Pour son segment des "Masters of horror", le réalisateur John Landis, notamment auteur du formidable "Loup-garou de Londres", a entièrement misé sur une idée certes folle et partant d'un postulat volontairement risible, mais cela ne suffit hélas pas entièrement pour combler une intrigue trop superficielle.
En effet, le script suit l'enquête d'un policier, mis en rencard après une bavure, sur de mystérieux homicides horribles dont le seul point commun est la présence de traces de sabot de cervidé sur les victimes, jusqu'à ce qu'il entende parler de la légende indienne de la "femme-biche".
C'est de manière très classique que le réalisateur démarre son intrigue, en profitant de la découverte d'un premier crime pour nous présenter brièvement son personnage principal, avant de suivre celui-ci dans différentes situations coutumières du genre "policier", avec examen des cadavres à la morgue, exploration des lieux des meurtres, audition de témoins, qui pourraient sembler insignifiantes et lassantes si l'auteur n'insufflait pas à l'ensemble un vent de folie issu du contexte même de ces assassinats pour le moins particuliers.
Car John Landis, coutumier du mélange horreur/ humour, arrive parfaitement à maîtriser cette alliance contre-nature pour nous livrer quelques séquences très réussies ( celles dans la morgue, par exemple ) où l'horreur de ce qui est dévoilé à nos yeux et entièrement contrebalancé sur l'absurdité des propos tenus par les personnages, malgré leur ton très sérieux ( même dans l'insertion d'une évidente référence à son classique du genre ). Le réalisateur pousse même le vice dans la démesure lors d'une visualisation de différentes hypothèses toutes plus drôles les unes que les autres, se permettant aussi au passage une petite moquerie sur le genre. Et c'est seulement dans la dernière partie du segment que l'intrigue redeviendra plus sérieuse pour amener plusieurs rebondissements riches en action ( mais tout en restant prévisible ) mais oubliant de conclure le métrage de façon cohérente.
Et heureusement que John Landis parsème l'ensemble d'une ironie bien visible et d'un comique de situation bien présent, car sinon, au-delà de l'originalité farfelue de l'identité de l'assassin, l'intrigue n'apporte pas grand-chose de neuf en se contentant de reproduire des situations convenues et de nous présenter des protagonistes au traits de caractères basiques et stéréotypés, tout en oubliant d'incorporer le moindre suspense et de la tension, achevant ainsi de lui donner un aspect plutôt superficiel.
L'interprétation est cohérente, avec un Brian Benben pas spécialement expansif en flic désabusé et la mise en scène de John Landis est vive, proche de l'action pour bien cadrer ses comédiens. Les effets spéciaux sont irréprochables et assez généreux au niveau des maquillages sanglants, et laissent volontairement à désirer dans la séquence de visualisation de l'homme-cerf, renforçant ainsi le clin d'oeil fait au spectateur.
Donc, John Landis a partiellement réussi son passage dans l'anthologie des "Masters of horror" car si son segment reste agréable à suivre et souvent comique, il n'en reste pas moins presque anodin et en tout cas périssable.
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