Pour son segment des "Masters of horror", Lucky McKee a choisi, après son troublant "May", de dresser un nouveau portrait d'une femme spéciale, sans oublier pour autant d'incorporer à son métrage les éléments horrifiques d'usage.
Le script nous présente en effet une jeune femme, entomologiste lesbienne, spécialisée dans l'étude des insectes qui, en plus de faire une nouvelle rencontre féminine, reçoit un mystérieux colis contenant un insecte non répertorié. Celui-ci bien entendu ne tardera pas à s'échapper pour s'en prendre à l'entourage proche de l'héroïne.
Clairement divisé en deux parties bien distinctes, le métrage débute sous l'aspect d'une comédie pour mettre en scène son personnage principal, en insistant bien sur sa personnalité maniérée et décalée ( et pas seulement en raison de ses préférences sexuelles ) et en jouant délicieusement sur la présence inopportune de ses insectes chéris. Mais, peu à peu, quelques éléments viennent perturber le ton bon enfant de l'ensemble pour laisser entrevoir la lente dégradation de la situation, notamment les troubles du comportement de la nouvelle amie de l'héroïne et son arrogance verbale ordurière, jusqu'à le scène de "pétage de plombs", véritable charnière du film qui conduira à une issue bien expansive et parfois gore, même si la "chute" obligatoire, si elle parviendra à faire sourire, laissera un arrière-goût d'inachevé par sa facilité et son humour presque ridicule.
Certainement en partie à cause de la présence à nouveau d'Angela Bettis dans le rôle-clé, on ne peut s'empêcher de penser au film-phare du réalisateur, "May", tant les similitudes entre les deux personnages sont flagrantes ( même si ici l'actrice surjoue beaucoup ) et faussent quelque peu la donne de l'ensemble, même si l'excentricité de l'héroïne est quand même souriante, son impression de "déjà-vu" persistante ( la maladresse du personnage dans ses rapports avec l'être désiré ) gâche légèrement l'implication du spectateur dans l'intrigue, d'autant plus que le ton léger et des séquences plutôt guillerettes ( la recherche de l'insecte dans l'appartement ) viennent très régulièrement parasiter le début de tension crée par l'introduction de l'élément horrifique ( la morsure de l'insecte ). Heureusement, les choses s'arrangent dans la dernière bobine du métrage et en plus d'une ironie et d'une violence verbale jouissive, la représentation graphique de l'abomination parviendra à enthousiasmer, même si on peut quand même avoir l'impression que cela arrive trop tard dans le récit, l'auteur ayant semblé s'intéresser plus à la description de la relation entre ses protagonistes ( cf la longue scène du premier rendez-vous entre les deux jeunes femmes ).
L'interprétation est adaptée, puisque même si Angela bettis en fait parfois trop, son cabotinage est largement compensé par le jeu beaucoup plus tempéré de la toute mignonne Erin Brown ( aussi connue sous le pseudonyme de Misty Mundae et sa participation à un grand nombre de nuddies à prédominance fantastique ). La mise en scène de Lucky McKee est assez sobre, même si l'utilisation de quelques effets judicieux ( en caméra subjective, notamment ) est délivrée avec parcimonie. Les effets spéciaux sont réussis, aussi bien ceux concernant l'animation de l'insecte que les maquillages du final.
Donc, malgré une bonne volonté évidente, Lucky McKee a quelque peu raté le coche pour sa participation aux "Masters of horror" en nous livrant un métrage trop superficiel et sans véritable ampleur !
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