Après avoir vu un "Bienvenue à Gattaca" un peu molasson, je m'attendais à voir un "Equilibrium" du même accabit. Je ne sais pas vraiment pourquoi d'ailleurs, mais dans mon esprit les deux films étaient similaires... Grosse erreur...
Certes on retrouve une esthétique futuriste froide et sans émotion, comme dans "Bienvenue à Gattaca", et "Equilibrium" s'en tire d'ailleurs pas mal dans le concept. Il le pousse un cran plus loin en allant jusqu'à perdre ses couleurs. Seul le noir et le blanc reignent dans Lybria, la ville du futur. Quelques bulles de couleurs et d'oxygène subsistent lors des perquisitions chez les "hérétiques", mais elles sont assez vite réduites en cendres.
J'ai beaucoup aimé cette maniaquerie dans "Equilibrium". Il fait parti de ces films où rien n'est vraiment laissé au hasard. Le manque de vie et d'émotion se reflète dans chaque détail du film, chaque décor, costume (au passage somptueux pour les Clercs), et même dans le style de combat inventé pour l'occasion. Cet art martial futuriste se pratique avec des pistolets, et donne aux combats du film une classe pas possible! Cela rapelle fortement "Matrix", je suis d'accord, mais qu'est ce que c'est beaux! Si le film avait eu un poil plus de moyens et avait mis en scène ces gunfights avec quelques effets, "Matrix" aurait pu aller se rhabiller... Seulement cela n'aurait pas cadré avec le concept vide d'émotions du film: dans "Equilibrium" tout comme dans "Bienvenue à Gattaca", la réalisation participe activement à la plongée dans ce monde futuriste et glacial.
Cette visite de Lybria n'aurait pas été aussi bonne si le guide n'avait pas été à la hauteur. Je ne compte pas parmi les fans de Christian Bale... Mais je dois avouer qu'il est plus que convaincant dans "Equilibrium", et je ne pense pas que le rôle soit facile à interpreter! Son visage acéré comme une lame de katana parvient à refléter la détermination d'un tueur impitoyable, et lorsqu'il doute, on le voit soudain s'adoucir... Chapeau.
Grâce à "Equilibrium", j'ai enfin compris ce qui me génait dans "Bienvenue à Gattaca": à aucun moment le héros ne tente de combattre ce système qui me répugne, il veut juste l'exploiter le temps de réaliser son rêve. Dans "Equilibrium", le "Prêtre", pur produit de cette société vide et creuse, va lui se dresser pour la détruire, ce qui nous offre à quelques secondes de la fin une grande bouffée d'oxygène qui nous change de l'asphixie du film... Dans cet optique, "Bienvenue à Gattaca" est peut être plus pessimiste car loin de nous offrir un quelquonque réconfort, le film nous montre la triste destinée d'un des héros et l'autre qui quitte la Terre, où finalement rien n'est résolu et rien ne va changer...
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