DVD A LA LOUPE

Résumé : Après avoir mis fin aux agissements de révolutionnaires qui parfumaient les bananes à l'héroïne, James Bond se repose à Miami lorsque "M" lui demande de reprendre du service pour surveiller Auric Goldfinger, soupçonné de trafic d'or, et qui, à cet instant précis, joue au gin avec monsieur Simmons, au bord de la piscine. Bond en profite pour s'introduire dans la chambre d'hôtel de Goldfinger et y découvre Jill Masterson, une ravissante jeune femme qui, à l'aide de jumelles, surveille le jeu de Simmons et informe Goldfinger des cartes que son adversaire possède...

Avis : Troisième opus des James Bond, "Goldfinger" marque un tournant important pour la série. Surfant sur la vague des succès des deux films précédents, le réalisateur Guy Hamilton, qui prend la suite de Terence Young, bénéficie d'un budget maintenant conséquent, qui va se voir nettement à l'écran avec le développement des gadgets (la fameuse Aston-Martin DB5, qui reste encore aujourd'hui le type même de la voiture de James Bond) et des cascades spectaculaires. On ne sait si l'affiche aguicheuse de la belle Shirley Eaton, allongée nue sur un lit et peinte en or, a eu un effet sur la fréquentation en salles, toujours est-il que ce film reste le James Bond ayant attiré le plus grand nombre de spectateurs en France. Il faut reconnaître également qu'il est l'un des meilleurs, car constituant un cocktail très équilibré entre les différentes composantes d'un James Bond : scénario solide (assez proche du roman de Ian Fleming), action soutenue, suspense, exotisme et charme féminin, sans oublier un certain humour et surtout un méchant haut en couleurs qui donne son nom au titre du film. Enfin, c'est le premier épisode dont la structure de début avec prégénérique (le coup de feu sur la cible), séquence d'ouverture (avec ou sans rapport avec le scénario principal), générique avec chanson (souvent à succès comme dans ce cas précis avec le tube de Shirley Bassey), devient définitive et sera reprise pour tous les films suivants.

Sean Connery est à son zénith, mélange de séduction, de désinvolture et de force tranquille, maniant aussi habilement l'humour que les armes. Il est entouré d'une pléiade de James Bond girls dont beaucoup vont disparaître de façon violente, la seule à vraiment résister (provisoirement) aux charmes de Bond étant Pussy Galore (jouée par Honor Blackman), dont le lesbianisme affiché dans le roman de Ian Fleming est loin d'être évident dans le film. Gert Fröbe incarne un Auric Goldfinger mégalomane et sadique tout à fait convaincant, certainement un des meilleurs méchants de la série, flanqué de son valet OddJob, champion du lancé de chapeaux coupeurs de tête, lui aussi délicieusement détestable… Quelques répliques cultes font leur apparition (Bond, James Bond...) et plusieurs scènes demeurent inoubliables, comme celle où 007 va se faire découper par un rayon laser et que Goldfinger lui dit qu'il veut juste le voir mourir. Il faut également signaler l'effort de réalisme avec une reconstitution précise de Fort Knox (la réalisation sur place étant inconcevable pour des raisons de sécurité), et des lieux de tournage variés (Miami, Londres, la Suisse et le Kentucky) donnant beaucoup de richesse visuelle.

"Goldfinger" est devenu un grand classique du film d'action et d'aventure, et marque l'apogée de la série, qui va se maintenir avec "Opération Tonnerre", mais qui va ensuite décliner, au fur et à mesure que l'on s'éloignera de l'ambiance des romans de Ian Fleming, spécialement quand Roger Moore reprendra le rôle titre. Il faudra attendre Timothy Dalton dans "Tuer n'est pas jouer" pour retrouver le côté noir présent dans les œuvres initiales.

 
Goldfinger - Edition spéciale