Le cinéaste français Jean Rollin, célèbre pour être l’un des rares réalisateurs français à croire au cinéma fantastique, auquel il a donné plusieurs œuvres tout à fait insolites comme les étonnants Le viol du vampire ou encore La rose de fer, met en scène en 1997 ce très curieux film. Ceux qui connaissent l’univers surréaliste des films de Rollin ne seront pas déroutés par ce métrage qui s’intéresse au parcours chaotique de deux jeunes orphelines qui sont persuadées d’être des descendantes de vampires. Nimbé d’une atmosphère évanescente qui mélange constamment rêve et réalité, Les deux orphelines vampires emmène le spectateur dans un monde troublant qui semble cacher sous une surface ordinaire de multiples mystères, où on peut rencontrer pêle-mêle une femme-loup, une reine de la nuit ou encore une ghoule. Rollin fait osciller son film entre fantastique et mélodrame, sans nous révéler si ces deux jeunes filles sont réellement des vampires, ce qui le rend ambigu et assez fascinant. Il soigne ici particulièrement ses plans, malgré un budget modeste dont il tire le meilleur parti. Une étrange poésie s’en dégage, non dénuée d’un certain tragique car les deux héroïnes sont prisonnières de leur condition et veulent seulement être libres. Et Rollin retrouve ces lieux ordinaires qu’il affectionne, comme le cimetière, la plage, qu’il transforme par sa mise en scène en espaces extraordinaires, où tout est possible. Les deux orphelines vampires peut déstabiliser le spectateur, comme tous les autres films de Rollin, par son rythme lancinant et sa narration erratique qui donnent au métrage l’aspect d’un rêve (ou cauchemar) éveillé. C’est un film qui se base avant tout sur son ambiance, sur le ressenti et on peut trouver cela tout à fait ridicule et inintéressant. Mais si on se laisse porter par la beauté surréelle des images alors le spectacle devient envoûtant, insolite, presque hypnotique et entièrement centré sur la relation complexe et indestructible qui lie les deux héroïnes, comme si celles-ci étaient une seule et même personne. Par ailleurs, on retrouve avec plaisir des actrices comme Brigitte Lahaie ou encore Tina Aumont, qui renforcent encore le côté étrange, sensuel et inclassable du film. Assurément une des œuvres les plus abouties et déroutantes de Rollin, qui mérite d’être (re)découverte.
|