Manhattan est un film introspectif dont Woody Allen est coutumiers (c’est son huitième film) mais qui ne signifie pas pour autant que le film risque d’ennuyer profondément. C’est même l’inverse qui se passe. Au départ, si la mélancolie est plus que manifeste pour l’acteur-réalisateur ce n’est que pour mieux magnifier sa ville de New York et les aléas d’une vie au sens large du terme. Woody Allen n’a de cesse dans ce film de s’interroger sur son existence et sur les possibilités d’aimer quelqu’un. Tout en conservant un grand sens de l’humour.
Les relations amoureuses de Isaac Davis n’ont rien de simple. Il entretient d’abord une relation avec Tracy, une jeune fille de 17 ans. Puis il sort avec Mary Wilke (une journaliste snob), la maîtresse de Yale Pollack, son meilleur ami.
Dès le début du film, l’un des protagonistes fait référence au Lolita de Nabokov pour évoquer la relation a priori malsaine qui semblerait lier Isaac et Tracy.
Pourtant, tel n’est pas le cas et on est même à cent lieues de Lolita.
Tracy n’a pas 12 ans comme la Lolita (Dolorès Haze de son vrai nom) de Nabokov. Elle a dix sept ans, et atteint même la majorité d’un point de vue juridique à la fin du film.
Pour sa part, Isaac Davis ne subit pas la relation qu’il entretient avec Tracy. Il n’est pas prisonnier de ses pulsions comme le professeur Humbert Humbert. Bien au contraire. On serait tenté de dire qu’Isaac sort avec Tracy à défaut de trouver la personne avec qui il pourra se sentir bien. Car, s’il déclare tout le temps à Tracy qu’elle est trop jeune et qu’il faut qu’elle sorte avec des gens de son âge, c’est bien parce qu’il cherche à nouer une relation avec quelqu’un qui est plutôt de sa génération.
Isaac pense alors que Mary Wilke, journaliste de profession et maîtresse de son meilleur ami, Yale Pollack est la femme qu’il lui faut et avec qui il pourrait passer la fin de ses jours. Mais Mary ne sort avec Isaac à défaut de trouver quelqu’un de mieux – un peu comme Isaac avec Tracy. C’est la raison pour laquelle Mary ne tarde pas à revenir avec Yale qu’elle n’aura quitté que peu de temps.
Le retour de Isaac vers Tracy peut dès lors sembler (une nouvelle fois) comme particulièrement cruel pour la jeune fille. Mais la jeune fille a grandi, elle est devenue une femme de par sa majorité. Et surtout ses projets ne sont plus centrés autour d’Isaac. Elle est en partance pour l’Angleterre.
Le mot de la fin lui revient et résume assez bien ce qu’est l’Amour entre deux êtres : un sentiment fort qui est censé durer et que la distance ne peut altérer.
En somme, voilà une très bonne comédie douce-amère réalisée par un Woody Allen très à l’aise dans son travail devant et derrière la caméra.
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