Après un premier opus tout à fait convaincant (Dogville), Lars Von Trier poursuit son étude personnelle des Etats-Unis.
Dans Manderlay, la thématique centrale est l'esclavage des noirs et l'abolition de cet esclavage.
Evidemment, ce thème, très intéressant au demeurant, a surtout pour but d'étayer une myrielle d'autres questions tout aussi fondamentales telles que la démocratie, la volonté de faire le bien-être des gens sans avoir leur assentiment, le totalitarisme, et surtout... la difficulté de vivre en groupe.
Les acteurs de ce film sont tous excellents, tant et si bien que le spectacle qui nous est offert est remarquable, à partir du moment où on accepte de jouer le jeu et de "rentrer" dans cette histoire où les décors sont quasiment inexistants.
De mon point de vue, Lars Von Trier, s'est semble-t-il beaucoup intéressé à la démocratie de l'antiquité grecque dans son métrage (notions de vote, de groupe, d'ostracisme...), et a voulu faire de Manderlay un anti-Dogville.
L'héroine principale, qui joue le rôle de Grace (qui avait été donnée à Nicole Kidman dans Dogville), n'est pas prise en otage (en tout cas au début) par la population, comme c'était le cas dans Dogville.
C'est l'inverse. C'est elle qui demande aux gens de changer... jusqu'à ce qu'elle se rende compte que ça n'est pas possible (pourtant, qu'y a-t-il de plus simple que de vouloir rendre les gens libres ?) et qu'elle a été une fois de plus victime de ses opinions, pourtant louables de prime abord (Grace parfaite en nouvelle Candide de Voltaire ?).
En somme, un film intéressant, même s'il peut paraître difficile d'accès, et qui comporte plusieurs degrés de lecture.
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