant la tête contre les murs, par exemple ), surtout que le réalisateur semble dans cette partie bien plus occupé à cadrer le décolleté de son héroïne qu'autre chose.
Heureusement, les deux autres histoires morcelées dans le métrage seront bien plus prenantes et démonstratives, malgré quelques effets gratuits, surtout celle adaptée presque fidèlement de la nouvelle "La musique d'Erich Zann" ( mis à part la transposition des personnages, en évinçant le vieil allemand au profit d'une jeune femme beaucoup plus affriolante ) qui parvient facilement à interpeller et nous offrira une issue tragique mais très graphique pour un terrible et méchant effet gore, alors que l'adaptation de "La maison de la sorcière", si elle reste efficace, laisse quand même un goût d'inachevé en n'utilisant pas tout le potentiel disponible et n'aligne pas les mêmes délires graphiques que le segment des "Masters of horror" de Stuart Gordon qui se sert pourtant du même support d'origine.
Par ailleurs, le métrage restera assez sobre à ce niveau-là, ne présentant que quelques plans de blessures aux effets rudimentaires et seul le maquillage de la jeune captive au faciès mutilé alignera un brin de sadisme bienvenu.
Par contre, l'auteur a énormément soigné sa réalisation, aussi bien dans des décors d'époque bien retranscrits que pour ceux glauques de la partie contemporaine de l'intrigue que pour une mise en scène plus que probante intégrant des transitions bluffantes surprenant le spectateur qui se retrouve parfois quelque peu perdu dans les différentes époques, tout en présentant des plans réussis en hommage direct à certains titres de Lucio Fulci, notamment dans des longs travellings parcourant les lieux.
Hélas, on pourra quand même regretter le rythme plutôt lent du film, essentiellement basé sur des séquences de dialogues ralentissant bien entendu l'action.
Enfin, l'interprétation est globalement convaincante, même si le couple du segment actuel du métrage est bien insipide.
Donc, ce "The shunned house", malgré ses quelques petits défauts, arrive à intriguer et à entraîner son spectateur dans son voyage dans l'univers torturé de l'écrivain maudit de Providence !
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