DVD A LA LOUPE

Résumé : Le gouvernement thaïlandais déclare la guerre à tous les narcotrafiquants. Cette nouvelle politique amène la brigade des stupéfiants à resserrer l'étau autour du plus célèbre des barons de la drogue du sud-est asiatique, le général Yang. Officier de police intègre, Deaw fait partie de la section d'élite Arintharath dirigée par le commandant Puntakarn Ritdamrong. Mais à la suite d'une rafle qui tourne mal, ce dernier est abattu par un homme de main du général Yang. Celui-ci prend la fuite avant d'être finalement arrêté par Deaw. Pourtant, profondément marqué par la mort de son patron, Deaw décide de quitter la police. Il se laisse alors convaincre par sa soeur, championne de Taekwondo, de l'accompagner dans un petit village au nord du pays. Découvrant la beauté de la campagne thaïlandaise, Deaw retrouve peu à peu sa joie de vivre. Mais le répit est de courte durée...

Avis : Le succès du spectaculaire « Ong Bak » a fait des émules et a ouvert l’occident à une nouvelle forme de cinéma asiatique, celui originaire de Thaïlande, ouvertement ultra violent et avec des cascades certes loin d’être réalistes mais entièrement réalisées par les acteurs sans le moindre recours au câble ou à la quelconque image de synthèse. A l’origine de ce renouveau, Prachya Pinkaew, metteur en scène de ce même « Ong Bak » après 4 ans de préparation avec son acteur principal, Tony Jaa. Prenez comme hypothèse que cet homme soit devenu le Luc Besson thaïlandais et qu’il se mette à produire de pâles copies de son chef d’œuvre en y insérant un scénario ridicule, des acteurs au rabais mais en misant le tout sur des cascades des plus spectaculaires qui font qu’à elles seules, elles ne méritent peut être pas l’achat du film mais au moins un coup d’œil attentif…et bien vous obtenez ce « Born to fight ».

Ce métrage est en fait réalisé par le chorégraphe de « Ong Bak » et les rôles principaux tenus par l’équipe de cascadeurs de ce même film. Et cela se fait je trouve au détriment de la qualité première du film. N’est pas Yuen Woo Ping ou Jackie Chan qui veut. Si, respectivement, l’un a su parfaitement négocier le virage du passage de la direction martiale à la direction d’acteur avec « Le chinois se déchaîne », l’autre passant instantanément grâce à ce film de second rôle effacé et de cascadeur brillant à celui d’immense star du grand écran, il n’en va pas de même ici. Il y a plusieurs points qui posent problème et qui font que ce film manque cruellement de savoir faire au point que ces faiblesses apparaissent comme criantes sur la pellicule.
Le souci premier de ce film est d’avoir privilégié la beauté du geste et des actions au détriment de la qualité des chorégraphies, ceci étant exacerbé par des artistes capables de faire de belles figures (très risquées) (gymnastes, footballeurs, rugbymen) mais dont les capacités martiales réelles sont bien en retrait en regard des canons imposés par son illustre prédécesseur, et aussi, au sein de cette histoire par l’acteur principal qui n’est pas loin d’égaler le formidable Tony Jaa et ce sur bien des plans. On a donc droit à des séquences des plus acrobatiques, filmées au ralenti cela va sans dire mais dont le montage, foncièrement mauvais, ne suit pas la linéarité de l’action. Comme exemple, il y a au début du film de beaux débuts de chute d’un camion, malheureusement coupés en plein milieu pour n’arriver qu’à la fin, les mauvais raccords étant évidents. Les effets de style finissent de rendre l’ensemble outrancier, chose qui n’était pas dans « Ong Bak » où le réalisateur se contentait(certes très bien) d’un balayage plus ou moins long de la caméra afin de couvrir au mieux les exploits acrobatiques du héros. Le décalage des prouesses entre l’acteur principal et le reste de la bande crée un sentiment indéniable de produit non fini nuisant au spectateur le visionnage du film ais qui dans le même temps, nous rappelle qu’il n’est pas donné à n’importe qui d’accomplir de pareils exploits.

