Grand film épique ou étonnante romance, cette oeuvre de Jackson ne peut laisser indifférent, tant par le soin apporté à la réalisation que dans celui visible sur les décors reconstitués ou dans l'interprétation généralement convaincante des protagonistes.
J'ai acheté et vu ce film pratiquement en connaissance de cause. Et j'ai été un peu déçu. Il y a dans ce métrage des fulgurances ahurissantes mais il donne souvent l'impression que Peter Jackson, en reprenant la trame narrative de l'original, en a profité pour y caler quelques fantasmes visuels. Il s'est donc laissé aller à des délires assez jouissifs en eux-mêmes, mais qui ont tendance à rallonger la sauce : à mon sens, de la course éperdue des dinosaures dans le défilé à la lutte de Kong contre les T-rex, ça a tendance à tirer en longueur. Du coup, les invraisemblances et heureuses coïncidences qui truffent le scénario deviennent plus évidentes, comme l'étonnante facilité avec laquelle Driscoll retrouve Ann dans l'antre de la Bête, ou les multiples interventions opportunes du capitaine Englehorn. Il aurait fallu être profondément captivé pour passer à côté de ce genre de détails.
En revanche, toute la partie finale à New-York est une merveille d'équilibre entre le drame qui se noue et approche de son apogée et l'intensité des relations unissant la Bête à la Belle. Aucune fausse note, aucune faute de goût : tout passe dans le regard. A ce sujet, Naomi Watts semble avoir eu quelques consignes pour interpréter de façon très classique, avec des mimiques un peu exagérées mais très justes (elle a une façon très convaincante d'écarquiller les yeux) ; à ses côtés, Brody au jeu sobre et élégant détonne un peu, avec un personnage un brin sacrifié. Jack Black en fait un peu trop dans le registre prévu. A leurs côtés, les seconds rôles sont excellents.
Sans être une réussite totale, un grand et beau film, souvent fascinant, parfois émouvant.
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