DVD A LA LOUPE

Résumé : Lorsque deux missiles atomiques sont détournés par l'organisation criminelle SPECTRE, James Bond se retrouve au cœur d'une course-poursuite explosive pour sauver le monde du terrorisme nucléaire…

Avis : "Jamais plus jamais" est un remake de "Opération tonnerre", qui trouve son origine dans un conflit entre Kevin McGlory et les producteurs de la série officielle des films de James Bond. McGlory avait participé avec Ian Fleming au scénario du roman original et avait des droits sur le titre et sur l'utilisation du SPECTRE. Un accord avait pu être trouvé pour le film officiel,"Opération tonnerre" étant sorti avec McGlory au générique comme producteur, alors que c'étaient en fait Saltzman et Broccoli qui étaient aux commandes. Ensuite, le SPECTRE et son chef Blofeld avaient fini par disparaître de la série. A l'issue d'une bataille juridique assez longue, McGlory eut l'autorisation de produire lui-même un remake, ce qu'il fit en association avec Jack Schwartzman, et en demandant à Sean Connery de revenir tenir le rôle qu'il avait abandonné depuis douze ans au profit de Roger Moore. C'est donc un acteur assez âgé qui enfile le smoking de Bond et le début du scénario prend en compte ce fait en présentant un 007 moins affûté que d'habitude. C'est à Irvin Kershner, qui venait de connaître la gloire avec "L'empire contre-attaque", que McGlory confie la réalisation du film. Le titre est issu d'une affirmation de Connery qui avait dit après "Les diamants sont éternels", qu'il ne tournerait "plus jamais" un James Bond.

On ne peut s'empêcher de comparer ce film avec l'original, puisque le scénario est extrêmement proche, et il faut bien reconnaître que "Jamais plus jamais" est une déception. Sean Connery n'a pas grand chose à se reprocher, mais le côté noir du film original convenait mieux au 007 qu'il incarne que le côté parodique de ce remake. En effet, le scénario parsème la trame principale de passages qui se veulent humoristiques mais qui tombent souvent à plat, ce qui nuit à l'homogénéité du film. Le personnage de "M" (Edward Fox ) est suffisant et peu sympathique, Moneypenny (Pamela Salem) assez falotte, et "Q" (Alec McCowen) a du mal à nous faire oublier l'original. Enfin, Felix Leiter est joué par un acteur noir, ce qui constitue une différence de continuité trop marquée avec le personnage que l'on connaît. Mais la plus grosse déception vient des méchants, Klaus Maria Brandauer ayant bien du mal à rendre détestable le sinistre Largo, et Max von Sydow étant trop peu présent en tant que Blofeld, chef de l'organisation SPECTRE. Quant à Jack Petachi, qui est l'auteur du vol des missiles nucléaires, il est ridicule et peu crédible. Heureusement les deux personnages féminins principaux relèvent le niveau général. Kim Basinger, alors encore assez peu connue, est charmante dans le rôle de Domino, la sœur de Petachi, et Barbara Carrera est parfaite en tueuse sadique aux ordres de Largo.

On retrouve dans ce James Bond tous les ingrédients des films officiels, l'action (une belle poursuite en moto, des scènes sous-marines avec requins et des combats sous-marins), les gadgets (mais sans invention vraiment notable), l'exotisme (grâce à des lieux de tournage variés) et le charme (la présence féminine est encore plus marquée que dans les films officiels, avec plusieurs seconds rôles, et les ébats amoureux un peu plus osés). La traditionnelle scène de jeu au casino est remplacée par un affrontement entre Bond et Largo par jeu électronique interposé, ce qui est plutôt original et reste une des scènes marquantes de ce remake. Quant à la construction générale du film, elle se distingue nettement des épisodes officiels, sans la scène d'ouverture avec le canon de revolver, et sans prologue ni générique stylisé. Mais ce dernier point ne constituerait pas un réel handicap si le film avait été globalement mieux réussi. Il faut d'ailleurs noter que malgré la présence de Connery qui bénéficiait de son aura de premier interprète de 007, ce film eut un peu moins de succès que "Octopussy", avec Roger Moore, qui sortit à la même époque. Sans être un mauvais film, "Jamais plus jamais" doit plutôt être réservé à ceux qui veulent compléter leur filmographie consacrée à l'agent britannique, mais ils pourront le faire sans trop de remords dans la mesure où l'on ne s'ennuie pas, et que le film présente quelques scènes quand même assez plaisantes. Enfin, on notera que ce film moyen dispose d'une édition DVD plutôt médiocre, aucun effort sérieux n'ayant été fait pour l'ergonomie, l'image, le son, et les bonus.

 
Jamais plus jamais