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DVD A LA LOUPE


LES DAMNéS - EDITION BELGE

Lui écrire Hotkiller

Les damnés - Edition belge DVD sorti le 21/04/2004


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Editeur : Warner Home Vidéo
Distributeur :
Warner Home Vidéo

Année de production : 1969

Durée du film : 2 h 30 min.

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Nombre de visites :
4142


   

Le Film : 10/10

Résumé : En 1933 en Allemagne, le patriarche d'une riche famille industrielle voit l'avènement du nazisme d'un assez mauvais oeil. Son assassinat précipitera la chute aux enfers de sa famille parrallèlement à l'ascension fulgurante du régime SS et l'héradiction des rivals SA lors de la fameuse nuit des longs couteaux.

Avis : D'abord, il y a Joachim, père fondateur de la dynastie. Puis Sophie, sa fille, manipulatrice et avide de pouvoir qui rêve de propulser à la tête de l'entreprise son amant : Friedrich Bruckman. Il y a également Konstantin, un neveu de Joachim, membre des SA, un être fruste, violent et vulgaire. Herbert, lui, est le gendre de Joachim, hostile au pouvoir SS, il devra fuir à l'étranger. Et puis, il y a Martin, fils de Sophie et petit-fils de Joachim, un être androgyne, bisexuel, pédophile et incestueux. Voici donc la noble famille Van Essenbeck. Nous sommes en Allemagne en 1933. Cette nuit là, le Reichstag (Parlement allemand) était incendié. L'Allemagne allait plonger dans la nuit et l'obscurantisme tandis que les Van Essenbeck allaient sombrer dans la décadence. Tout était prêt pour que nous puissions assister à "la Chute des Dieux" (la caduta degli Dei, titre original du film).

Film cruel, film violent, film politique, ce chef d'oeuvre de Luchino Visconti est une longue métaphore sur les rapports du capitalisme à l'argent et plus encore du capitalisme au fascisme. Car loin d'excuser les comportements déviants d'une riche famille, Visconti en filme la chute, formalisée par ce pacte avec le Diable, cet accord avec l'image la plus terrible du Mal : le pouvoir SS, symbolisé dans le film par cet officier allemand, "ami" de la famille, Aschenbach.
Le film est construit en trois parties : la première nous montre une famille réunie autour de l'anniversaire de son patriarche, Joachim Von Essenbeck, pour qui la survie de son industrie est l'intérêt supérieur....quitte, au besoin à devoir se rapprocher du pouvoir politique en place. Ainsi nommera-t-il à la tête de son empire, Konstantin, son neveu, qui fait partie des SA d'Hitler. Mais Visconti nous convie à une autre fête : les industries Von Essenbeck sont un temple (il faut voir les plans dans ce chateau labyrinthique très shakespearien) et la religion dont on parle, c'est celle de l'argent....et forcément les convoitises et rivalités familiales sont exacerbées. L'assassinat de Joachim va alors précipiter le propos du film. Détail scénaristique intéressant, Visconti fait coïncider la mort du "Père" avec l'incendie du Reichstag (le Parlement allemand) : c'est donc le début de la fin, tant pour ce pays que pour cette famille. Afin d'amener petit à petit son spectateur a supporter l'insupportable, Visconti multiplie les scènes choquantes de façon progressive tout au long du film. D'abord, c'est le numéro musical façon Ange Bleue, de Martin. Son grand-père, choqué par ce numéro de travesti en total contraste avec la noblesse du lieu et des attitudes, ne peut que détourner les yeux. Très intelligemment, Visconti fait alors un plan sur le regard de Sophie, la mère de Martin, réjouie de la réaction de dégoût de son Père. Et c'est là tout le génie de ce réalisateur. Avec quelques plans, très simples et magnifiquement cadrés, son spectateur comprend rapidement les rapports de force des personnages ; la narration gagne en limpidité tandis que chaque plan est d'une précision incoyable tant pour l'histoire que pour les rapports des personnages.
Seconde scène choquante qui joue également sur le contraste vulgarité/noblesse, c'est le passage qui nous décrit le personnage de Konstantin, membre des SA et nommé Directeur Géneral par Joachim. Cet homme, odieux mélange de chemise brune et de viande saoûle permet à Visconti de jeter le doute dans l'esprit de son spectateur et de se demander si les personnages qu'il voit sont encore humains. Nous amener petit à petit à croire à l'incroyable en opérant un curieux mélange de fascination morbide alimentée par l'obscénité des contrastes, voilà le grand talent de ce réalisateur.

