DVD A LA LOUPE

Résumé :  Quatre ans après "Microcosmos", le producteur et réalisateur Jacques Perrin a parcouru la planète entière pour suivre le vol d'une trentaine d'espèces d'oiseaux migrateurs : grues, oies, cygnes, cigognes, canards... et découvrir leurs escales saisonnières. Avec ce conte réel, il a également voulu montrer la précarité de leur vie et leur inaltérable beauté.

Avis : Bien que présenté comme un film documentaire sur les oiseaux migrateurs, "Le peuple migrateur" couvre plus largement l'ensemble du monde des oiseaux, et cela sous toutes les latitudes, et quelque soit la saison. On assiste ainsi à un spectacle haut en couleur, varié, et les moyens exceptionnels mis en place pour filmer les volatiles donnent des images peu ordinaires, d'une grande beauté, un véritable hymne à la nature, avec sa dure loi où le faible n'a que bien peu de chances de survivre face aux menaces que constituent ses prédateurs, mais aussi les éléments naturels.

Tourner un tel film exigea trois ans de périples à travers le monde, avec des moyens sophistiqués et une préparation minutieuse pour habituer des oiseaux à voler en formation avec les deltaplanes de l'équipe. Le tournage constitua en lui-même une aventure que le film laisse souvent soupçonner, mais que l'on ne peut vraiment découvrir que dans le making of fourni en bonus. On touche là d'ailleurs le seul reproche que l'on peut faire à ce très beau documentaire, à savoir une attitude passive du spectateur qui ne peut que difficilement s'identifier à ceux qui ont participé à cette formidable aventure. On ne peut pas non plus dire que le film est ennuyeux, car il est truffé de petites séquences où l'on a envie de voir comment les choses vont se passer pour ces animaux confrontés à l'épreuve de la survie permanente. Il donne aussi l'occasion de voir des phénomènes naturels saisissants, comme les tempêtes de neige en haute montagne, les avalanches, les orages et les glaces qui se détachent de la banquise et ce d'autant plus que la bande sonore rehausse encore un spectacle visuel déjà impressionnant.

Naturellement, ce sont les oiseaux les vedettes incontestables de ce film sans acteurs, les rares humains aperçus n'ayant pas forcément le beau rôle, quand les coups de feu des chasseurs claquent comme des sentences de mort au petit matin ou quand on assiste à la pollution générée par les usines. On suit les oies, canards, bernaches et autres cigognes dans leurs voyages épuisants, mais on découvre aussi les mouettes et les albatros au dessus des mers, les perroquets et les aras dans la jungle, les aigles et les vautours dans les canyons arides, les condors dans les Andes et même les oiseaux familiers de nos campagnes. En volant tout près d'eux, on survole les montagnes, les mers, les forêts et les déserts, mais aussi les lieux façonnés par l'homme, depuis le Mont St Michel jusqu'à la grande muraille de Chine, en passant par Paris et New York, qui avait encore ses tours jumelles. Le spectacle est somptueux et permanent, soutenu par les commentaires sobres et peu envahissants de Jacques Perrin, et par la merveilleuse musique de Bruno Coulais.

Les limites du film sont celles d'un documentaire, sans scénario, sans suspense, et que certains trouveront répétitif et ennuyeux au bout d'un moment. Mais il décrit avec un rare talent, et beaucoup d'amour, la vie d'animaux avec qui nous partageons notre planète, et sans être une seule seconde moralisateur, il nous conduit à nous interroger, à travers eux, sur le sens de certaines actions que nous menons sans trop penser à leurs conséquences.

 
Le peuple migrateur / 2 DVD