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On était légitimement en droit d'attendre quelque chose de ce "The woods", réalisé par Lucky McKee, l'auteur du splendide "May". Hélas, si le métrage reste largement regardable et confirme le talent du réalisateur, le résultat aura de quoi laisser sur sa faim, à cause d'un probable remontage rendant l'intrigue trop prévisible et sinueuse.
Le script place une adolescente à problèmes dans un pensionnat réputé perdu au milieu d'une forêt. Sans cesse épiée par ses professeurs et la directrice, prise en grippe par ses camarades de classe et sujette à des visions morbides, et tandis que plusieurs élèves disparaissent, la demoiselle devra percer le mystère entourant l'endroit pour espérer survivre.
Après "May", Lucky McKee nous dresse un nouveau portrait féminin au travers de son personnage principal mal dans sa peau et rebelle, plus que mal à l'aise dans ce pensionnat rigide et terne, mais l'auteur s'y attarde ici beaucoup moins pour laisser la place à une intrigue fantastique quelque peu rabâchée très référentielle.
En effet, comment ne pas penser au "Suspiria" de Dario Argento, auquel le réalisateur rend un flagrant hommage, aussi bien dans son contexte ( le pensionnat de jeunes filles ) que dans certains plans typiques du classique du réalisateur italien ici revisités avec brio ( le vent dans les arbres ), mais également avec quelques clins d'oeil appuyés ( la pendaison, les trois soeurs ). Mais par certains côtés, le métrage de Lucky McKee évoque également largement le "Carrie" de Brian De Palma, avec son adolescente visiblement dotée d'un don spécifique rejetée par ses camarades et prise en grippe par la forte tête de l'établissement. Et bien évidemment, la présence de Bruce Campbell se battant contre des branches d'arbre aura de quoi faire sourire les amateurs d'"Evil dead", même si ici il préférera une hache à sa célèbre tronçonneuse.
Mais au-delà de ces multiples hommages, que reste-il du métrage en lui-même ?
Si le réalisateur parvient aisément à instaurer un climat propice à générer les frissons recherchés, il peinera largement à atteindre son but et seules les quelques séquences oniriques hélas trop rapides s'avéreront être réellement prenantes, laissant pour le reste la place à des rebondissements plutôt prévisibles ( même si l'auteur parvient de temps en temps à étonner ) et ayant du mal à s'imbriquer vraiment entre eux, donnant ainsi un ensemble souffrant d'une complexité opaque qui ne sera une fois encore hélas pas éclairée par un final, certes plutôt graphique, mais pas du tout transcendant et plus que décevant dans sa facilité. De plus, le potentiel disponible ne sera que partiellement exploité ( la forêt ) et de nombreuses ellipses viendront entacher l'ensemble ( les feuilles, le rôle réel des différentes adolescentes ).
Par contre, Lucky McKee fait preuve d'une virtuosité certaine dans sa mise en scène ( notamment pour la mise en image de la forêt ) et dans ses effets de caméra efficaces et parfaitement maîtrisés, aidant le film à garder un bon rythme. Mais le métrage doit aussi sa lisibilité en grande partie à une interprétation remarquable, surtout la jeune Agnes Bruckner qui, à l'image d'Angela Bettis dans "May", semble véritablement habitée par son rôle, mais les autres intervenants restent tout aussi crédibles, Patricia Clarkson est notamment royale en directrice mystérieuse, tandis que Bruce Campbell nous livre un second rôle réussi.
Les effets spéciaux sont globalement probants, et si l'utilisation du numérique dans certains plans mettant en scène les branches reste visible, les rapides effets sanglants du métrage sont honorables.
Donc, ce "The woods", qui avait tout pour être un classique du genre en devenir, se loupe partiellement pour ne nous offrir au final qu'un honnête petit film pas déplaisant mais qui ne laissera pas un souvenir impérissable !
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