Expliquer la fascination que j’éprouve envers ce film est difficile. Il s’agit d’un film de SF visiblement pas abouti, à l’intrigue nébuleuse mêlant politique et science expérimentale, où les révolutionnaires sont guidés en sous-main par des dirigeants véreux et opportunistes, fondé sur une bande dessinée ambitieuse et nettement plus complexe.
Le design reste génial (la moto de Kaneda aux deux roues motrices possède un pouvoir de fascination intact) et on se surprend à retrouver de nombreuses références à la SF des années 70, tendance nihiliste. Tout est corrompu et ceux qui s’en rendent compte n’ont d’autre choix que de chercher à tout nettoyer par le vide. Au milieu de tout ça, quelques individus se battent pour des idéaux impossibles, ou juste pour sauver un ami.
Le final apocalyptique trahit les défauts de l’histoire (qui ne reprend en fait que le début du manga, soit environ 1 tome et demi) et souligne sa confusion mais est empreint d’une poésie surprenante, presque mélancolique : il n’en rend le film que plus saisissant encore, plongeant dans la psyché des protagonistes alors que s’annonce une nouvelle ère. Les dernières lignes de dialogue sont d’une puissance évocatrice phénoménale.
En condensant un scénario trop riche pour tenir sur 2 heures, Otomo a signé une œuvre majeure, un peu bancale, mais terriblement séduisante, tant par la beauté des graphismes que par la force du message. La bande sonore, fondée essentiellement sur des percussions, est exemplaire.
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