Échappé de l'écurie Corman, Dave Payne nous livre avec "Reeker" une oeuvre de pure série B, qui malgré tout cherche à se distinguer des archétypes du genre grâce à une intrigue beaucoup plus intelligente qu'elle en a l'air.
En effet, le script nous présente quelques jeunes en route pour une rave-party qui vont se retrouver bloqués, suite à une panne mécanique, sur l'aire d'un motel-restaurant étrangement désert. Et alors que la nuit tombe, de mystérieuses et sanglantes visions les assaillent, avant qu'ils ne soient un par un victimes d'un mal invisible et odorant.
Après une séquence d'introduction plus que jouissive et prometteuse, alignant déjà quelques effets gores appuyés, le métrage nous présente ses personnages quelque peu stéréotypés, mais qui grâce à la présence inhabituelle d'un jeune aveugle à l'humour noir, arrivent quand même à se sortir légèrement des clichés traditionnels du genre.
Et c'est lentement, insidieusement, que l'auteur commence à dispenser les premiers éléments intrigants, dès le retour sur l'aire de repos et son restaurant déserté, pour ensuite accélérer le mouvement dès que la nuit tombe, en avançant quelques apparitions spectrales et d'autres visions cauchemardesques et sanglantes ( le demi-camionneur ) agrémentées d'une puanteur ayant relativement du mal à traverser l'écran, le tout en laissant le spectateur dans l'incertitude quant au chemin pris par le métrage, puisqu'aucune piste n'est privilégiée par l'auteur, et ce ne sera que lors des premiers meurtres que l'élément fantastique viendra se mêler à l'ensemble pour mieux se jouer de certains codes du genre ( la nature de l'assassin ), avant le twist final qui, à défaut d'être franchement original, aura le mérite d'éclaircir largement la situation en répondant à toutes nos questions, et de remettre chacun des personnages à sa place, bluffant ainsi totalement le spectateur sur ce qu'il pensait être des certitudes.
Mais hélas, si globalement l'intrigue est prenante, grâce aux multiples interrogations soulevées au fil du métrage, un manque flagrant de rythme viendra plomber l'ensemble, donnant quand même l'impression que le film tourne un peu en rond, amenant des développements presque hasardeux ( la sous-intrigue du vieil homme cherchant son épouse ), même si celui-ci nous dispense quelques séquences propres à distiller un suspense certain ( le meurtre dans les toilettes ), ajoutant ainsi à l'ambiance mystérieuse entourant les événements ici décrits. Par contre, après son accroche prometteuse, le métrage se révélera finalement n'être que peu gore, en réservant quasiment ses effets pour une dernière bobine plus expansive, puisqu'en même temps, elle nous dévoile enfin l'apparence du tueur ( d'ailleurs très réussie et graphique ) et hausse un peu le rythme jusque là défaillant pour faire s'enchaîner les faits de manière beaucoup plus prompte et la révélation finale viendra s'imbriquer parfaitement pour nous démontrer l'existence d'une certaine intelligence dans ce script à priori confus et aura le mérite de lever toutes les zones d'ombre dans une volonté explicative évidente.
En plus, le métrage se permet un humour assez décapant, aussi bien dans des dialogues souriants que dans certaines situations plutôt saugrenues ( la chasse d'eau ).
L'interprétation est assez quelconque, mais c'est toujours avec plaisir que l'on retrouve Michael Ironside dans un second rôle hélas sans grande saveur, et la mise en scène du réalisateur est plutôt terne, n'utilisant que trop rarement ses effets pour laisser la place à une caméra fixe. Les effets spéciaux du film sont plus que probants, aussi bien dans les effets gores expansifs mais trop rares que dans le maquillage bien réussi du monstre.
Donc, ce "Reeker", malgré son aspect incertain et le sentiment de remplissage récurent laissée à son milieu, s'achève finalement sur une bonne impression, c'est déjà ça !
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