DVD A LA LOUPE

Résumé : Des rebelles thaïlandais s’opposent à l’invasion de leur village par l’armée du roi Birman. Commence alors une lutte impossible des « Village Warriors » de Bang Rajan pour vaincre les envahisseurs et gagner leur liberté.

Avis :  J’ai découvert l’existence de ce film grâce à sa bande annonce qui figurait sur le dvd de « Ong Bak » et qui laissait présager un revival de « Braveheart », revu et corrigé par une bande de Thaïlandais fous. On y voyait des combats dantesques, des figurants par millier et des scènes gores jamais vu auparavant : décapitations brutales, découpages de jambes de bœufs en pleine courses…enfin bref, ça laissait croire à un film aussi révolutionnaire dans son traitement du film historique limite péplum que l’avait été « Ong Bak » pour le film d’arts martiaux mais malheureusement pour moi, ce film n’a pas comblé mes attentes. Explication rapide point par point.

Tout d’abord, si le scénario est relativement proche du film de Mel Gibson et qu’il lui emprunte sa noirceur finale, le tout manque singulièrement d’étoffe et surtout d’entrain digne des envolées lyriques et romanesque de son illustre prédécesseur américain. A trop vouloir en mettre, les personnages principaux manquent au final d’épaisseur. Cela dit, il faut reconnaître à ce film une volonté de ne pas trahir les évènements historiques et de ne pas opter pour un happy end qui aurait rendu ce film encore plus conventionnel. Ainsi, même si on n’a eu du mal à s’attacher à tous ces personnages dont la cause st pourtant juste et le courage digne de n’importe quel résistant à l’oppresseur, on ne peut qu’être bouleversé par le sort qui leur sera réservé et ce en évitant de trop tatiller la glande lacrymale grâce au recours de violons lancinants (Chose qu’on pouvait reprocher à Gibson). De même, il n’y a pas d’héroïsme surfait avec un homme capable de tuer des adversaires par dizaine mais plutôt une description précise de la rage que peut habiter un homme capable de tout pour défendre ses terres.
Autre fait important, est la lenteur de l’installation de l’histoire avec certes une volonté de présenter les (nombreux) personnages principaux à niveau égal mais qui finalement se perd en superficialité. On pourrait facilement décomposer ce film en deux parties bien distinctes, de longueur inégale. La première serait l’attente du combat et la recherche d’aides et de formations de coalition. Elle dure près de 90mn et on a parfois tendance à décrocher (Moi j’ai un peu perdu le fil de l’histoire aux alentours de 1h de film). Cette première partie n’est secouée que par quelques brèves séquences d’action, malheureusement trop courtes et surtout souvent mal placées, servant plus à réveiller l’attention du spectateur qu’à trouver leur véritable place dans l’histoire. Par contre, cette partie ci est relevée qualitativement parlant par la rigueur faite dans la retranscription des conditions de vie de ces villageois, les relations qui pouvaient exister entre villages et le rôle de la capitale. Profitez en pour apprécier les magnifiques costumes qui ont du demander un travail énorme et qui crédibilisent l’ensemble. La deuxième partie dure 1/2h et est véritablement la seule qui vaut d’être vue, le reste étant beaucoup trop classique et maintes fois vu pour soulever un intérêt particulier. Les envolées lyriques et héroïques se font véritablement là, l’intérêt que nous portons aux personnages se développe ici et c’est à ce moment que le film prend véritablement son envol.

Le point le plus positif de ce film est certainement les décors. En effet, il a été quasiment entièrement tourné en décors naturels (jungle épaisse et champs de cultures brûlés par le soleil) et si ça ne facilite pas la mise en valeur de la photographie, ça rajoute quand même une bonne dose de crédibilité et de grandeur à la mise en scène.
Cette mise en scène est à mettre en parallèle avec le scénario. Elle reste très classique dans les scènes de présentation et devient littéralement renversante lors des combats ou rares es mise sous tension de la première partie (cf. la scène des pirogues au environ de 61’). Le montage et le cadrage permettent alors de rendre compte du gigantisme des combats tout en arrivant à se centrer sur les principaux personnages et rendre hommage à leur jeu et à leur rôle Fait important et relativement rare dans ce genre de production, les lames ne coupent pas hors champ et le réalisateur a pris le parti de bien s’attarder dessus. Ainsi, vous aurez droit à un véritable panel de blessures possibles toutes plus gores mais réalistes les unes que les autres. Un hommage doit aussi être rendu à la chorégraphie des combats qui a privilégié le crédible à l’impossible ou le gigantisme. Point de combat aérien qui serait mal venu vu le contexte de l’histoire mais bien des corps à corps, différents selon s’il s’agit de paysans (majoritairement) qui se battent ou de véritables guerriers. Le charisme de beaucoup des acteurs, leur grande beauté sauvage (hommes et femmes) ainsi que la qualité de leur jeu permet de mieux apprécier ce film.

En conclusion, Europa semble vouloir continuer dans la révélation de film Thaïlandais au public français jusque là alors (moi en premier) ignorant de cette culture pop asiatique. Mais si Ong Bak avait de quoi marquer durablement les esprits, ce film restera une œuvre de facture classique, ne sera jamais ni un chef d’œuvre, dont le statut soit disant culte en Thaïlande m’étonne un peu (beaucoup) mais qui n’est pas non plus mauvais. Ne vous attendez pas comme moi à un péplum traversé d’action et de rebondissement car si la dernière demi heure est absolument à voir pour ses débordements héroïques et mise en scénique, le reste traîne quand même pas mal en longueur, s’acharnant à décrire longuement mais de façon incomplète les interactions entre les personnages principaux. A voir pour l’histoire et l’exotisme bien sur, mais sera quand même presque aussi vite oublié qu’il aura été vu. En tout cas, bien meilleur que "Troie"!

 
Bang Rajan