Réalisé par le grand Sergio Corbucci en 1966, Django marque une date dans le western italien. Très éloigné des codes du genre instaurés par le génial Sergio Leone, le film de Corbucci est d’une très grande noirceur, se déroulant dans une ville-fantôme, qui semble réduite à des ruelles sales et un saloon. Dès le premier plan, le ton est donné : un homme mystérieux, à pied, traîne un cercueil comme un fardeau dans un espace boueux. C’est l’entrée en scène de Django, interprété par un jeune Franco Nero qui vient juste d’être découvert, et archétype de l’anti-héros propre au western italien. C’est aussi la mort en marche, qui va contaminer tout le film. Corbucci instaure un climat putride et une violence hyperbolique, n’ayant pas peur de noircir de sang un tableau déjà peu reluisant. Dans une société en pleine perdition, à la limite du totalitarisme (les hommes cagoulés comme le Ku Klux Klan), les hommes crèvent comme des chiens, dans la boue, parfois dans le dos. Notre héros Django emploie sans sourciller une mitrailleuse et extermine sans la moindre compassion, il se fait aussi écraser les mains ; même le duel final tant attendu se déroule sans aucun respect des règles, dans l’anarchisme le plus total, bien évidemment dans un cimetière représentant la fin de l’idéalisme et des illusions. Corbucci ira encore plus loin dans la noirceur avec son chef d’œuvre absolu, Le grand silence. Mais Django reste un des westerns italiens les plus marquants de l’histoire du cinéma, qui a eu une influence considérable.
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