Ce DVD
fait parti de la collection "Série Mara Bava". Il en est le 2ème volume.
Le Film :
7/10
Le résumé
: Lors d'une visite touristique de la ville de Tolède, une touriste américaine
(Elke Sommer) remarque une peinture murale censée représenter le Diable. Peu de
temps après, s'étant perdue dans la ville elle rencontre un couple et leur
chauffeur en panne de voiture. Arrive alors un majordome (Telly Savalas)
ressemblant curieusement au Diable peint sur la fresque. Il leur propose des
les héberger dans la demeure d'une comtesse pour qui il travaille et qui vit
seule avec son fils. La nuit sera longue, macabre, à la frontière du visible et
de l'invisible, du monde des vivants et du royaume des morts…
L'avis : Second volume de la collection Mario Bava éditée par One plus One
et le magazine Mad Movies, Lisa et le Diable est véritablement un film à part
dans la carrière du réalisateur italien et ce pour plusieurs raisons.
D'une part, "l'histoire" du film (comment il fut réalisé et son exploitation
commerciale) est assez étonnante : une fois Lisa et le Diable réalisé, il fut
interdit d'exploitation ou censuré dans plusieurs pays européens dont la
France, l'Italie et l'Angleterre. Devant cet échec, le producteur Alfred Leone
demande à Mario Bava de rajouter quelques scènes d'exorcisme. En effet, devant
le succès international de l'Exorciste de Friedkin sorti quelques mois
auparavant, l'opportuniste producteur italien jugea bon de surfer sur la vague
"exorciste" du moment. Mario Bava accepta et se mit à plagier certaines scènes
du film américain (on retrouve les vomissures de couleur verte, la présence
d'un prêtre…). Néanmoins, il refusa que son nom soit lié à ce film qui
désormais était baptisé La Maison de l'Exorcisme.
La Maison de l'Exorcisme remporta un réel succès commercial et devant ce
succès, Bava demanda à ce que son nom soit remis au générique. Alfred Leone
refusa et se brouilla définitivement avec le réalisateur.
Autant dire tout de suite que le film édité par One plus One est véritablement
l'œuvre originale de Bava, avec son propre montage et sans aucune scène
rajoutée. Bref, la perle rare que peu de gens ont pu voir.
La seconde raison pour laquelle ce film est à part est liée intimement au
scénario de Bava : alors que l'intrigue de ses précédents films était simple et
compréhensible, Lisa et le Diable se présente comme une sorte de rêve onirique
assez baroque (Bava adore les châteaux et ce film ne fait pas exception à la
règle) où une jeune femme évolue entre les vivants et les morts ayant du mal à
distinguer la réalité de la fiction.
Le film peut à ce titre en dérouter certains. Toutefois, on se prend vite au
jeu tandis que la caméra de Bava alterne les meurtres sanglants et les moments
très poétiques. De plus Bava utilise différents types de musique dans son film
: du très classique alterné avec de la musique typiquement 70's (notamment dans
les scènes où un personnage court pour échapper à son assassin) sans oublier un
peu de musique que l'on pourrait qualifier "d'ascenseur". Tout cet imbroglio
tant musical que visuel participe à la déroute du spectateur.
Certains ont pu voir dans Lisa et le Diable un hommage à la putréfaction des
corps et au morbide (bon nombre de plans représentent des cadavres morts depuis
longtemps). D'autres le perçoivent comme un gâchis de pellicule sans queue ni
tête. C'est certainement la force de ce film : il ne peut laisser indifférent.
Mi-fantastique, mi-intimiste, il faut certainement avant tout le voir comme un
très bon "giallo" de l'époque.
Bava exploite à fond le style qu'il a créé plusieurs années auparavant : même
si l'on retrouve le cocktail classique du giallo (meurtres sanglants,
fantastique et soupçon d'érotisme), le réalisateur y ajoute une touche
véritablement personnelle (l'hommage à son père qui était chef opérateur dans
le cinéma italien est bien réel). De même, il distille une peu de fantastique
tout au long de son film, donnant ainsi du ressort à son histoire qui connaîtra
son apothéose dans les trois dernières minutes (d'ailleurs censurées en
France).
Du côté des acteurs, on notera la présence d'Elke Sommer (qui avait fait Baron
Vampire avec Bava la même année) et celle, assez curieuse de Telly Savalas
(alias Théo Kojak). Les deux sont assez bons et Bava exploite à merveille la
"gueule" de Savalas en majordome diabolique déjà abonné aux sucettes acidulées
et ce bien avant Kojak (curieux non ?).
Un film certes spécial, mais à voir absolument ne serait-ce que parce que c'est
un inédit en France (il ne faut vraiment pas le confondre avec la Maison de
l'Exorcisme, sorte de patchwork de Lisa et le Diable et de scènes plagiées de
l'Exorciste) et qu'il est certainement le film le plus personnel du grand
réalisateur italien.
