No man's land est si bien écrit, dirigé, interprété, dominé, qu'on ne croirait pas que le bosniaque Danis Tanovic débute en fait dans le long métrage. Lors d'une action nocturne dans les tranchées ennemies, un petit groupe de soldats bosniaques reste coincé par les troupes serbes dans une tranchée à ciel ouvert. L'un d'eux, gravement blessé, est étendu sur une mine qui explosera au moindre geste. Pour déplacer le corps de l'infortuné, un véhicule blindé français de l'ONU tente une médiation, et arrive aussi une journaliste (interprétée par Karin Cartlidge décédée depuis) entourée de nombreux reporters rivaux, tous affamés de scoops à balancer en pâture aux téléspectateurs.Tanovic mélange le situations de "Folamour", "Les hommes contre" et d'"A l'ouest rien de nouveau" en un grotesque pamphlet contre la guerre où dans le huis clos les mentalités des soldats, opposés mais identiques dans la stupidité, s'affrontent en dialogues et situations tragiquement ironiques. On a , sans surprise, une conclusion féroce, sans espoir: tous contre tous, que le pire l'emporte et que la vérité ne passe jamais à la télé.
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