Avec "SS camp 5", le réalisateur italien Sergio Garrone, un spécialiste du cinéma-bis, nous livre un digne représentant de la nazisploitation, dont il reprend les principaux ingrédients ( et on pourra au passage saluer "BL Films", l'éditeur, qui pour son entrée dans le monde du DVD, a le culot d'exhumer un tel titre, jusqu'ici uniquement disponible en VHS, dans la très recherchée collection "Choc" ).
Le script nous entraîne, pendant la Seconde Guerre Mondiale, dans le quotidien de la section féminine d'un camp de concentration allemand, partagé entre luxure, expériences pseudo-scientifiques et tortures, jusqu'à sa libération par l'armée russe.
Mais au-delà de cette volonté clairement affichée, typique d'un certain cinéma italien des années soixante-dix, de s'attaquer à un sujet hautement sulfureux, tout en prenant un malin plaisir à chercher à flatter les bas instincts de certains, que reste-il au final ?
De part son budget, que l'on imagine restreint, le métrage limite son action à un petit périmètre de ce camp de concentration pour nous offrir un mélange de genres où l'érotisme, bien souvent complètement gratuit, prévaut.
En effet, le réalisateur ne manque pas une occasion pour dévoiler la plastique de ses actrices ( pas vraiment des beautés fatales, soit-dit en passant ), aussi bien lors de séquences de douches ( où les différentes protagonistes semblent bien guillerettes à la vue de leur condition ) que lors de scènes de débauche plus que timides mettant en scène des soldats allemands et les filles de joie du camp ( avec une très kitsch "danse de la banane" ). Mais heureusement, entre deux rebondissements lorgnant plutôt du côté du "film de guerre" pur ( la tentative d'évasion ), le métrage affiche également un sadisme certain et une cruauté évidente lors de la représentation des expériences scientifiques nécessitant la brûlure de prisonnières, mais surtout lors d'un scène de torture assez gratinée ( même si tout porte à croire que l'on est ici en présence d'une version "cut" du film ), rappelant aisément l'inquisition, avec ses instruments de torture rudimentaires.
Par contre, le métrage devient parfois beaucoup plus glauque, lorsqu'il s'approche de plus près de la solution finale, dès son générique, ou lors d'une estimation terrible de la rentabilité des prisonniers ( incluant des images d'archives ), mais encore pour l'exécution de quelques évadées vite reprises.
Alors bien sûr, le réalisateur tentera bien de faire passer un message sur l'absurdité des abominations commises par les nazis lors du final ou dans les propos du scientifique juif, mais on ne pourra pas s'empêcher de croire que cela ne vient que chercher presque naïvement à contrebalancer le voyeurisme affiché de l'ensemble, dans une éventuelle ( et bien vaine ) tentative de justification de l'érotisme et des atrocités si complaisamment étalées à l'écran.
L'interprétation est assez approximative, avec des actrices pas vraiment démonstratives et des tortionnaires bien stéréotypés, et la mise en scène du réalisateur est gravement anémique, plombant le rythme du métrage par une mollesse de tous les instants. Malgré les apparences, les effets spéciaux se font rares, mais présentent un réalisme certain ( le douloureux arrachage des croûtes ).
Donc, ce "SS camp 5", derrière l'aspect provocateur et brûlant de son sujet, s'avère être finalement presque "gentillet", même s'il faut quand même le réserver à un public averti !
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