Renouant avec la rigueur implacable de sa période autrichienne, Haneke tient le pari de cultiver l'angoisse à partir de cassettes vidéo représentant la façade d'une maison parisienne. Qui filme ces bandes anonymes et pourquoi? Sans même s'introduire à l'intérieur de l'habitation (comme dans Lost highway), ces enregistrements mettent sous pression ses occupants: Daniel Auteuil, son épouse Juliette Binoche et leur jeune fils dont l'énigmatique dernière séquence peut laisser penser qu'il en sait plus que ses parents. Avec cette réflexion sur le pouvoir des images, Haneke signe le film jumeau de son brillant Funny Games, la controverse en moins. "Caché" privilégie le harcèlement mental qu'il préfère aux tortures physiques pour alimenter le suspense nourri de la culpabilité du personnage. Habilement le cinéaste a rebondi sur une tragédie nationale (les ratonnades parisisennes lors des manifestations pro-FLN de 1961) pour ancrer l'intrigue dans le contexte français. L'interprétation, comme souvent chez Haneke, est remarquable jusque dans les seconds rôles. L'intrigue est suffisamment ouverte pour laisser au spectateur le soin de s'y investir. A nous d'assembler les pièces du puzzle.
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