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DVD A LA LOUPE


AUDITION

Lui écrire Hotkiller

Audition DVD sorti le 14/11/2002


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Editeur : StudioCanal
Distributeur :
Universal Pictures Video

Date de sortie en salle : 6 mars 2002
Durée du film : 1 h 50 min.

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Nombre de visites :
1843


   

Le Film : 8/10

Résumé : Un homme veuf depuis des années décide, sous l'impulsion de son fils de se remarier. Avec l'aide d'un ami il organise un casting pour une soi-disante série télévisée, afin de pouvoir mieux faire son choix sur la future femme de sa vie. Son choix s'avèrera pour le moins traumatisant...

Avis : Le cinéma japonais est un cinéma riche et un cinéma qui sait prendre des risques. La culture japonaise, les moeurs et l'Histoire japonaise sont bien souvent portés et magnifiés à l'écran. Il faut dire que les talents sont multiples dans ce pays, souvent dans des styles différents (Kurosawa, Oshima, Imamura, Ozu...) et le jeune réalisateur Takashi Miike ne fait pas exception à la règle de ses illustres prédecesseurs.
Avec le film Audition, on peut dire qu'il prend ouvertement des risques en proposant un spectacle assez décalé au risque de choquer son spectateur. Choquer,c'est peut-être là, le maître mot du film, mais si l'on y regarde de plus près, sa démarche, relève plus de l'envie d'insufler la peur que le dégoût : car le problème d'Audition c'est qu'il ne s'agit pas d'un film où la peur est matérialisée par un fantôme tout droit sorti d'une cassette vidéo maudite ; il ne s'agit pas d'un film où la peur est matérialisée par un énorme monstre aqua-terrestre; la peur que recherche Miike, est beaucoup plus personnelle et plus intense : c'est la peur toute simple que nous avons au fond de nous de la douleur : cette peur innée que nous avons de la souffrance physique et de la meurtrissure des chairs.

L'histoire assez simple voit l'évolution d'une relation entre un homme veuf et une jeune femme qu'il a connue sur le casting d'une série télévisée. La première partie du film est d'une banale platitude : on comprend les errements de cet homme qui cherche à enfin refaire sa vie, mais celà étant, le réalisateur règle quand même son compte à la considération de la femme par les hommes dans le Japon moderne. En effet, le casting de recrutement n'est qu'un prétexte à ce que le personnage principal puisse rencontrer des femmes (la série télé ne se fera jamais) en connaissant déjà leur goût, un peu de leur passé et de leur expérience. A aucun moment Miike ne suggère le doute à son personnage : en d'autres termes, celui-ci choisira celle qu'il veut pour compagne et le réalisateur induit fortement que la jeune femme choisie devra se plier à ce choix : il élude donc la communion des sentiments qui sert à une relation solide et suggère inconsciemment au spectateur que cette relation ne pourra être stable, tant elle est fondée sur un mensonge. A partir de cet instant, le seul intérêt du film sera alors de voir comment cette jeune fille va réagir à son statut "d'élue", comment sa perception de cette relation amoureuse sera profondément différente de celle du personnage principal. Le réalisateur, fort intelligemment, aiguise notre curiosité dès la scène où la jeune fille apparaît lors de son audition : les deux premiers plans nous la montrent de dos, comme si le vrai visage de la jeune femme n'était pas montrable, comme si la noirceur de son âme se reflétait dans ses yeux. Et là, première surprise, lorsque la caméra nous la montre enfin : elle n'a certes rien de joli en soi, mais il émane de ses expressions une grande douceur et une grande timidité, une fragilité et une tendresse à faire craquer un homme qui veut refaire sa vie.
Dès lors, le scénario va suivre une progression assez linéaire (chaque personnage apprend à mieux se connaître au fur et à mesure de leurs rendez-vous communs), mais Miike n'oublie pas qu'il veut nous faire peur. Et quoi de mieux pour celà que le doute. Ainsi insère-t-il dans son montage des plans qui posent des questions : la jeune femme qui attend prostrée dans son couloir un appel téléphonique; l'énorme sac contenant quelque chose de vivant placé devant elle; son sourire sadique lorsque le téléphone sonne; enfin, cette trace de brûlure en haut de sa cuisse. Ces différents plans sont fort bien installés dans le métrage car forcément ils nous suggèrent que quelque chose est en train de mal tourner, que forcément cette relation ne pourra s'épanouir dans le bonheur mutuel. La tension monte, les interrogations se multiplient. Qui est-elle ? Que veut-elle ?

