Deuxième volet de la sublime trilogie westernienne tourné par le grand Sergio Sollima, après Colorado, Le dernier face-à-face est l’un des plus grands westerns italiens, qui se démarque des films de Sergio Leone ou de Sergio Corbucci par son côté psychologique très poussé. Sollima y livre une réflexion désabusée sur le sens de la justice et de la violence en confrontant deux personnages opposés et issus de milieux différents : l’intellectuel, formidablement interprété par l’immense Gian Maria Volonte, professeur pacifiste et un peu moraliste et le hors-la-loi inculte et vulgaire, joué par l’extraordinaire Tomas Milian. Tout le film va s’intéresser à la lente évolution de ses deux personnages, dans un Ouest sauvage et impitoyable. Au fur et à mesure, le personnage intellectuel du professeur, pourtant pacifiste et donneur de leçons, plongé dans des événements qui le dépassent, va devenir, au contact du hors-la-loi, un être froid, calculateur et de plus en plus monstrueux, tandis que le hors-la-loi va développer un sens des valeurs et de la justice, réfléchissant sur ses actes. Sollima en profite pour montrer que la faiblesse n’est pas forcément celle qu’on croit, et qu’un être soi-disant fort peut être plus faible, car se laissant entraîner, suivant les modes, qu’un être soi-disant faible qui, malgré les changements de la société, agit toujours selon ce qu’il pense être juste. Bercé par une superbe partition funèbre d’Ennio Morricone, Le dernier face-à-face est un véritable chef d’œuvre, intelligent tout en étant aussi un film d’action haletant.
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