Avec "La morte vivante", notre compatriote Jean Rollin délaisse ( presque ) ses chers vampires pour nous présenter une zombie très "fraîche", tout en restant dans la tradition de son petit monde. En effet, le script nous conte l'histoire de cette châtelaine décédée, ramenée à la vie par des émanations toxiques, qui trouvera de l'aide en la personne de son amie d'enfance pour s'abreuver en sang humain, nécessaire à sa survie, avant de rejeter cette non-vie sanguinolente. fidèle à ses habitudes, le réalisateur nous replace avec ce métrage dans son univers, fait de chateau bourgeois, d'érotisme aussi osé que gratuit, tout en laissant planer une atmosphère éthérée, presque onirique, autour de son personnage principal, mais en profitant de l'occasion pour nous livrer une réflection sur la mort et repousse les limites de l'amitié enfantine dans ses derniers retranchements, avec le personnage d'Hélène, bien plus psychotique que la morte elle-même, qui ira jusqu'à enlever et tuer pour l'amour jusqu'au-boutiste qu'elle porte à son amie, en utilisant des symboles forts ( la boîte à musique ), mais en ne cédant étrangement pas ici aux séquences saphiques, habituelles dans son oeuvre, préférant ici la suggestion d'un amour pur et platonique. Mais Jean Rollin n'oublie pas pour autant l'aspect horrifique de son film, et, malgré la prédominance des relations tourmentées entre ses deux protagonistes principaux, nous accorde quelques séquences bien gores, expansives, notamment lors du final, bluffant et douloureux, tout en restant désespéré, triste et nihiliste. Par contre, on pourra regretter que le métrage ait tendance à se disperser parfois dans des scènes inutiles ( la fête du village ) et une sous-intrigue n'apportant tout au plus qu'un peu de consistance ( le couple d'américains ) à l'intrigue. L'interprétation est cohérente mais presque trop neutre et la mise en scène du réalisateur est toujours aussi spéciale, envoûtante. Les effets spéciaux, réalisés pour sa première expérience professionnel par un des experts français en la matière, Benoît Lestang, sont quand même rudimentaires, mais parviennent à être parfois efficaces. Donc, "La morte vivante" tient aisément le haut du panier dans la filmographie de ce réalisateur vraiment à part !
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