Réalisé en 1969 par Mario Siciliano, Django ne prie pas est une excellente surprise, malgré son ridicule titre français qui a été pris pour surfer sur le succès de Django de Sergio Corbucci, alors qu’il n’y avait pas de Django dans le film original de Siciliano. Magnifiquement écrit, Django ne prie pas est basé sur la relation entre deux personnages dissemblables : un soldat de la guerre de Sécession qui s’est fait trahir et dont la compagne a été assassinée, interprété par l’excellent Gianni Garko (prénommé Django dans la version française, ce qui n’était pas le cas dans la version originale italienne) et un shérif croyant encore aux valeurs et à la justice, interprété brillamment par Ivan Rassimov. Le film est donc essentiellement un duel psychologique intense entre ces deux personnages, qui vont chacun prendre des voies différentes. Garko, assoiffé de vengeance et assailli de pulsions assassines, n’arrivera plus à se contrôler et répandra le mal et la mort autour de lui, indifférent aux victimes qu’il sème sur sa route, tandis que Rassimov, ami et sauveur de Garko, essaiera en vain de lui faire entendre raison. L’affrontement entre eux deviendra alors inévitable. Django ne prie pas est une critique acerbe des dérapages de la violence dans une société impitoyable. Le personnage de Garko, au départ sympathique, finira pas devenir le monstre que la société a créé. D’abord faible, sa force sera décuplée par son désir de vengeance mais deviendra totalement incontrôlable. Et comme le lui dit si justement Rassimov, ce n’est pas cette furie irresponsable qui fera de Garko un personnage fort, au contraire, cette furie démontre sa faiblesse. Proche par ses enjeux du sublime Le dernier face à face de Sergio Sollima, Django ne prie pas est un western italien injustement méconnu et dont les personnages ont une grande profondeur psychologique, ce qui reste assez rare dans le genre.
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