Pour son segment des "Masters of horor", le réalisateur Don Coscarelli ( à qui l'on doit surtout la série des "Phantasm" et le récent "Bubba Ho-Tep" ) a choisi de nous offrir une variante sur le thème du "Survival", tout en bousculant quelque peu la donne traditionnelle du genre.
En effet, le script met en scène une jeune femme, seule au bord de sa voiture sur une route de montagne déserte, qui suite à un accident ( volontaire ? ), sera confrontée à un tueur colossal et patibulaire.
D'entrée, le réalisateur mise sur l'aspect isolé et "seule au monde" de son héroïne, qu'il prendra le temps de nous présenter au travers de flashbacks réguliers, avant de rapidement entrer dans l'action pour mettre en avant de belle manière son assassin, lors d'une séquence d'intronisation fort réussie, avant de faire semblant de se plier aux règles du "Survival" dans une course-poursuite effrénée très bien rendue, mais amenant déjà des éléments d'interrogation sur la personnalité du personnage principal, pas si fragile que cela. L'exploration de l'antre du tueur permettra à Don Coscarelli de nous offrir une séquence bien malsaine et presque glauque, en poussant les détails macabres assez loin ( le bébé ), avant de nous livrer une scène d'énucléation bien folle et délirante, sans être gore malgré les apparences. Bien entendu, plusieurs retournements de situations et une chute finale plutôt classique mais jouissive viendront conclure cet épisode assez démonstratif et énervé.
Et on sent bien que l'auteur a pris beaucoup de plaisir à s'amuser avec les codes du genre, pour mieux mettre en scène une héroïne digne des rescapées de "The descent", tout en multipliant les références diverses ( le meurtrier, au look terriblement graphique plus qu'efficace, rappelle aisément le "Creeper" de Victor Salva lors de sa première scène, le repaire a un côté morbide digne de celui de la famille du "Massacre à la tronçonneuse" de Tobe hooper, la séquence du meurtre dans le sous-sol évoque sans mal "La maison des mille morts", par exemples ), mais hélas, le format de la série oblige le réalisateur à négliger certains aspects de son histoire, laissant dans le vague le plus complet les origines du tueur et n'ayant pas le temps de s'attarder davantage sur la description de sa cabane dantesque pour se concentrer sur l'action pure, qui, heureusement, nous offre quelques morceaux de bravoure efficaces, mais une fois encore avortés, le suspense étant à peine installé par moments que l'intrigue rebondit aussitôt dans de nouveaux développements, tout en se permettant néanmoins quelques instants d'un sadisme bienvenu ( le sort reservé à la "compagne" d'infortune de l'héroïne dans les bois ) et en tirant largement parti des décors macabres ( la galerie des crucifiés ) dans une volonté macabre évidente.
L'interprétation se révèle être à la hauteur, Bree Turner excelle dans un rôle athlétique et le réalisateur offre même un petit rôle décapant à son acteur fétiche Angus Scrimm. La mise en scène de Don Coscarelli est bien rythmée et vive, pour donner au métrage un rythme constant. Les effets spéciaux sont probants, même si l'ensemble ne cède pas à la tentation du gore.
Donc, ce segment des "Masters of horror" se suit sans difficulté, parvient à étonner et s'avère être suffisamment démonstratif pour séduire !
|