Comme le laissait entrevoir la fin ouverte du premier épisode de la franchise, et bien entendu suite à son succès, tant critique que commercial, on était légitimement en droit d'attendre une suite aux méfaits de "Jigsaw", le "tueur au puzzle". C'est chose faite avec ce "Saw 2" qui, tout en conservant de nombreux liens avec son prédécesseur, part explorer d'autres aspects du sujet.
Le script met en scène un inspecteur de police enquêtant sur les forfaits du "Jigsaw", qui se retrouvera face au tueur et sera directement impliqué dans le sort réservé à huit personnes, dont son fils, enfermés dans une maison dans laquelle se disperse un gaz mortel, laissant aux prisonniers deux heures pour essayer de trouver l'antidote à ce poison, tandis que bien évidemment des pièges parsèment la demeure.
Et le métrage d'attaquer très fort, dès sa séquence d'introduction mettant en avant un nouveau piège toujours aussi diabolique et cruel, pour mettre tout de suite le spectateur dans le bain ( de sang ) lors d'une scène terriblement efficace préfigurant du meilleur. Mais hélas, la suite ne tiendra pas complément toutes ses promesses.
En effet, si le découpage du film en deux intrigues conjointes et concomitantes permet d'empêcher les longueurs et surtout de pouvoir rebondir de l'une à l'autre pour éviter le moindre temps mort, le script en lui-même restera plutôt terne. Si les fameux pièges fonctionnent toujours à merveille et sont le plus souvent extrêmement graphiques ( la terrible fosse à seringues ), pour le plus grand plaisir du spectateur qui découvre ici un film largement plus gore que le premier opus, on pourra regretter l'analyse sommaire de la psychologie du "tueur", à peine effleurée et desservie par un manque de charisme de son interprète et surtout sous-traitée pour laisser sa place à l'action, et une multiplication de twists lors du final qui, s'ils demeurent insaisissables, ne brilleront pas toujours par leur intelligence. Enfin, on pourra noter quelques facilités scénaristiques pas forcément évidentes ( les croix ).
Mais il ne faut pas pour autant faire la "fine bouche", le métrage propose quand même quelques morceaux de bravoure bien attractifs ( l'introduction bien entendu, mais aussi la scène du four, par exemples ), tout en demeurant prenant de bout en bout en étant porteur d'un suspense continu et en dispensant une violence froide et brutale, notamment au travers du personnage de l'ex-taulard bien sadique et cruel dans son individualisme, sans oublier les effets sanglants, ici bien plus présents et généreux. Enfin, le film nous dévoile quelques éléments intéressants de l'univers du "Jigsaw" qui, même s'ils restent peu nombreux, génèrent une satisfaction évidente en faisant un lien direct avec le premier volet en répondant implicitement à certaines questions laissées en suspens ( le retour à la "salle de bains" ).
Et le côté sournois et pervers du "tueur" prend encore plus d'ampleur, aussi bien dans la mise en scène de la captivité de ses victimes que dans l'orientation générale de l'intrigue, réservant ainsi quelques surprises inattendues au spectateur, même si celles-ci seront plus imagées qu'ayant réellement la capacité de faire sursauter.
L'interprétation est convenable, mais sans grand relief, ce qui nuit souvent à l'envergure ainsi réduite du "piégeur", et la mise en scène du réalisateur, si elle reste très alerte et vivante, aurait pu éviter de se livrer à quelques effets clipesques nuisant à la lisibilité de certaines séquences. Les effets spéciaux sont largement probants, expansifs dans un gore souvent volontaire, mais restent également crédibles pour des maquillages plus discrets.
Donc, ce "Saw 2", s'il s'adonne bien à une surenchère très jouissive, pêche quelque peu à cause d'un script pas toujours à la hauteur de ses ambitions !
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