Mick Garris, l'initiateur de l'anthologie des "Masters of horror", a choisi, pour son propre épisode, d'adapter une de ses nouvelles, pour un résultat qui, s'il demeure prenant, n'atteindra pas des sommets dans le genre.
Le script nous présente un jeune homme, divorcé, qui se met à avoir des "hallucinations", tantôt visuelles, tantôt auditives ou encore olfactives, dont il découvrira qu'elles se rapportent toutes à une jeune femme à laquelle il semble mystérieusement lié, au point de pouvoir par moments ressentir ce qu'elle vit au plus profond de sa chair.
Dès la première séquence du film, le réalisateur a la mauvaise idée, en plaçant son personnage principal face à la caméra pour ce qui semble bien être un interrogatoire, de nous révéler l'issue finale de son histoire, atomisant ainsi une bonne partie de l'éventuel suspense à venir. Et c'est donc en de très longs flashbacks que les mésaventures de ce jeune créateur d'arômes alimentaires nous est contée, Mick Garris insistant à bien nous dépeindre la solitude et la douleur due au divorce afin d'essayer de rendre son héros attachant, ce qu'il parviendra en partie à faire, en s'immisçant parfaitement dans son quotidien morne et seulement coloré par la présence d'un collègue de travail haut en couleur ( un rockeur punk de quarante-cinq ans ! ).
C'est en respectant les codes du genre que le réalisateur fera monter par étapes la pression occasionnée par les "hallucinations", en commençant timidement pour aller crescendo dans des visions plus angoissantes ( le réveil au briquet ) et explicites, mettant en avant par la même occasion l'aspect érotique du métrage, jusqu'à sombrer dans l'horreur pure avec la séquence du meurtre, hélas peu généreuse. Si cette première partie du métrage demeure prenante et porteuse d'un suspense parfois assez tendu, la seconde, lançant logiquement le personnage principal à la recherche de la jeune femme avec laquelle il partage des sensations, sera beaucoup plus terne, sans saveur ( malgré un final assez méchant, ponctué d'une violence presque sanglante ), le spectateur sachant quasiment à quoi s'attendre. En plus, l'issue du film ne répondra pas à toutes les questions soulevées et laissera des zones d'ombre ( l'origine de la connexion entre les deux individus, la réciprocité des visions ) sans même offrir au spectateur de quoi réfléchir, puisqu'aucune piste n'est réellement abordée.
En habitué des productions télévisuelles ( notamment avec ses adaptations de Stephen King ), Mick Garris arrive pleinement à tirer profit du format de l'anthologie pour nous livrer un épisode assez carré, allant globalement à l'essentiel après avoir introduit son action, mais en même temps, le réalisateur ne s'est pas "lâché" en laissant l'érotisme beaucoup plus suggéré que montré ( la scène de la douche ), malgré une perversion sous-jacente, et surtout en n'allant pas bien loin dans le gore, tout en n'abordant que trop brièvement l'aspect psychologique de la relation épidermique de ses personnages.
L'interprétation est convaincante, avec un Henry Thomas bien ancré dans son rôle, et la mise en scène de Mick Garris laisse également trop souvent apparaître son habitude télévisuelle, en restant terne et sans effets. Les quelques effets spéciaux sont réussis, tout en étant trop sages ( l'éventration ).
Donc, tout en étant l'organisateur de l'anthologie, Mick Garris ne nous livre qu'un épisode bien trop policé et frileux, mais qui reste quand même agréable à suivre et parfois angoissant !
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