Signalons enfin qu'à la suite de la brouille avec le producteur Alfredo Leone,
Mario Bava ne tournera plus véritablement de films, signant une œuvre inachevée
(Les chiens enragés) et un téléfilm italien d'ici sa mort en 1980. On peut donc
considérer Lisa et le Diable comme sa dernière incursion dans le genre du "giallo"
dont il était le créateur.
L'Image :
0.5/3
Détails techniques :
Ratio : 1.85 - Format Vidéo : 16/9
Avis : Compte tenu de la quasi
inexploitation en salle de ce film et donc de son faible succès commercial,
il était évident que la copie proposée par One plus One soit de qualité très
moyenne, pour ne pas dire médiocre.
La copie proposée sur ce DVD laisse apparaître de très nombreuses faiblesses
: les arrières plans sont très souvent flous tandis que la quasi-totalité
des scènes sombres (plus de la moitié du film) sont très pixellisées, les
noirs changeant de couleur virant parfois du jaune au bleu. Une scène
extérieure du château au début du film est à ce titre particulièrement
abîmée puisqu'on distingue à peine les acteurs et le décor. Pour les scènes
éclairées, ce n'est guère mieux, l'image présentant un grain énorme sur
pratiquement tous les plans ainsi que des couleurs certes contrastées mais
ayant une légère propension à baver. On peut véritablement regretter que le
master n'ait pas du tout été retravaillé.
Le Son :
0.5/3
Détails
techniques : Dolby Digital 2.0 (dual mono) en français et en anglais - Sous-Titres :
Français
Avis : Le son (dual mono) proposé par
cette édition n'est guère mieux que l'image. En anglais, les dialogues sont
très souvent étouffés et l'on remarque constamment des décalages de
synchronisation, ce qui rend le visionnage du film assez pénible dans cette
langue. Pour la VF, même si les dialogues sont plus aigus et plus clairs, la
bande son présente un souffle en arrière plan sonore très désagréable.
L'Interactivité
: 2/3
L'ergonomie
des menus : Les menus de cette collection sont tous identiques reprenant toujours la
même identité visuelle (tons rouges et verts). Simples et sobres, ils ne
présentent pas de difficulté particulière d'utilisation. La passage du sommaire
aux rubriques est légèrement animé (on entend un hurlement et un éclair fait
trembler l'image). Les chapitres sont présentés sous forme de vignettes animées
sur un fonds sonore. Cependant le découpage est curieux alternant des chapitres
parfois de 5 à 6 minutes tandis que d'autres sont supérieurs à 15 minutes.
Les bonus :
Les bonus présentés dans cette édition permettent notamment de
mieux appréhender l'histoire commerciale du film :
Le
cauchemar de Lisa et le Diable Texte défilant reprenant toute l'histoire du film depuis sa pré-production
jusqu'à sa transformation en Maison de l'Exorcisme.
Galerie d'affiches
Un choix d'affiches françaises et/ou étrangères tant pour Lisa et le Diable
que la Maison de l'Exorcisme, les deux films étant intimement liés.
Revivez la Maison de l'Exorcisme Cette rubrique présente les photos de production de ce film. On trouve
également des "planches contact" de Lisa et le Diable, aucune photo
n'ayant été réalisée pour son exploitation commerciale
Filmographie :
On retrouve les filmographies des principaux acteurs (Elke Sommer, Telly
Savalas, Gabriele Tinti, Sylvia Koscina) et de Mario Bava. Celles-ci sont
présentées sous forme d'une texte défilant
Court-métrage
Un court-métrage de 3 minutes intitulé Domino Cass Crad réalisé par
David Morlet.
La
série Mario Bava
2 extraits des 3 films de la collection éditée par One plus One
Collection Ciné-talents
5 bandes annonce de films extraits de cette collection
Malgré la
mauvaise qualité de l'image et du son, il est évident que le film édité par One
plus One et Mad Movies est un collector en lui-même, le film original n'ayant
quasiment jamais été exploité en salles. C'est donc l'unique occasion de
connaître l'une des toutes dernières œuvre de Mario Bava. Néanmoins, il est à
réserver aux fans exclusivement
Les Visuels
: 0.5/1
La pochette
/ Le packaging
Un boîtier Amaray contient
l'affiche française du film avec des couleurs et un visuel assez psychédélique
et très 70's. On notera au verso les informations "ironiques" de l'éditeur en
rouge indiquant que le film présenté n'est pas la version du film remontée et
transformée en Maison de l'Exorcisme.
La sérigraphie
Sérigraphie dans le même
esprit que les autres titres de la collection : le fond est rouge tandis
l'héroïne est dessinée en contours, son "remplissage" se faisant par la
couleur métal originale du DVD. Les informations légales sont disposées à
l'horizontale dans la moitié basse du DVD ne gênant pas trop en cela le reste
de la sérigraphie.