Surtout connu sous le titre "Moi zombie, chronique de la douleur", le premier film du réalisateur anglais Andrew Parkinson se révèle être une expérience "autre", différente qui, sous couvert de film du genre, nous livre une poignante réflection sur la maladie et la mort.
Le script nous plonge dans le quotidien déliquescent d'un jeune homme qui, mordu par un zombie, va se transformer peu à peu lui aussi en une créature cannibale.
Ce qui frappe d'entrée dans le métrage, c'est la volonté évidente du réalisateur de présenter de façon complètement intimiste son personnage principal ( celui-ci intervenant d'ailleurs en voix-off ), d'abord et rapidement avec ses problèmes de couple, mais surtout ensuite pour nous faire suivre de façon douloureuse ( les multiples convulsions ), parfois choquante ( la dernière masturbation ), mais aussi le plus souvent extrêmement mélancolique, le terrible destin de jeune homme conscient de sa décrépitude, qui va d'abord essayer de lutter contre sa nouvelle condition, avant de se rendre compte de l'inutilité de ce combat devant son besoin perpétuel de viande humaine, et ce malgré les remords bien présents et une aversion pour cette obligation répugnante.
Car si l'intrigue pourrait laisser penser à un déluge de gore, le réalisateur ne cherche jamais à céder à la facilité de la démesure pour mieux toucher son spectateur lors de scènes sanglantes malgré tout régulières et pour certaines étonnantes de réalisme, mais il préfère s'attarder sur les états d'âme de son personnage principal perdant peu à peu le semblant d'emprise sur la réalité qu'il lui restait, aussi bien au travers de rêves parfois déroutants que lors de séquences faisant parfaitement ressortir toute la détresse intérieure et la douleur causée par la séparation volontaire avec son amie ( dans un souci de la sauvegarder ), en plus de son isolement perfectible, l'ensemble évoquant largement la parallèle évidente avec certaines maladies, notamment le SIDA ( pour la lente dégradation physique ) ou encore l'alcoolisme ( pour le besoin ressenti ).
Mais cela n'empêche quand même pas le métrage, en s'immisçant de manière intime dans la "vie privée" de ce zombie, de nous délivrer quelques abominations, au travers de scènes de repas rendues parfois presque pathétiques mais toujours très graphiques, mais surtout avec les nombreux détails oeuvrant à nous renseigner sur le déclin physique progressif du personnage.
En plus, le style "reportage" adopté par l'auteur renforce l'impression d'images prises "sur le vif", aidé en cela par une caméra suivant de près le zombie quand elle ne part pas carrément à sa recherche dans le quasiment seul décor du film, l'appartement que le personnage principal quittera de moins en moins et qu'il tentera quand même d'entretenir et de préserver des désagréments dus à ses exactions cannibales. Par contre, le rythme restera assez lent tout au long du métrage, l'intrigue centrée sur l'observation de la déchéance du zombie n'amenant que peu d'action pure.
L'interprétation est correcte et si Giles Aspen est plus que convaincant dans le rôle principal, les autres comédiens flirte quelque peu avec l'amateurisme.
Les effets spéciaux sont globalement probants, même si quelques raccords demeurent trop visibles dans les maquillages, les effets gores étant très soignés.
Donc, ce "I zombie, mémoires d'un zombie" dénote fortement dans la production contemporaine en se servant du genre comme d'un tremplin pour délivrer son message au travers d'un drame intimiste éprouvant et émouvant !
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