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DVD A LA LOUPE


LA CHUTE - EDITION COLLECTOR / 3 DVD

Lui écrire Hotkiller

La chute - Edition collector / 3 DVD DVD sorti le 21/09/2005


Cliquez pour voir la jaquette en haute-définition

Editeur : TF1 Vidéo
Distributeur :
TF1 Vidéo

Date de sortie en salle: 5 janvier 2005
Nombre d'entrées : 795 000 env.

Durée du film: 2 h 30 min.

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Nombre de visites :
3843


   

Le Film : 9/10

Résumé : 1945, à Berlin, les derniers jours du Reich Fuhrer allemand, Adolf Hitler, retranché dans son bunker sous-terrain.

Avis : Il est de ces personnages dont la transposition au cinéma paraît être un exercice difficile et sujet à caution. Il est de ces personnages qui suscitent tellement de réactions épidermiques exacerbées, que l'on pourrait légitimement se poser la question du pourquoi d'en faire un film. Certains réalisateurs se sont essayés à cet exercice difficile : Scorcese avec sa Dernière Tentation du Christ ou encore plus récemment, Mel Gibson avec sa Passion ont suscité chez leurs contemporains des réactions parfois violentes à leur égard. Mais cette violence trouvait essentiellement son origine dans le traitement que ces réalisateurs faisaient de situations qualifiées d'historiques; dans leur interprétation de faits qui sur le fond, ne pouvaient être vérifiés. Avec La Chute, il était permis de penser que là au moins, la proximité des faits, la survivance de certains témoins ne permettraient pas de les remettre en cause. Et effectivement, le réalisateur de ce film ne fut pas "accusé" de fausse vérité historique; mais de façon bien plus insidieuse et plus maligne, il lui fut reproché une certaine complaisance, un certain oeil tendre à l'égard du personnage historique contemporain le plus abominable qui soit : Adolf Hitler.

Avant de s'engager sur le débat houleux du pour ou du contre ce film, il faut reconnaître objectivement deux choses : la première est que dans une société telle que la nôtre, il est sain que certaines personnes s'attachent à bâtir des oeuvres controversées, qui suscitent le débat, parce qu'elles sont le reflet d'une démocratie qui fonctionne. Qui plus est dans le cas présent, que le réalisateur de ce film soit allemand, qu'il soit né après-guerre et que tel une sorte d'exorcisme par rapport à l'Histoire de son pays, il décide de mettre en scène celui qui fut et qui est encore aujourd'hui la honte de sa Nation, on ne pourra que se féliciter de cette forme de courage artistique. Et très certainement au delà de ce courage, on ne pourra également que se féliciter de la qualité de sa mise en scène et de son scénario. En nous contant les 10 derniers jours du dictateur, le réalisateur, plutôt que de choisir la voie du documentaire avec une voix off nous décrivant certaines scènes, préfère celle de l'intimité et du confinement. Intimité des personnages et de leurs rapports entre eux ; confinement de ces derniers à un endroit sécurisé, ce bunker creusé profondément dans le sol berlinois. Cette intimité, le réalisateur la fait sienne et l'offre au spectateur : son placement de caméra est tel qu'il nous donne l'impression d'être au coeur d'une "grande famille" en train de se déchirer, nous plaçant du même coup à la fois en témoins effarés de la chute d'un régime mais aussi et surtout en voyeur malsain de ce qui fut les derniers jours du Monstre. Car, plus qu'un reproche, il faut reconnaître que le talent d'Olivier Hirschbiegel est d'avoir donné un visage à l'horreur; d'avoir su personnaliser le monstre qu'était ce personnage, d'avoir su le rendre humain et accessible.

