Sorte de suite à l’excellent Le clan des pourris d’Umberto Lenzi, L’exécuteur vous salue bien permet au spectateur de retrouver le sympathique truand à la coupe afro Monezza (Fumier en français !), toujours énergiquement interprété par le grand Tomas Milian, qui a même écrit dans ce film ses propres dialogues (cyniques à souhait !). Efficacement mis en scène en 1977 par Stelvio Massi, spécialiste du polar italien à qui l’on doit notamment l’étonnant Squadra volante, L’exécuteur vous salue bien dépeint de nouveau la société italienne déliquescente des années 1970 qui vit dans la peur du terrorisme (l’ombre des Brigades Rouges plane toujours) et dans un climat d’insécurité permanent. Entre une population marquée par la terreur, le fossé toujours plus grand se creusant entre les riches et les pauvres et le manque de moyens mis à la disposition des services de police, l’Italie des seventies est en proie au chaos et la cible privilégiée du banditisme qui profite de cette situation instable. Cela dit, Massi décrit plusieurs sortes de malfrats : les truands sans foi ni loi représentés dans le film par le personnage froid et antipathique de Belli (Elio Zamuto), les petits voyous anti-violence qui forment la bande à Monezza et qui gardent un certain sens de l’honneur et les bandits dissimulés sous le masque respectable de riches notables. Comme dans la majorité des polars italiens de l’époque, le commissaire de police ambigu interprété par un Luc Merenda monolithique (c’est un véritable bloc sans émotion, une machine qui va toujours de l’avant) emploie des méthodes très musclées pour arriver à ses fins et toujours à la limite de la légalité, n’hésitant pas à tabasser de pauvres bougres. Le tableau assez noir dressé par le cinéaste est néanmoins contrebalancé par un rythme frénétique alternant sans temps mort fusillades et poursuites et par la truculence et l’humour de Monezza. Massi fait ici de Monezza un père de famille délirant, propriétaire d’un restaurant, qui inculque à son fils des valeurs… hum… assez étranges ! Un peu inférieur à Le clan des pourris qui était plus viscéral, L’exécuteur vous salue bien est cependant un polar musclé très efficace et mené à un rythme effréné, bercé par une bande-son délicieusement seventies, qui ravira sans aucun doute les amateurs du genre.
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