Pour son premier film, Rob Zombie, chanteur du groupe de métal indus "White zombie", nous livre un véritable festival de folies, de violence mais où l'humour noir et la démesure conserve une grande place.
Le script est pourtant simple, nous présentant un couple de jeunes gens qui, après avoir eu connaissance d'une légende locale, un meurtrier appelé le "Docteur Satan", décident de chercher à en savoir plus et vont se retrouver aux prises avec une famille de dégénérés profonds.
Dès la première séquence, le réalisateur donne le ton de l'hystérie de son métrage, en nous présentant le Captain Spaulding, la véritable "gueule" du film, gouailleur, irrévérencieux, sarcastique, mettant ainsi tout de suite le spectateur dans le bain, pour mieux enchaîner sur la mise en place des personnages principaux, deux couples de jeunes adultes assez idiots. Le petit tour dans le musée présentant les plus connus des criminels, dont Ed Gein auquel le film fera référence par la suite, est tout simplement une petite merveille graphique. Ensuite, le film mettra ses protagonistes en face de cette famille de fous furieux complètement déjantés, pour une succession de séquences plus folles les uns que les autres, que l'on pourra aisément prendre comme autant de tableaux tour à tour comiques ( le show d'Halloween ), gores ( l'exécution du binoclard ), cruels ( la chasse au lapin ) ou presque effrayant ( l'enterrement ), l'auteur parvenant à les intégrer de manière presque fluide dans la narration globale du film. L'ensemble faisant constamment référence au cinéma d'horreur des années soixante-dix, "Massacre à la tronçonneuse" en tête, auquel on ne peut s'empêcher de penser régulièrement, aussi bien dans les décors sordides que pour certaines déviances des meurtriers, tout en ayant conservé l'aspect malsain du métrage de Tobe Hooper et en lui injectant une bonne dose de folie furieuse, gravement représentée par les différents membres de cette famille, tous aussi dérangés les uns que les autres.
Mais Rob Zombie sait également jouer avec ses spectateurs, cherchant constamment à les déstabiliser, en jouant aussi bien sur l'attente qu'en allant faire l'inverse de ce qu'on était en droit de prévoir, mais il arrive aussi à rendre son métrage prenant et à lui inculquer une force brutale et sauvage démonstrative ( la fuite en voiture ) donnant à certaines scènes une intensité rare.
Visuellement, le film est une petite merveille, la photographie terne, poisseuse, renforce encore l'aspect glauque de l'ensemble, et l'auteur ajoute encore au délire visuel en utilisant un bon nombre d'artifices ( les flashbacks, les ralentis mais aussi les jeux avec les couleurs pour certaines séquences ), tout en se servant d'angles de prises de vues parfois hallucinantes et d'un découpage en plans très courts qui cautionnent parfaitement le rythme effréné de l'ensemble.
Alors bien sûr, on pourra toujours reprocher au film d'être quelque peu brouillon, de sous-exploiter ses situations, de ne pas chercher trop loin dans la cohérence, mais ce serait mettre de côté le but avéré du réalisateur, nous embarquer dans un infernal train fantôme extrêmement jouissif et généreux.
L'interprétation est convaincante, la palme revenant incontestablement à Sid Haig excellent en Captain Spaulding, mais la prestation de la toute mignonne Sheri Moon est également remarquable. Les effets spéciaux sont de bonne tenue, même si finalement le film n'est pas aussi gore que l'on pouvait s'imaginer, beaucoup de choses étant suggérées.
donc, cette "Maison des 1000 morts" est un excellent délire, bien barré et qui laisse présager le meilleur pour la suite de la carrière de son réalisateur !
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