La seconde partie du film voit l'ascension fulgurante de Friedrich Buckman à la tête des acieries Van Essenbeck. Cette ascension n'est pas sans contrepartie et signifiera la mise à mort orchestrée de Konstantin en tant que membre des SA. C'est l'occasion pour Visconti de nous livrer une scène majeure du film avec la description de cette nuit des longs couteaux. Scène fameuse s'il en est par sa façon de détailler le comportement orgiaque et décadent des SA, qui, dans une sorte de bacchanale infernale s'adonnent à tous les plaisirs que la "morale" réprouve. Mais Visconti ne juge pas, il se contente de décrire, la violence de ses images est alors pire lorsque les "loups" SS débarquent dans cette auberge pour opérer la "solution finale" sur leurs "frères d'armes".
Friedrich Bruckman est du massacre. Sa participation active relève alors d'un pacte faustien avec le Diable, le sort des usines Van Essebeck étant à jamais lié au pouvoir des SS. Mais au final, même si cette scène est importante, le scénario du film va privilégier l'évolution du personnage de Martin. En effet, ce dernier est l'occasion pour le réalisateur de faire une violente critique des moeurs dissolues d'une famille et de ses accointances politiques. Troublé, détruit psychologiquement par sa mère, Martin est à la fois dépravé et sensible, pervers et aimant, mais pour le réalisateur, il est une sorte d'icone représentant les conséquences d'une famille qui embrasse le nouvel ordre des choses qui l'entoure. On a parfois reproché à Visconti sa vision esthétique des images atroces qu'il filme car en effet, Martin est à la fois pédophile et incestueux. Les deux scènes en question (celle avec une petite fille juive et celle où Martin rejoint le lit de sa mère) sont effectivement belles esthétiquement. Mais que l'on ne s'y trompe pas, Visconti ne met pas son sens du cadrage au service de la contemplation et de l'exaltation de la perversion. Au contraire il se sert de ce contraste pour troubler son spectateur et le rendre nauséeux, écoeuré par l'inhumanité des images qu'il voit.
Alors pourquoi tous ces excès, pourquoi toutes ces images parfois ecoeurantes, pourquoi montrer une noble famille allemande sous ce jour ? C'est en fait une longue et détaillé introduction à ce que Visconti abhorre au-delà de tout : l'intolérance. Et pour renforcer ce message, Luchino Visconti fait citer Hegel à son personnage d'Aschenbach, qui déclare avec une certaine dérision malsaine : " La raison d'état commande d'écraser l'innocente fleur si celle-ci obstrue le chemin " introduisant ainsi la troisième et dernière partie du film.

Puisque la raison d'Etat doit écraser les individus afin de s'accomplir par elle-même, l'officier Aschenbach va alors utiliser les tourments maternels de Martin pour le transformer en soldat fier et acteur "important" de la Grande Allemagne. Martin n'est plus alors qu'un pantin qui a l'impression d'exister dans son costume à tête de mort parce qu'il est comme une sorte de rempart à l'influence de sa Mère. Le message de Visconti est clair : la machine politique allemande SS a toujours su exploiter la peur et les faiblesses des Hommes pour assoir sa domination et son emprise. Le décor est alors planté pour le dernier acte. Martin autorise finalement sa mère à épouser Friedrich, mais pour ces derniers, ce mariage aura un prix : la mort par suicide ordonné et dilligenté par Martin, le pouvoir SS n'ayant que faire de s'encombrer de pâles affairistes aux "petites" ambitions. La dernière scène su film est terrible : Martin, devant le lit des amants suicidés les salue à la façon nazie. En 2h30 Visconti a transformé ce jeune travesti qui singeait l'Ange Bleue et chantait "Ein Man, ein richtiges Mann" en terrible officier SS ayant la trouble impression d'être devenu enfin "ein richtiges Mann".....pauvre fou !

