Le film de David Cronenberg est un remake du classique de Kurt Neumann, La Mouche Noire, datant de 1958. Dans l'original, un mouche et un homme échangent leur tête.
Dans ce film, l'homme et la mouche ont fusionné génétiquement. Le savant, incarné par un très bon Jeff Goldblum, ne se transforme pas en une mouche géante mais plutôt en une créature qui n'a jusqu'alors jamais existé.
Seth Brundle se transforme progressivement sans pour autant pouvoir faire quelque chose. Il souffre d'un mal incurable. La connotation dramatique est dès lors perceptible. De ce point de vue, il n'est pas absurde de penser que la maladie dont souffre Seth Brundle s'apparente dans notre réalité au virus du sida.
Mais le problème n'est pas que physique pour le savant. S'il est inconstestable que l'allure de Seth Brundle dégoutte de plus en plus le spectateur (certaines scènes sont assez impressionnantes, comme celle où Jeff Goldblum perd ses dents, ses ongles et ses oreilles), il y a plus grave.
En effet, Seth a de plus en plus de mal à se faire comprendre de la journaliste, Veronica, dont il était tombé amoureux peu de temps avant sa téléportation. Geena Davis, incarne cette femme qui a aimé Seth et qui tente tout ce qu'elle peut pour l'aider. Mais elle ne peut rien. La partie « insecte » qui est en Seth prend progressivement le dessus sur la partie humaine. Seth s'en rend compte, il sait qu'il ne va bientôt plus pouvoir contrôler ses émotions. C'est justement dans une scène très touchante qu'il déclare à la journaliste : « J'ai peur. Aide-moi. Je t'en prie. »
Mais personne ne peut l'aider. Progressivement, le savant ne peut plus communiquer avec autrui : ni avec son ordinateur (qui ne reconnaît plus sa voix) ni avec les humains dont il faisait partie avant sa téléportation. Seth est malgré lui mis au ban de la société. De ce point de vue, sa situation fait penser au personnage Gregor Samsa dans le sublimissime roman de Kafka, La métamorphose.
Sauf que... Seth ne se laisse pas faire. Ayant appris que Veronica était enceinte de lui, il l'empêche de se faire avorter et tente de la ramener à lui.
La mouche de Cronenberg est donc un film très intéressant et ce à plus d'un titre. Le film n'est pas seulement un film d'horreur, c'est également un thriller. On peut aussi y déceler un film sur l'amour.
Ce film, qui a été l'un des plus gros succès en salles de Cronenberg (notamment grâce à des effets spéciaux qui n'ont pas pris une ride), donne l'occasion au spectateur de s'interroger sur plusieurs questions contemporaines : les rapports entre la science et l'homme, les rapports entre la maladie et l'homme, les problèmes qu'ont les gens à communiquer.
En somme, La mouche est un film d'une grande richesse et d'une grande variété sur le plan des idées. Son succès est donc très largement mérité.
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