Il est vrai que dans l'inconscient collectif le personnage d'Hitler est la symbolique de l'atrocité absolue, de l'inhumanité par excellence, bref l'incarnation de quelque chose qui ne peut pas être humain. Le réalisateur remet les pendules à l'heure et son propos n'est pas du tout de réhabiliter ce personnage, mais de dire qu'il fut aussi un être humain, un être fait de chair et de sang nous attirant nous, spectateurs, de façon inconsciente, à encore plus de méfiance. Car enfin, on ne nous fera pas croire que filmer ainsi Hitler ferait oublier ses propos, ses actions, sa politique, ses massacres et les millions de morts dont il fut responsable. Oui Hitler avait un berger allemand qu'il adorait; oui Hitler savait éprouver de l'amour pour une certaine Eva Braun; oui Hitler savait se montrer aimable avec sa secrétaire; et alors ? Avec le même talent Olivier Hirschbiegel nous montre également un Hitler en train de tenir des propos insensés (sur une certaine contre-attaque allemande), un Hitler en train d'hurler sur ses généraux des ordres et des contre-ordres en totale contradiction avec ce qui se passe dans Berlin, un Hitler témoin de sa propre chute et se réfugiant derrière le masque de la pseudo-folie et de la maladie parce qu'il est résigné. Et que l'on ne s'y trompe pas : la vision de cet Hitler n'inspire aucune compassion, aucun sentiment d'attachement de la part du spectateur. A la manière de ces généraux qui, le regard rempli d'incrédulité commencent à douter de la raison de leur guide, notre regard se charge d'incrédulité parce qu'Hitler décide au final de sacrifier tout une ville, tout un peuple afin de s'assurer sa place dans les livres d'Histoire. Et de fait, ce qui nous intrigue peut-être le plus c'est de comprendre comment des millons d'hommes et de femmes ont pu le suivre dans cette entreprise ? Comment des millions d'hommes et de femmes ont pu le suivre dans son aveuglement, leur dévouement allant jusqu'au suicide plutôt que de vivre dans un Berlin bolchevik ?

Symbole de cette admiration et de cette négation de leur propre personnalité, le couple Goebbels. Le réalisateur en dresse un portrait absolument effrayant, le responsable de la propagande nazie et son épouse apparaissant non pas comme des être humains, mais plutôt comme de terribles automates conditionnés. Et encore conditionnés, n'est pas le mot juste, car il sous-entendrait une démarche involontaire ou non maîtrisée; or là encore, Hirschbiegel, n'excuse personne et nous présente ces sombres personnages plutôt comme des opportunistes mettant à profit la personnalité et le régime d'Hitler pour assouvir leurs déviances, leurs fantasmes de mort et de race supérieure. Aboutissement de cette logique effroyable, le couple finira par assassiner ses six enfants dans le bunker car il vaut mieux être mort que vivant dans un régime où le Fuhrer ne serait plus : sombre et terrible conclusion pour laquelle le réalisateur propose une scène très poignante mettant en évidence qu'avant d'être "les enfants de...", ces gosses étaient surtout de simples enfants, expression s'il en est de ce que l'on appellera plus tard "la barbarie nazie" pour d'autres horribles raisons.

Mais la Chute n'est pas qu'un simple huis-clos entre le Diable et ses Ministres. Parce que les plans répétés sur les bras levés et les costumes verts ont une symbolique forte sur l'esprit de son spectateur et participent tout autant à l'étrange sensation de claustrophobie que l'exiguité du bunker, le réalisateur s'intéresse également à ce qui se passe en dehors de celui-ci. Avec le même soucis du détail et du réalisme il dépeint une population sujette au plus profond désarroi. Ce désarroi procède d'une double nature : il y a d'abord la tristesse et la peur des gens affamés qui se réfugient dans les sous-sols pour échapper aux bombes; la tristesse d'un père qui voit son fils de 14 ans rejoindre les Hitlerjugend sur les barricades pour défendre "sa" ville des attaques ennemies. Mais il y a aussi et surtout la tristesse de toute une population qui voit son Guide Suprême perdre pied. Cette tristesse, aidée en celà par les fantômes du Traité de Versailles de 1919 se transforme en peur panique pour certains habitants pour qui la chute de la Grande Allemagne et de son Reich est irréelle. Mais là encore, le réalisateur ne s'apitoye pas : il n'y a pas de justification possible et il se plaît à dresser un portrait sans concession de ses concitoyens qui acceptèrent pendant plus de 10 ans le mensonge comme une religion d'état et permirent à quelques hommes de ruiner son pays. On retrouve d'ailleurs cette démarche d'auto-critique dans le montage du film : Hirschbiegel alterne savamment, les plans d'horreur pure (Hitler hurlant sa haine du Peuple Juif) avec des moments d'une frivolité déconcertante (notamment grâce au personnage d'Eva Braun). En jouant ainsi sur les contrastes, au-delà de la confusion dans l'esprit du spectateur, le réalisateur lui insufle une sorte de nausée, de dégoût. Et qu'on le veuille ou non, cette nausée et ce dégoût loin d'humaniser la Bête, la desincarnent, la piétinent parce que le réalisateur nous laisse seul juge. Loin de toute ambiguïté, ses images informent plus qu'elles ne choquent : montrer, faire comprendre, faire en sorte que nous n'oublions pas, voilà certainement la démarche artistique d'Olivier Hirschbiegel, bien loin d'une quelconque forme d'apologie de qui que ce soit au nom de quoi que ce soit.

