Cette seconde vision d'un film qui m'avait plu au cinéma m'a finalement laissé de bons souvenirs : l'histoire, bien que toujours un peu confuse au début en raison de noms de familles qu'on n'a pas encore mémorisés, ne perd aucune force et le rythme très agréable permet de se concentrer sur les personnages, brossés avec savoir-faire par un Jeunet attentif et précis.
Certains spectateurs étaient gênés de retrouver les mêmes "gueules" que dans Amélie... Franchement, ça ne m'a pas dérangé, sauf pour Audrey Tautou : non pas qu'elle interprète mal le rôle d'une femme plus complexe et dure qu'elle en a l'air, mais bien du fait qu'elle a du mal à se défaire de cette image du précédent film. On s'aperçoit avec le recul que les personnages sont finalement tous des seconds rôles, placés à l'écran avec quelques lignes de texte, des expressions marquantes, des gestes reconnaissables, dans ce qui n'est peut-être qu'une succession de saynètes habilement mises bout à bout.
C'est peut-être le cas, mais ça n'ôte rien de l'intérêt qu'on porte à la progression des enquêtes et ne parvient pas à voiler le sourire qu'on affiche devant quelques paroles hautes en couleurs. Cela dit, on a plus de mal à s'attacher au sort de chacun, comme si la guerre et ses conséquences empêchaient qu'on y prête vraiment plus d'attention qu'il n'y faudrait.
A partir d'une histoire complexe et intense, on obtient une espèce de chronique douce-amère, sensible et belle, pas si éloignée que cela des images d'Epinal... L'émotion transparaît, sagement, sans envolée lyrique, à l'image d'une musique sage mais limpide de Badalamenti. On s'ébaubit devant la reconstitution des Halles de Paris, on est soufflé par certaines séquences assez brèves sur les tranchées et on est un peu ému par l'acharnement de Mathilde.
Un beau spectacle, un peu trop léché, un peu trop maîtrisé.
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