La beauté plastique des images extrêmement colorées est plutôt bien rendue dans ce film esthétiquement abouti : des décors de la ville sous la neige aux intérieurs farfelus de la chocolaterie, en passant par les tenues hautes en couleurs des personnages (Willy Wonka, bien sûr, mais aussi les Oompa-Loompas), tout contribue à rendre une impression de féérie visuelle. A travers ces parti-pris, l’aspect « histoire pour enfants » est bien souligné. Peut-être trop. Peut-être au détriment d’un approfondissement des relations entre certains des protagonistes : si Charlie demeure le dernier des « invités », la réalisation ne s’est pas appliquée à le montrer comme étant particulièrement méritant. Sur ce point-là, le livre de Roald Dahl était plus didactique. Les décisions de l’auteur transparaissent tout de même tout au long du métrage, qui se révèle finalement très transparent : les enfants sont présentés de manière volontairement caricaturale, ce qui sied fort bien à Burton.
J’étais déjà au cinéma conquis par l’interprétation : Depp, dans le rôle de cet être décalé, involontairement comique et parfois inquiétant, est redoutablement fascinant, à tel point qu’on est frustré à chaque gros plan sur une mimique avortée, comme s’il se retenait d’aller plus loin dans la démesure.
Les morceaux chantés sont agréables, même si le premier est un peu trop long. Ils s’inscrivent bien dans les ambiances colorées des différentes salles traversées et la musique de Danny Elfman colle aux séquences chorégraphiées. Très belle partition d’ailleurs.
Au final, un film tout miel et tout sucre, un poil acidulé mais tout de même bien sage, conforme au roman et capable de satisfaire la plupart des familles. Il est étonnant de constater que, si les deux filles sont d’emblée les plus insupportables, c’est bien contre le spécialiste des jeux vidéos que Willy se déchaîne le plus (verbalement). La fin semble un peu expédiée, au détriment de profondes envolées lyriques et sentimentales : ça nage dans un bonheur tiède et douillet et manque sérieusement de passion – même si ça n’est jamais niais et à la limite de la mièvrerie. On est loin des courants porteurs de Big Fish, nettement plus chargé en émotions.
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