Réalisé par un Roger Corman en pleine période de ses associations les plus folles, "La femme guêpe" nous propose un nouveau monstre original. En effet, le script nous présente un savant quelque peu dérangé qui pense avoir trouvé un sérum rajeunissant, à base d'enzymes de guêpes et qui propose ses services à une entreprise spécialisée dans les produits de beauté, dont la propriétaire, ne supportant pas de vieillir, servira de cobaye et subira les conséquences désastreuses de l'injection du sérum. Jouant énormément sur l'attente de l'apparition de la fameuse femme-guêpe, le métrage prend tout son temps pour nous présenter ses personnages principaux et mettre en place l'intrigue, tout en brossant un portrait assez comique, presque cynique ( les deux secrétaires ) du monde de l'entreprise dans les années soixante et des relations professionnelles des différents responsables de cette firme déclinante, inquiets de la confiance donnée par leur patronne à ce scientifique farfelu. Et Roger Corman de s'attarder sur des sous-intrigues ( la recherche de l'origine du savant, puis l'accident de celui-ci ) pas franchement passionnantes, avant de nous montrer enfin sa créature, au maquillage simple rappelant quand même le style de celui de "La mouche noire" sorti deux ans auparavant, après avoir bien sûr laissé présager l'orientation prise par le métrage, qui gagnera brusquement en intensité et préparera même le terrain pour un petit suspense, le spectateur ne sachant jamais quand la transformation s'opérera, même si les attaques sont hélas vite expédiées et peu démonstratives, jusqu'au final sans grande surprise. Tout en s'intéressant largement à ses divers protagonistes, le réalisateur met en avant de façon remarquable le rajeunissement de son actrice principale, qui parvient sans mal à passer d'une beauté bien fatiguée à une jeunesse resplendissante et transcendante, au point de faire passer au second plan les autres intervenants, même si le professeur aura droit à un traitement de faveur, avec une personnalité empreinte d'une ironie réjouissante. L'interprétation est convenable, dominée bien entendu par Susan Cabott, une habituée des productions Corman, et la mise en scène du réalisateur est fluide, vivante, mais n'utilisant que peu d'effets. Donc, "La femme guêpe" s'avère être un petit divertissement pas du tout désagréable, mais comportant hélas quelques longueurs légèrement embarrassantes.
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