C'est à ce moment précis que prennent place les 30 dernières minutes du film. 30 minutes qu'il serait assez difficile de commenter sans gâcher dans le cadre de cette critique le "plaisir" de ceux qui n'auraient pas vu le film. Si l'on dépasse le simple fait des images qui nous sont montrées (qui sont d'une cruauté difficilement surmontable) que peut-on en retenir? Que d'une part le réalisateur montre deux conceptions de l'Amour : l'un fait de partage des sentiments, de construction à deux et de regards dans la même direction; l'autre, mystique et entier, égoïste et implacable parce qu'en quête d'absolu. Il est un fait que dans une relation à deux il y en a un qui aime et un qui souffre et que bien souvent c'est la même personne. Le personnage masculin du film va en faire les frais : faire les frais de cette imposture de départ qu'était l'audition, faire les frais de cet amour irraisonné d'une femme parce qu'une nouvelle fois déçue. Et c'est en celà que le film de Miike est profondément féministe : exit la conception moyen-âgeuse de la geisha. Place à une femme qui domine les hommes, qui exige d'eux autant qu'elle est capable de donner et qui ne supporte plus la déception des sentiments et ce, sans la moindre note de romantisme. Car l'héroïne d'Audition est tout sauf romantique. Ses actions, ses tortures et la souffrance qu'elle va imposer ne relèvent pas d'un quelconque idéal amoureux. Elles relèvent de blessures plus profondes liées à l'enfance, une enfance mutilée, une enfance meurtrie qui lui renvoie l'image toujours plus sordide de la gent masculine. Il n'y a donc pas de rédemption pour cet homme livré aux douloureuses tortures de cette femme. Pas de position christique qui le ferait assimiler à celui qui doit payer pour tout ceux qu'elle a connus : il est un pantin, une poupée de chiffon qui se tord de douleur tandis que des aiguilles menées par des mains expertes lui transpercent l'abdomen et les paupières; il est simplement un homme qui a déçu une femme du Japon d'aujourd'hui.

Takashi Miike signe donc ici un film dérangeant, un film radical qui peut surprendre et mettre le spectateur profondément mal à l'aise (les statistiques dans les bonus nous indiquent qu'environ 17% des spectateurs partent avant la fin de la dernière scène !). Celà étant, son indéniable talent repose sur sa capacité à transmettre à travers les images une peur quasi primaire, une peur originelle, car connue de tous. Et l'on retrouve cette identification à la douleur des personnages dans presque tous ses films, d'Audition à Ichi the Killer en passant par Dead or Alive; mais qu'on ne s'y trompe pas, limiter tous ces métrages à une apologie des méthodes du "Divin Marquis" serait une grossière erreur de jugement : violents par essence même, ces films, si l'on y regarde d'un peu plus près, sont une sombre photographie de la société contemporaine qui nous entoure, une sombre photographie de nos perversions et de nos déviances. Pas étonnant d'être mal à l'aise, pas étonnant d'avoir mal, les films de Miike étant avant tout dramatiquement humains.


L'Image : 1.5/3

Détails techniques : Format : 16/9 - Ratio : 1.85:1

Avis : L'image du film est loin d'être parfaite. N'ayant pas vu le film en salles, je ne saurais comparer avec justesse. Celà étant on constate régulièrement des arrières plans flous, une compression insuffisamment maitrisée et un cruel manque de contraste. Celà reste bien entendu regardable, avec une colorimétrie uniforme mais c'est surprenant que Studiocanal nous propose une image aussi peu achevée.


Le Son : 2/3

Détails techniques : Dolby Digital 2.0 (dual mono) en japonais et en français - Sous-titres : français

Avis : Le scénario du film ne donne pas lieu à des débauches d'effets sonores. Partant de là il fallait espérer une bande son claire, précise et légèrement dynamique. C'est le cas notamment dans la scène finale, le bruit du mpétal contre la chair étant assez bien retranscrit. A noter, (et c'est malheureusement bien souvent le cas pour les films asiatiques) un doublage en français proche du degré zéro du savoir-faire artistique. C'est pitoyable. A ne voir qu'en VO, c'est pas un conseil, c'est un ordre...!


L'Interactivité : 1.5/3

L'ergonomie des menus :
Les menus sont simples et sans originalité véritable : ils sont rythmés par la musique assez speed du générique de fin. Transitions simplissimmes entre les menus et un chapitrage animé et sonorisé par les dialogues du film. Rien d'exceptionnel, la navigation se fait sans peine.


Les bonus :

  • Interview de Takashi Miike : le réalisateur est interviewé par Jean-Pierre Dionnet (actuel responsable de l'excellente collection Asian Star). Beaucoup de choses intéressantes tant au regard du film que de la filmographie générale du réalisateur.
  • Commentaire audio des dernières 30 minutes : le réalisateur nous livre un commentaire sous-titré de la fin du film. Impératif pour bien comprendre tout le film tant il est vrai que cette dernière demi-heure est déroutante. A voir et à écouter incontestablement.
  • Bandes annonces : BA du film et d'autres métrages Studio Canal.

  • Les Visuels : 1/1



    La pochette / Le packaging

    Studiocanal nous offre un slim digipack 3 volets de très belle facture avec cet aspect glacé. L'intérieur est constitué d'images du film avec des messages ambigus et mystérieux. Les couleurs sombres dominent mais se marient assez bien avec l'esprit du film.

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    La sérigraphie

    La sérigraphie est très belle dans sa finition. Les logos sont nombreux mais finalement très bien placés et ne gâchent en rien le rendu général. Les mentions légales sont également très discrètes. Rien à redire.

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    Note Finale : (14/20)

    Commentaires concernant cette critique

    - le 22/02/2006 à 08:44 par ninnin4 : Une très belle critique de plus our un film qu'il me tarde de voir depuis des années. Bravo encore une fois.

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