Un scénario parfaitement élaboré n'aurait pas suffit pour que la Chute soit à la fois un film historique et à proprement parler un film d'horreur dans la froide noirceur des évènements qu'il décrit. Le réalisateur a su s'entourer par ailleurs d'extraordinaires comédiens au rang desquels Bruno Ganz tient une place à part. Cet acteur est véritablement Adolf Hitler. Au delà de sa pure prestation, il faut saluer son courage en tant que citoyen allemand pour oser interpréter ce personnage : son jeu n'est pas sans rappeler les vraies images du dictateur et tant dans les moments d'accalmie que dans les moments de colère noire, son interprétation est sans reproche. Les autres personnages sont tout aussi remarquables et l'on retiendra plus particulièrement l'interprète du Docteur Goebbels (Ullrich Matthes) au visage et au regard hallucinés et glaçants ne faisant pas mentir le réalisateur quand il déclarait : "Le défi ne consistait pas à mettre en scène les personnages fictifs de façon crédible, mais à donner vie aux personnages réels, à les recréer à la manière d'un documentaire. Je ne voulais surtout pas qu'on ait le sentiment qu'il s'agit de comédiens interprétant un rôle (...). Les personnages historiques doivent être totalement crédibles".

Cette approche documentaire du film, on la retrouve à de multiples reprises dans la technique du film : l'image, à l'instar des personnages est froide et glacée (beaucoup de plans en lumière naturelle); les scènes d'extérieur sont très souvent tournées en caméra-épaule, donnant ainsi beaucoup de fluidité et de dynamisme à la narration. Enfin et surtout, cet approche documentaire des dix derniers jours de la vie d'Hitler se vérifie en introduction et en conclusion du métrage. Basé sur le croisement entre des faits historiques vérifiés et le témoignage de la secrétaire personnelle d'Hitler (qui décéda en 2002), le film commence et se termine par une interview de cette personne. Complice passive, responsable personnelle en tant qu'"allemande", chacun pourra se faire sa propre opinion de cet entretien et de cette femme. Il est néanmoins des "Je ne savais pas ce qu'il se passait" qui peuvent être parfois difficiles à entendre. Les spectateurs de La Chute n'auront pas cet excuse : car plus qu'une leçon de cinéma, La Chute est une leçon d'Histoire. Et il est des leçons qui ne doivent jamais tomber dans l'oubli.


L'Image : 3/3

Détails techniques : Format video : 16/9 - Ratio : 1.77:1

Avis : La copie proposée par TF1 video est absolument superbe : aucune trace sur le master et une reproduction très fidèle de l'image voulue par le réalisateur dans ces tons froids si propices à retranscrire l'ambiance des évènements du film. Des couleurs uniformes, des contrastes tranchés et une compression parfaitement maîtrisée. Rien à redire.


Le Son : 2.5/3

Détails techniques : Dolby Digital 5.1 en français et en allemand - Sous-titres : français

Avis : Comme pour l'image, le son est parfaitement à la hauteur tant en VO qu'en VF : les dialogues sont très clairs et le parfait équilibre de la spatialisation se fait sentir de façon irréprochable lors des scènes en extérieur avec les bruits de bombardement. Importance accordée également à la musique du film assez présente sur l'enceinte centrale et qui se mixe harmonieusement avec le reste. Bien évidemment je vous conseille le film en VO, car même si le doublage de Bruno Ganz est correct, c'est vraiment le seul moyen d'admirer sa prouesse de comédien.


L'Interactivité : 2.5/3

L'ergonomie des menus :
Compte tenu du propos du film, les menus sont assez sobres (fond d'images du film, musique) avec ces dominantes de rouge et de noir. Les transitions sont peu marquées (fondu enchaîné noir) et le chapitrage offre des vignettes animées et sonorisée en français. Simple au final mais bien fait.


Les bonus :

Cette édition comporte 3 disques au total : le premier contient bien évidemment le film ainsi qu'une featurette de quelques minutes composée d'extraits de tournages et d'interviews des comédiens.

