DVD A LA LOUPE

Résumé : Gustave Klopp, dit "Gus" est narcoleptique. Il s'endort brutalement n'importe où et n'importe quand. Il partage sa vie entre Pam, sa femme, qui rêve à des jours meilleurs et Lenny Barr, son meilleur ami fan inconditionnel de Jean-Claude Van Damme et qui se décrit comme "le plus grand karateka que la terre ait jamais chié". La maladie de Gus est un véritable handicap pour sa vie professionnelle. Mais il a décidé de "bouger son cul" comme le lui a si gentiment demandé sa femme...

Avis : Le cinéma déjanté français est en plein renouveau et fait preuve d’une imagination sans précédent…avec plus ou moins de bonheur cependant. Et Benoît Poelvoorde en est le fer de lance. Du génialissime « Podium » où contre toute attente il donnait à son personnage de Bernard Frédéric, un inconditionnel de Claude François, une prestance et une crédibilité qu’on ne lui aurait jamais soupçonné, au raté « Atomik Circus » où lui seul par l’intermédiaire de son personnage extra-terrestre Allan Chiasse donnait un peu de piment à un soufflet qui n’arrivait pas à monter, il est aussi passé par la case « Narco » réalisé par deux personnes que je me garderai bien de juger étant donné que je ne les connais même pas de nom.

Une fois de plus, l’histoire paraît bien improbable, partagée entre un Guillaume Canet narcoleptique (maladie tellement rare que je me demande si elle existe réellement ou si elle ne relève pas plus du psychique voire du psychiatrique) et un Poelvoorde fan pur et dur du belge Jean-Claude Van Damme et qui se croît le plus grand karatéka du monde.
Sur cette base, les auteurs ont construit un scénario complètement décalé où les situations loufoques s’enchaînent les unes après les autres et où toute la panoplie de l’humour est déployée. Du comique de répétition (les endormissements soudain de Canet lors des moments les plus cruciaux de sa vie) aux blagues type tarte à la crème (Poelvoorde qui s’éclate la gueule sur un parpaing en voulant le fendre d’un coup de boule) à des jeux de mots subtils ou non, des dialogues dignes de Michel Audiard (J’te dévisse la nuque et j’te bloque la croissance à vie) en passant par des situations complètement burlesques (L’immense Berléand qui raconte ses blagues pourries face à un public enregistré) voire sadique (Poelvoorde qui éclate la gueule à un gosse lors d’un cours de karaté).
Même s’il y a de nombreuses baisses de rythme (multiples mais très courtes), l’ensemble se révèle formidable et je n’ai pas autant ri d’aussi bon cœur depuis « Podium » et « Astérix et Obélix, mission Cléopâtre ».

Il faut dire cependant que les acteurs ne sont pas étrangers à ce fait. Tout le casting est là pour magnifier la folie ambiante, chacun apportant la juste note à son personnage. Poelvoorde est bien sur une fois de plus excellent dans son rôle de gros beauf un brin salaud mais finalement avec un cœur grand comme ça mais il ne faut pas négliger le jeu des autres qui complète un casting iconoclaste mais ô combien pertinent et juste.. Canet joue à merveille son rôle de narcoleptique qui subit plus sa vie qu’il ne la façonne. Ses transformations physiques notamment au début du film sont plus que convaincantes. Il confirme ainsi après « Vidocq », « Mon idole », etc… qu’il est un acteur incontournable u cinéma de genre français. Berléand est toujours aussi fou, Zabou Breitman que je ne connaissais pas m’a littéralement convaincu et l’apparition clin d’œil de Jean-Claude Van Damme en personne finalise le tout.
Pour les plus cinéphiles d’entre vous, vous serez aussi comblés par des clins d’œil multiples mais subtils à de nombreux film français ou américains. J’ai ainsi noté « Irréversible », « Il faut sauver le soldat Ryan », les films de John Woo, « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain », « Star Wars », « Les bronzés » et même la série Friends…. Je ne vous dit rien de plus et vous laisse les découvrir. La force de ce film est de ne pas nous imposer ces scènes comme dans n’importe quelle parodie mais plutôt de nous les offrir comme hommage et ainsi servir le scénario (et non pas l’inverse). Tout est prétexte à amuser encore plus les plus avertis d’entre nous !

Ce qui frappe aussi d’emblée dans ce film c’est la qualité de la mise en scène et de la réalisation. Tout d’abord, les rêves narcoleptiques de Gus sont sujets à des séquences quasi inédites par leur ampleur et leur emphase dans le cinéma français. C’est d’ailleurs par nombre de ces séquences que sont traduites les références cinéphiliques précédemment citées. Mais ne comptez pas sur le côté parodique de la chose entraînant décor en carton pâte ou effets spéciaux à deux balles. Ici, tout est pris avec beaucoup de sérieux et de savoir faire pour nous offrir des scènes dignes des meilleurs blockbusters actuels grâce à des moyens plus que conséquents.
Ensuite, la réalisation fait preuve d’une réelle maîtrise de la caméra et le montage est judicieusement calme, évitant les coupes rapides, transcende le tout. Les effets de caméras sont nombreux, variés, toujours bien choisis et surtout parfaitement ordonnés….Ah ! Le travelling arrière dans le bar lors de la confrontation Gus/Lenny qui au début nous fait croire qu’ils sont seuls alors que la salle est bourrée de monde, chose qu’on découvre au fur et à mesure que la caméra s’éloigne progressivement, dramatisant encore plus la scène.
Pour finir sur la mise en scène, comment ne pas parler des décors, des costumes et de l’environnement ? Pour compléter un décalage scénaristique, les auteurs n’on pas hésité non plus à créer une ambiance pseudo 70’s, pseudo américaine avec des costumes complètement loufoque mais rendu cohérent avec le cadre par une photographie au couleurs volontairement flashy et des décors complètement rétro (les voitures, la maison dans un semblant de banlieue américaine, etc… Les coiffures ne sont pas en reste et je vous laisse découvrir comment Canet peu par exemple se mettre à ressembler à Maxime Le Forestier première époque.

Enfin, bref, vous l’aurez compris, les amateurs de comédie barges vont se ruer sur ce petit bijou français, les autres ne devront pas hésiter à se le procurer car si ce film n’a pas rencontré le succès qu’il méritait en salle, il me semble qu’il devra être rapidement réévalué au vu de son scénario unique, d’un casting prestigieux et d’un savoir faire indéniable pour un premier film. La qualité technique du dvd justifie en plus de lui donner en outre une seconde chance !. Alors regardez le vite et poilez vous !!!

 
Narco - Edition 2 DVD