DVD A LA LOUPE

Résumé : Dans un petit village anglais de la fin XVIIIème, une jeune fille se prend d'amour pour son voisin alors que sa mère veut la marier dans le beau monde.

Avis : Nouvelle adaptation au cinéma d'un roman à succès de Jane Austen, publié en 1813 et devenu un classique de la littérature, "Orgueil et préjugés" est une romance assez réaliste, qui évite à la fois les clichés du genre et toute mièvrerie pour montrer comment deux jeunes gens vont être amenés à découvrir chacun la vraie personnalité de l'autre. Premier long métrage du réalisateur Joe Wright, jusque là habitué des séries TV, ce film est remarquable par son esthétisme léché, qu'il s'agisse des décors, des costumes ou des paysages de la campagne anglaise filmés sous le soleil, la brume ou la pluie, et par une interprétation globalement très réussie. Si le succès en salles fut relativement modeste en France, la plupart des spectateurs ayant vu le film se sont montrés assez enthousiastes.

Dans l'Angleterre rurale de George III, la famille Bennet, ni pauvre ni riche, réunit cinq filles, dont le mariage est la principale préoccupation de leur mère (Brenda Blethyn). Celle-ci est surtout soucieuse de trouver des beaux partis pour ses filles, l'argent et la condition sociale prévalant pour elle sur les affaires de cœur. Tout semble aller pour le mieux pour l'aînée, la timide Jane (Rosamund Pike), amoureuse du riche Monsieur Bingley, qui ne paraît d'ailleurs pas indifférent aux charmes de la jeune fille. Cela parait plus compliqué pour la deuxième, Lizzy (Keira Knighley), au caractère bien trempé, et qui ne semble pas vouloir du Monsieur Collins (Tom Hollander) que sa mère aimerait bien la voir épouser. Lizzy a en effet croisé l'ombrageux Monsieur Darcy (Matthew Macfadyen), et si leurs rapports sont difficiles, encore compliqués par la présence du beau Monsieur Wickham (Rupert Friend), on sent chez les deux jeunes gens une attirance mutuelle qu'aucun ne veut reconnaître. Et il y a aussi la troisième fille Benneth, Lydia (Jena Malone), prête à tout pour trouver un beau parti. Intrigues amoureuses sur fond d'intérêts financiers vont fixer le destin des jeunes filles, avec la bénédiction du père Bennet (Donald Sutherland), beaucoup plus soucieux que sa femme des sentiments amoureux de sa progéniture... Le scénario s'attarde surtout sur le personnage de Lizzy, une jeune fille en avance sur son temps, intelligente et indépendante d'esprit. Néanmoins celle-ci, pourtant assez clairvoyante, va se tromper sur le vrai caractère de Darcy, avant de découvrir une personnalité qu'elle n'imaginait pas et qui va se révéler lors d'un affrontement assez poignant ayant lieu sous une pluie battante.

L'histoire est à replacer dans son contexte historique, avec des comportements de classe sociale assez marqués par ce qui donne le titre du film, l'orgueil des plus riches et les préjugés des plus pauvres. Si le père Bennet, Jane et Lizzy sont assez sympathiques, la mère a un comportement sans finesse qui ne sert pas forcément les intérêts de ses filles. Mais il n'y a pas que Madame Bennet pour organiser des mariages de raison, et Caroline, la sœur de Monsieur Bingley (Kelly Reilly), et la très riche Lady Catherine de Bourg (Judi Dench), ne vont pas se priver d'interférer dans les amours des jeunes gens. Le scénario est basé sur les dialogues entre les différents personnages dont on découvre petit à petit le caractère et les motivations. Evidemment, ce métrage ne comporte aucune scène d'action, mais si l'on s'intéresse aux personnages, le film passe rapidement, sans ennui, et même avec un certain suspense quant au dénouement dont on ne découvre qu'au dernier moment s'il va être heureux ou dramatique. Keira Knightley illumine le film de sa présence, trouvant là l'un de ses plus beaux rôles, et Joe Wright la choisira à nouveau comme héroïne de son film suivant, le très beau "Reviens-moi". En face d'elle Matthew Macfadyen, jusque là surtout cantonné dans des séries TV, est une excellente surprise, réussissant à jouer un personnage froid et inconsistant en surface, mais que l'on découvre peu à peu sensible et plein d'humanité au fond de lui-même. Au niveau des seconds rôles, on notera la performance de Donald Sutherland, qui, comme toujours, trouve le ton juste en père Bennet, et celle de Rosamund Pike, beaucoup plus en nuances que quand on l'avait découverte un peu figée en James Bond naughty girl de "Demain ne meurt jamais".

Cette version de "Orgueil et préjugés" n'a rien à envier à celle réalisée en 1940 par Robert Leonard, et se situe au niveau du roman, même si le scénario écrit par Deborah Moggach et Emma Thompson s'en éloigne quelque peu, contraint par la durée limitée du métrage. Et cette édition blu-ray, rendant hommage à une très belle photographie, est une excellente occasion de le découvrir si l'on a pas eu la chance de le voir au cinéma.

 
Orgueil et préjugés (Blu-ray)