Ce "Ebola syndrome" mérite amplement son appartenance à la fameuse "Catégorie 3" du cinéma hongkongais, regroupant les oeuvres déviantes et trashes, tant ce film accumule les excès en tous genres.
Le script suit les traces d'un homme, meurtrier et bien dérangé, au travers de ses pérégrinations en Afrique du Sud, où il sera infecté par le virus Ebola et à Hong-Kong où il contaminera son entourage.
Dès sa première séquence, le métrage donne le ton avec un joyeux massacre extrêmement graphique et brutal, avant de nous plonger dans l'univers obscur, malsain et terriblement perverti de ce tueur exilé en Afrique du Sud où il officie comme commis dans un restaurant, tout en exprimant sa grande frustration sexuelle de manière bien barrée ( le morceau de viande crue ) et en nous laissant parfois percevoir sa folie sous-jacente ( la façon dont il toise les clients, par exemple ). Mais en même temps, le réalisateur en profite pour livrer une critique acerbe et osée des relations entre les différentes communautés cohabitant dans le pays, avant de nous mettre face aux désastres causés par le virus Ebola parmi la population indigène, pour une séquence fortement symbolique, pour finalement revenir aux dérives psychotiques variées du personnage principal, rendu encore plus dangereux par sa contamination. Et le film d'aligner les temps forts sans jamais fléchir, allant toujours plus loin dans le sordide (le triple meurtre dans le restaurant ) et l'ironie macabre ( les brioches africaines ), tout en donnant une image vraiment peu reluisante de la cuisine locale.
Enfin, la dernière partie du métrage sera consacrée au retour au pays de notre assassin, toujours aussi pervers et démesuré, et suivra la propagation du virus parmi la population, transmis de façon involontaire ( ? ) par notre homme, tout en mesurant l'incapacité des autorités locales à faire face à la menace potentielle.
Mais le métrage s'accommode très bien de ce pitch quand même improbable ( sentiment renforcé par la sous-intrigue mettant en scène la fille des premières victimes ) pour nous délivrer une succession de tableaux plus déviants les uns que les autres, où toutes les bassesses sont permises, n'hésitant jamais à verser dans une violence froide et brutale ( sans oublier en plus une violence verbale provocatrice de tous les instants ), mais aussi régulièrement dans un érotisme poussé et pervers, sans pour autant négliger un gore qui sera ici généreux ( l'autopsie ) sans non plus tomber dans l'absurde. Le film s'empresse également de transgresser un bon nombre de tabous ( l'avilissement de la femme, par exemple ) dans une volonté évidente de choquer et de provoquer le spectateur, tout en faisant preuve d'un humour bien évidement noir et sarcastique véritablement détonnant.
L'interprétation est convaincante, littéralement portée par Anthony Wong qui excelle dans son rôle de psychopathe déjanté et au delà de la réalité, mais la mise en scène du réalisateur reste plutôt terne, en étant peut-être pas assez vivace dans son suivi de l'action.
Les effets spéciaux sont réalistes, donnant dans un gore brut et parfois bien glauque, mais toujours généreux en détails sanglants.
Donc, ce "Ebola syndrome" pousse très loin le bouchon dans sa recherche de l'excès à tout prix, pour se révéler comme une oeuvre fondamentalement jouissive et provocante, dans laquelle on a envie de se replonger à l'infini !
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