Alexei Guerman s'exerce sur un sujet déjà traité par Gregori Tchoukhrai dans "La ballade du soldat" mais contrairement à celui-ci fait table rase de l'héroïsme obligatoire, de l'engagement de commande, du lyrisme et de l'effusion sentimentale. Vingt jours sans guerre conte le voyage à travers la steppe, par un interminable et vétuste chemin de fer, d'un héros obscur et fatigué de Stalingrad; son séjour désolé dans l'orientale cité de Tachkent; enfin son retour au front dans le désert du champ de bataille et vraisemblablement dans l'anonymat d'une mort sans gloire. Il erre dans les faubourgs de Tachkent comme le revenant d'un autre monde, portant les décorations et les stigmates d'un désastre impossible à raconter. Seule une jeune femme que le hasard lui fait rencontrer rompt la conspiration du silence et lui offre le réconfort de sa compagnie et la miséricorde d'une unique nuit d'amour. La mise en scène très élaborée construit de longues séquences monologuées ou dialoguées et se découpe en amples mouvements d'appareil dont la fonction ne relève en rien de l'esthétisme de complaisance. Au final un très bon film malheureusement desservi par une copie de mauvaise qualité.
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