DVD A LA LOUPE

Résumé : De nos jours, en Irlande, un grand père bohémien offre à ses deux petits enfants, un cheval blanc baptisé "Tir Na Nog". Enlevé par la police, les enfants auront à cœur de le retrouver pour s'enfuir. Parti à leur recherche, leur père (un bohémien sédentarisé), retrouvera en même temps les racines de son peuple et sa raison de vivre.

Avis : Réalisé un an avant 4 mariages et un enterrement, le film de Mike Newell est un véritable conte de fées modernes : un grand père offre à ses deux petits enfants un cheval soi disant venu de la mer. Le soir au coin du feu, il leur raconte la légende de ce cheval : les yeux des enfants s'illuminent, c'est le début d'une profonde amitié et d'une intense communication entre les deux gosses et ce cheval "magique". Ca c'est pour la partie "enfantine" du film. Mais un cheval venu de la mer est un conte de fées également à un autre niveau : John Reilly (Gabriel Byrne – Usual Supsects), le père des enfants est un bohémien sédentarisé : suite à un drame familial (sa femme est morte à la naissance de son second fils), il a préféré vivre comme un irlandais traditionnel plutôt que de continuer d'errer sur les routes. Pour autant la vie n'est pas facile : chômage, petits boulots, alcool et cité dégradée composent désormais son quotidien. En partant à la recherche de ses enfants en fuite avec le cheval, il va devoir accomplir un véritable voyage aux sources de ce qui fait son âme, aux racines de ce qui compose tout son être : un bohémien, reste toujours un bohémien et la vie citadine ne peut effacer ce goût pour le voyage et l'errance. A travers cette aventure, John Reilly va véritablement comprendre ce qu'il est au fond de lui, le cheval agissant comme un révélateur de personnalité et de sensations non pas perdues, mais simplement mises en sommeil. C'est d'ailleurs cette dualité qui est intéressante dans le film : le cheval permet aux gosses de s'évader, de sortir de la noirceur de leur quotidien et de se considérer comme des cow-boys (d'où le titre anlais du film, into the West), leur plus grande fierté étant de savoir qu'ils sont recherchés et qu'une récompense est promise pour toute information les concernant. Mais le cheval va également guider leur père : John Reilly, en suivant ce cheval, va retrouver la tombe de sa femme (enterrée sans respect de la tradition bohémienne) : il comprend le message et s'efforcera de se racheter par rapport à toutes ces années perdues lors de sa sédentarisation. Le film de Newell est également intéressant à un autre titre : il est un magnifique hommage aux "travellers" irlandais (les gens du voyage), fait d'un savoureux mélange d'humour, de légende et d'aventures : humour, car quelques scènes sont assez drôles (scène où le cheval est caché dans l'appartement et casse les murs par des ruades dont la symbolique est réelle : un "traveller" n'est pas fait pour rester entre quatre murs) ; légende, car le cheval vient de la mer et repartira dans la mer, pour regagner le pays de l'éternelle jeunesse situé sous la mer ; aventure car l'errance des deux enfants à travers l'Irlande est assez bien filmée ainsi que leur poursuite tant par les pisteurs bohémiens que par la police. Un film émouvant donc, avec des sentiments forts (préparez quelques kleenex) et un scénario impeccable : un film qui permet de passer une très bonne soirée, petits et grands. Pour la petite histoire, Gabriel Byrne, d'origine irlandaise, s'est profondément investi dans le film (producteur associé), tandis qu'au scénario, on retrouve Jim Sheridan, qui réalisa My Left Foot (déjà situé en Irlande). Un cinéma comme on a peu l'habitude d'en voir sur les grands écrans. C'est rafraîchissant, fait de bons sentiments (sans jamais tomber dans le mélo de bas de gamme)…ouf, y'a encore des films qui font ce pourquoi le cinéma a été conçu : distraire, faire passer des émotions, sans jamais lasser le spectateur.

 
Le cheval venu de la mer - Edition 2003