DVD A LA LOUPE

Résumé : Deux magistrats de la Cour Suprême sont assassinés sans que ni la CIA ni le FBI n'en trouvent la raison. Lancée sur l'enquête par son professeur de droit et ami, Darby Shaw réunit sur ce qu'elle baptise "l'affaire Pélican" un dossier explosif. Tandis que le journaliste Gray Grantham enquête en parallèle, la Maison Blanche semble fort embarrassée par le dossier…

Avis : Thriller sur fond d'intrigue politique, "L'affaire Pélican" est, après "La Firme", la deuxième adaptation à l'écran d'un roman de John Grisham, le réalisateur Alan J. Pakula remplaçant Sydney Pollack pour la circonstance. Grisham aime les intrigues compliquées, avec du suspense et de nombreux rebondissements, mais rigoureuses sur le plan de la logique et de la crédibilité. Et si le film gagne a être revu pour en saisir toutes les subtilités, il se tient remarquablement, avec en plus un équilibre bien dosé entre la partie enquête, les scènes d'action, et les coups de théâtre.

A partir du moment où Darby Shaw, une étudiante en droit de l'Université de Tulane, a réussi à constituer un dossier démontrant le mobile des crimes de deux magistrats à travers une audacieuse hypothèse, le scénario se transforme en une course contre la mort pour la jeune femme qui se retrouve traquée par des tueurs. Elle ne pourra sauver sa vie que si elle réussit à rendre publique l'affaire, et pour cela elle va chercher à rencontrer le journaliste du Washington Post Gray Grantham, qui lui aussi mène l'enquête sur le double assassinat. Alors que les meurtres se multiplient autour d'elle, elle est sauvée à plusieurs reprises par des intervenants mystérieux... Le casting est dominé par Julia Roberts (Darby), absolument parfaite dans un de ses meilleurs rôles (avec "Erin Brokovich" et "Closer"). Mais alors que d'habitude on la voit dans des rôles extravertis ("Pretty Woman" en est le meilleur exemple), ici la jeune femme cherche au contraire à se fondre totalement dans l'anonymat de la foule pour échapper à ses poursuivants. Elle donne la réplique à un Denzel Washington (Grantham) toujours aussi juste et sobre, le duo constituant un couple qui fonctionne à la perfection, en dehors de toute intrigue amoureuse mais avec un profond respect mutuel. Pakula maîtrise quant à lui parfaitement le tempo du film, avec une lenteur calculée qui permet de dérouler les évènements sans temps mort ni précipitation. Le spectateur reste alors accroché au film sans être distrait par des effets tapageurs. Les décors et costumes sont très travaillés. De plus l'image, léchée esthétiquement, avec un fort contraste entre des scènes colorées et des scènes grises et ternes quand Darby cherche à se rendre invisible, et l'excellente partition musicale de James Horner, ajoutent encore au plaisir du visionnage.

Parmi les originalités du script, la plus notable est que le méchant du film, qui tire les ficelles, n'apparaîtra jamais dans le film qu'à travers une photo, Darby et Grantham ayant toujours affaire à ses sbires. On notera aussi l'implication trouble de la présidence des Etats-Unis, expliquant le comportement ambigu du FBI et de la CIA, et rappelant un autre film de Pakula "Les Hommes du Président". Ces dessous politiques occupent une partie significative du film, soulignant quelques seconds rôles marquants, Robert Culp (le Président), Tony Goldwyn (son conseiller Fletcher Coal), et John Lithgow (Smith Keen, le rédacteur en chef du Washington Post). On citera également l'excellent Sam Shepherd (Thomas Callahan, professeur de droit et amant de Darby), qui disparaît malheureusement assez vite, victime du tueur lancé aux trousses de la jeune femme.

Malgré ses grandes qualités, ce film demande, pour être apprécié, à ce que le spectateur rentre dans l'intrigue, car il est facile de s'y perdre avec les nombreux personnages secondaires. Les amateurs de spectaculaire ne se contenteront probablement pas non plus des quelques scènes d'action, le suspense étant pourtant bien réel et quasi permanent. Mais pour ceux qui ont envie de se triturer un peu les neurones, ce devrait être l'occasion de passer deux heures vraiment agréables, en compagnie de Roberts et Washington, même s'il faut malheureusement se lever pour retourner le disque au milieu du film.

 
L'affaire pélican