Vient ensuite le scénario. Si on apprécie que ce cinéma ne fait une fois de plus aucune concession quant à la violence à l’écran (cf mes loupes de « Ong Bak » et de « Bang Rajan », on regrettera néanmoins un trop grand manichéisme au sein de ce déchaînement de haine et de fureur. Les méchants sont très méchants et tuent, arme de gros calibre au poing des dizaines de gentils petits villageois et les jeunes athlètes qui veulent assurer leur défense n’ont que leur capacités, parfois aberrantes dans de telles situations et surtout dans un film qui se veut aussi sérieux, pour se battre et éviter une attaque nucléaire…pire que dans « B13 »…. Première fois dans ce type de production thaïlandaise, du moins à ma connaissance, un patriotisme exacerbé qui sent bon le fascisme primaire et qui m’a gâché la fin du film alors que c’est à ce moment crucial que l’action commence à devenir intéressante. Je passerai rapidement sur la trame scénaristique, aussi mince que du papier à cigarette. Certains de mes collègues dvdpascheriens m’avait (gentiment) fait remarqué que j’avais surnoté « Ong Bak » vu le peu de scénario qu’il contenait. Et bien là, je peux vous garantir que c’est l’apothéose. Tous les clichés du genre sont là, les personnages ne sont aucunement fouillés, les motivations des chacune des parties quasiment absente, le concept est digne des pires productions de Steven Seagal….pas grand-chose à rattraper de ce côté-là.
Quant au jeu des acteurs…pas la peine de chercher bien loin. Tony Jaa n’apporter pas grand-chose sauf un charisme muet, laconique, là, l’acteur principal frise plus l’hystérie qu’autre chose…son jeu n’est pas foncièrement mauvais mais il n’a rien de bon non plus…a part une façon de crier (d’hurler devrais je dire) des plus exaspérantes. Le vent de fraîcheur vient plus des rôles secondaires, légèrement meilleurs et qui par leur plastique mais aussi pour certains du naturel, finissent malgré une épaisseur des plus faibles qui soient, à soutenir notre attention.

Vous finirez par me demander pourquoi avoir mis la moyenne à ce film après tout le mal que j’ai pu en dire. Il faut d’abord savoir que ma déception vient du fait qu’il ait été ‘vendu’ comme un équivalent de « Ong Bak » comme en témoigne les nombreuses accroches publicitaires sur la jaquette. Il faut quand même lui reconnaître une volonté de bien faire de la part du réalisateur et des acteurs qui assurent eux même leurs cascades et il s’agit surtout d’une excellente alternative au tout numérique. Ici, comme en témoigne le générique de fin, la prise de risque est énorme et même s’il elle n’est pas toujours correctement rendue à l’écran, elle est bien présente et a surtout le mérite d’exister. Ensuite, il y a des combats qui méritent vraiment le coup d’œil. Je parle de la presque totalité de ceux où est impliqué le flic. Sans toutefois égaler ceux de Tony Jaa, ils sont d’une très grande précision et comme pour le précédent, chaque coup porté est reçu. J’en veux comme témoin le combat (extraordinaire) avec les torches. Mais comme vous le savez, de bons combats ne font pas forcément un bon film. Reste que le cinéma thaïlandais est suffisamment rare en France pour être remarqué et qu’il intègre ici, parfois laborieusement selon qui joue de séquences de gunfights.

Réalisé par le chorégraphe de « Ong Bak » et son équipe de cascadeur, ce film se veut comme un équivalent dans le genre mais malgré quelques combats spectaculaires, il n’impressionnera jamais durablement les rétines, la faute à un scénario insuffisamment travaillé, un acteur principal au jeu limité malgré des capacités martiales émérites et une horde de seconds rôles se battant à l’aide de techniques certes visuellement superbes mais toutes plus ridicules les unes que les autres. Ce film s’inscrit dans la lignée des films décérébrés qui se laissent regarder sans déplaisir mais qui seront aussi vite oubliés qu’ils n’auront été visionnés.

 
Born to fight