Petite curiosité italienne des années soixante-dix, ce "Château de Frankenstein", malgré un rythme laborieux, respecte le ton du cinéma "bis" de l'époque, tout en nous offrant une galerie de personnages bien déjantés.
Le script s'accommode en apparence de la classique histoire du comte Frankenstein dans ce qu'il y a de plus basique, mais y ajoute un certain nombre d'éléments aussi grotesques qu'originaux pour nous livrer une intrigue différente, complètement "autre".
En effet, si par son langage visuel directement calqué sur celui des oeuvres de la firme anglaise "Hammer", le métrage emprunte un style gothique délaissant toute modernisation du mythe de Frankenstein, il laissera très vite ressortir une certaine volonté outrancière typiquement transalpine, surtout dans un érotisme qui pourra bien sûr sembler bien prude de nos jours, mais également dans une perversité de tous les instants, joyeusement symbolisée par le personnage atypique du nain, libidineux à souhait, annonçant la couleur dès la séquence d'introduction du film, en cherchant à tripoter le cadavre d'une demoiselle fraîchement déterrée, avant de se montrer voyeur et carrément violeur.
Mais ce personnage ne sera pas le seul à être haut en couleur, puisque les autres domestiques du comte Frankenstein recéleront aussi des penchants aussi immoraux les uns que les autres, laissant ainsi au comte l'exclusivité d'une certaine respectabilité. Et en plus d'offrir des traits de caractère dépravés, les différents protagonistes du métrage rivaliseront dans un gigantesque concours de sales "gueules", dominé par l'homme préhistorique ( encore un élément définitivement farfelu ) au faciès incroyable et par le monstre, malgré un maquillage plus que moyennement réussi.
Mais hélas, ces individualités croustillantes seront ici mal exploitées par un script minimaliste, s'attardant trop longuement dans des séquences de dialogues autour de la bluette naissante entre le comte et l'amie de sa fille, cassant de la sorte le rythme du film, au point de le rendre mollasson, avec une difficulté flagrante à enchaîner ses différents rebondissements, sensation encore accrue par un montage spécial, n'hésitant pas à couper les scènes de manière abrupte, donnant ainsi une impression d'inachevé à certains plans, surtout lorsque le film avance plusieurs situations en même temps. Ce ne sera que pour son final que le métrage haussera le ton pour s'énerver légèrement, tout en nous offrant un dénouement plus que prévisible sous forme d'un joyeux foutoir.
Par contre, s'il déshabille facilement ses actrices, le réalisateur demeurera bien avare en plans sanglants puisque son métrage en sera quasiment vierge.
L'interprétation est plutôt convaincante, même si plusieurs seconds rôles surjouent facilement, et la mise en scène de l'auteur sera assez banale, sans effets et se contentant bien souvent de suivre uniquement ses différents protagonistes.
Donc, ce "Château de frankenstein" offre un spectacle suffisamment déjanté pour faire sourire, mais, à cause de ses problèmes de rythme, risque quand même d'ennuyer la majorité de ses spectateurs !
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