Sur le disque 2 :

  • Making of : un making of long (presque 1h), riche et bien documenté où l'on s'aperçoit de l'étonnante relation entre politique et cinéma pour un tel sujet.
  • Le bunker d'Hitler : dernière demeure d'un dictateur : un vrai doucmentaire historique de près d'1h30 sur les derniers jours du dictateur. Images historiques et d'époque, commentaire en voix off intelligent...une vraie leçon d'Histoire.


  • Sur le disque 3 :
  • Interview de Traudl Junge, la secrétaire d'Hitler : long entretien à nouveau (1h30) avec cette secrétaire dont les souvenirs ont servi pour la scénarisation du film. on retiendra des détails anodins de la vie dans le bunker tandis que d'autres reflexions font plus froid dans le dos.
  • Interview du téléphoniste d'Hitler : plusieurs entretiens avec ce téléphoniste (que l'on voit d'ailleurs dans le film) qui complètent le récit de la secrétaire et apporte un autre éclairage sur ces évènements de mai 1945.
  • Interview de l'aide de camp d'Hitler : plusieurs entretiens avec cette personne ainsi qu'avec un historien sont présentés. Les informations se croisent avec les interviews précédentes mais d'un point de vue historique celà reste passionnant.


  • L'édition 3 DVD du film est incontestablement placée sous l'angle du rapport à l'Histoire. La pertinence des témoignages et des reportages dépasse largement l'aspect cinéma de cette oeuvre pour retracer de façon factuelle les derniers jours du dictateur. Une totale réussite de ce point de vue là.


    Les Visuels : 1/1



    La pochette / Le packaging

    Cette édition regroupe les 3 DVD dans un boitier amaray élargi, logé dans un fourreau : les illustrations de ce dernier sont de très bonne qualité (aspect glacé). On regrettera peut-être le système de fixation des galettes (2 DVD se chevauchent), mais à l'usage celà a l'air de tenir.



    La sérigraphie

    Les trois sérigraphies ont une qualité de définition exemplaire : les images sélectionnées sont toutes les trois différentes. La définition est très précise et les mentions légales peu voyantes. L'aspect glacé donne à l'ensemble un rendu très contrasté.


    Note Finale : (18/20)

    Commentaires concernant cette critique

    - le 09/08/2006 à 14:51 par Baguette : Très bonne critique, j'ai apprécié le film mais je rejoins ceux qui se disent déçu par le fait que ce film soit trop consensuel en diabolisant uniquement les allemands et en oubliant les atrocités russes sur les femmes allemandes entre autre. D'autre part, à ceux qui craignent que Hitler ne soit trop "humain" dans ce film, sachez que même chez la plupart des tueurs en série, coupables des pires atrocités, on retrouve d'étonnants moments de sociabilité et de "normalité". L'être humain est complexe, le caricaturer à un simple manichéisme c'est avoir une vision très "bushienne" du monde.
    - le 10/03/2006 à 11:08 par romanticolor : Hitler, ce n'était pas Damien, il n'est pas né le 06/06/06 et son père n'est pas un chacal. Ceux qui critique le film en disant qu'en voyant le film, on peut apprécier Hitler, ils ne l'ont pas vus car à aucun moment dans le film (mis à part) être néonazie, on se dit quel chic type, pareil pour Goebbels, c'est un film à voir en VOSTF, la VF est nulle et je trouve édulcorer. Hitler était un homme qu'on le veuille ou non, un homme qui a mal tourné mais un homme comme vous et moi, bien sûr ça serait plus facile de se dire que c'est l'anti-christ. N'écoutez pas les critiques de magazine qui critiquent sans l'avoir vu, faites-vous votre opinion, je vous rassure en le regardant, je ne suis pas devenu raciste et antisémite et je ne suis pas sorti du cinéma en me disant, faut que j'aille acheter Mein Kampf. Un grand film, je vais en faire ma critique prochainement.
    - le 13/12/2005 à 20:48 par zemleweb : Ce film est excellent sur tous les plans. L'aspect historique est parfaitement maîtrisé,la mise en scène juste et les acteurs parfaitement crédibles. A voir sans hésitation, juste pour se rappeller que pantin ou homme l'horreur et la barbarie peut sommeiller en tout un chacun. Pour ne pas oublier la shoah, les tziganes, les opposants au régime et tout ceux qui sont morts pour rien ou pour leurs idées.
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