Pour son segment des "Peliculas para no dormir", concurrents exclusivement hispaniques des "Masters of horror", le réalisateur Jaume Balaguero quitte la retenue de ses précédentes oeuvres pour nous livrer un métrage terriblement graphique à la violence froide et brutale.
Le script nous présente un jeune couple à la recherche d'un appartement à acheter allant en visiter un, mais très rapidement tout va déraper en un véritable cauchemar éveillé.
Après une courte présentation des personnages limitée au strict nécessaire, le métrage installe rapidement son ambiance lugubre, grâce à une rupture d'image abrupte et intrigante, mais en tout cas bougrement efficace, pour mieux mettre son spectateur en condition, sans que celui-ci ne sache exactement à quoi s'attendre, surtout après la brève séquence d'introduction encourageante mais vague. Et c'est tout aussi brusquement que d'une simple visite d'appartement l'intrigue va basculer dans une folie pure et dure pour nous entraîner dans une succession de rebondissements haletants, générant un suspense régulier, brillamment entretenu et renouvelé par le réalisateur qui, même s'il n'hésite pas à recourir à certains effets plutôt classiques ( les clés ), saura gérer son action de manière remarquable ( même si une vague impression de redite plane autour du dernier acte, vite reléguée par un rythme frénétique ),tout en nous réservant un mini twist final certes assez facile mais efficace, et surtout en ne lésinant pas sur une violence directe et sauvage qui en plus d'être très graphique, n'hésitera pas à verser dans un gore très visuel ( le vide-évier ) et jouissif. cette violence sera même libératrice et satisfaisante ( sans que l'on ait le temps de s'interroger sur le côté malsain de la chose ) quand elle prendra un caractère revanchard pour les personnages principaux.
En plus de se lâcher dans la brutalité, Jaume Balaguero apporte à son film un certain sadisme assez méchant ( les liens ) et douloureux, tout en mettant en avant l'aspect délabré, presque glauque de ses décors vraiment superbement photographiés pour mieux encore renforcer l'atmosphère délétère de l'ensemble.
L'interprétation est rigoureuse, laissant les différents personnages exposer leurs sentiments et surtout transpirer leur terreur et la mise en scène du réalisateur est dynamique, alerte et suit l'action sans jamais faiblir, tout en imposant des angles de prises de vues et des mouvements de caméra originaux et intéressants, augmentant ainsi l'étrangeté du propos, même si le double emploi du rêve pour tenter de déstabiliser une fois encore le spectateur n'était pas vraiment nécessaire.
Donc, ce "A louer" se révèle être tout simplement efficace, parfaitement cadré au format et ose aller assez loin dans la violence en s'appuyant en plus sur une histoire originale !
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