Co-réalisé par les deux trublions du cinéma bis italien des années quatre-vingt, Bruno Mattei et Claudio Fragasso, "L'autre enfer" est un des plus vaillants fleurons de la "Nunsploitation".
Le script, malaxant les genres, prend obligatoirement place dans un couvent où des événements des plus étranges se produisent, nécessitant le recours à un prêtre spécialisé dans ce genre d'interventions, celui-ci allant au devant d'une découverte stupéfiante et outrageuse.
Dans sa première partie, le métrage emprunte ici ou là ses différents éléments apparemment surnaturels, démoniaques, aussi bien aux films de "maison hantée" ( les bruits, les ampoules qui claquent ) qu'à "L'exorciste" pour la courte possession dont sera victime l'une des soeurs, tout en mâtinant l'ensemble de repères religieux logiques mais volontairement mis en avant ( les stigmates du Christ apparaissant sur un corps ) et en jouant sur les interdits propres à l'exercice de la Foi des nonnes ( la terrible séquence d'introduction, ou la présence du jardinier ahuri, par exemples ), alors que la seconde partie du film viendra éclairer l'intrigue sous un jour nouveau, presque déconcertant par rapport aux événement antérieurs, mais en tout cas grand-guignolesque à souhait ( trop, peut-être, avec ces zombies ! ), surtout dans un final bien blasphématoire quand on y repense, mais hélas quelque peu mal assorti au reste du métrage.
Par contre, le métrage se montre bien généreux en séquence horrifiques le plus souvent percutantes et d'un aspect morbide appuyé, même si les effets spéciaux n'en demeurent pas moins basiques, mais là aussi, on a quand même l'impression que les deux réalisateurs en rajoutent un peu dans une surenchère versant dans le malsain pas entièrement justifiée par l'intrigue.
Alors bien sûr, l'univers mystérieux et cloîtré du couvent aiguise toutes les imaginations, ce dont les auteurs vont bien sûr se servir dans une symbolique forte lors de scènes qui pourront choquer ou en tout cas sembler déplacées dans ce milieu ( toujours l'introduction ou la fouille des chambres par un prêtre déchaîné ), tout en alignant des indices au visuel fort ( les mannequins pendus ).
Mais si le métrage parvient instantanément à captiver, à intriguer et à entraîner le spectateur, il ne faut pas s'attendre ici au moindre frisson, les situations s'avérant régulièrement prévisibles ( la tentative d'étranglement ) ou trop rapidement expédiées pour laisser le temps à une véritable tension de s'installer.
L'interprétation, composée d'habitués du bis rital, est correcte, même si les acteurs en font peut-être un peu trop dans les grimaces, et la mise en scène est relativement approximative, sans grands effets et manque d'entrain pour rythmer amplement l'ensemble.
Donc, "L'autre enfer", tout en faisant partie de ce sous-genre à part du cinéma fantastique, puisent ses éléments dans des régistres plus traditionnels, ce qui ne l'empêche pas d'être suffisamment morbide et parfois malsain pour convaincre !
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