Le casting de ce film est à tout point éblouissant : citons bien sur Dirk Bogarde dans le rôle de Friedrich, René Kolldehoff dans le rôle de Konstantin, Ingrid Thullin dans le rôle de Sophie et surtout Helmut Berger dans le rôle de Martin. Tous, sans exception accomplissent un jeu d'acteurs d'une rare sincérité et sont pour beaucoup dans le caractère "grand classique" de ce film. Quelques années après Luchino Visconti tournera, toujours avec Dirk Bogarde, un magnifique film : Mort à Venise, dont le héros fera montre d'une certaine décadence , mais plus esthétique et artistique que celle contée dans les Damnés. Sauf que, comme un fait non dû au hasard, le héros de Mort à Venise (dont l'action se passe bien avant les évènements de 1933) s'appelle.... Aschenbach.


L'Image : 2/3

Détails techniques : Format video : 16/9 - Ratio : 1.85:1

Avis : Pour un film assez ancien (1969) le transfert proposé par cette édition est tout à fait correct. La colorimétrie de l'oeuvre originale semble respectée et les contrastes sont probants avec des parties sombres bien profondes. Le seul regret vient de la qualité initiale du master qui aurait gagné à être un peu plus dépoussiéré notamment au niveau des nombreux points blancs et des quelques tâches qui apparaissent tout au long du film. Pas de soucis du côté de la compression et on ne notera quasiment aucun fourmillement gênant.


Le Son : 1.5/3

Détails techniques : Dolby Digital 1.0 en français et en anglais - Sous-titres : français, anglais, espagnol, allemand et autres

Avis : Warner a pris le parti de nous proposer le mono d'origine. Comme d'habitude, j'approuve ce choix car il est en total respect avec l'oeuvre originelle de l'auteur. A choisir entre les deux bandes son, je vous conseille bien sur toujours la VO (ne serait-ce que pour le respect du jeu des acteurs), car elle semble plus précise que la VF, qui, une fois n'est pas coutume propose un excellent doublage des comédiens. De même, il m'a semblé que la musique était légèrement plus nasillarde dans la VF. Toutefois dans les deux cas les dialogues se font entendre de très bonne façon.


L'Interactivité : 0.5/3

L'ergonomie des menus :
Peu ou pas d'attention n'a été véritablement apportée dans l'élaboration des menus de ce DVD : malgré un format 16/9, les images des menus sont fixes et il n'existe pas de transition entre les sous rubriques. Le chapitrage est assez mal fait puisqu'en fait chaque vignette regroupe 4 chapitres au total. Pas facile dans ce cas de retomber sur une scène en particulier. L'ensemble des menus dispose cependant de la musique du film en arrière-plan sonore.


Les bonus :

Peu ou quasiment pas de bonus pour cette édition belge du film, qui, à la différence de l'édition française ne propose qu'un seul DVD contre 2 pour la France. On trouvera donc :

  • Bande annonce du film : d'une durée de 2mn 30s elle est au format 16/9 et de qualité correcte.
  • Visconti : un petit documentaire de 9mn sur le réalisateur et plus particulièrement le film (plusieurs extraits de tournage). On voit Visconti parler de son film et de son rapport au cinéma. Mais le documentaire est de piètre qualité (format 4/3) avec des images qui présentent des blancs complètement crâmés (il faut voir la vue finale du village de Spoleto...c'est quelque chose). Cependant, le tout est sous-titré.


  • Quel dommage que les bonus ne soient pas à la hauteur du film qui nous est proposé. Si vous avez aimé le film je vous recommande plutôt l'édition française dont le disque 2 de bonus semble apporter beaucoup plus d'éclairage sur un film aussi riche que les Damnés.


    Les Visuels : 0/1



    La pochette / Le packaging

    Cette édition est présentée dans un amaray simple aux couleurs rouge et blanche. Rien de transcendant si ce n'est cette image de Martin en travesti qui peut troubler l'acheteur s'il est ignorant du contenu du film.



    La sérigraphie

    La sérigraphie reprend une partie du recto de jacquette, mais même si la qualité de définition est bonne, la conception avec cette partie rouge qui regroupe les logos n'est pas très "marketing".....et encore je suis poli...!


    Note Finale : (14/20)

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