Résumé : M. Hire vit depuis des années dans le même appartement, ni pauvre ni riche. Il attend. Alice, qui loge dans un studio juste en face, se rend brusquement compte qu'il l'observe depuis des mois. Il sait tout d'elle et en tombe amoureux, alors qu'Alice est éprise d'Emile et prête a tout pour le protéger.
Avis : "Monsieur Hire" est un remake du film "Panique" que Julien Duvivier avait réalisé en 1946 en s'inspirant d'un roman de Georges Simenon, "Les Fiançailles de M. Hire". Patrice Leconte réalise là, en sortant complètement de son genre habituel, un drame policier teinté de poésie et de romantisme, qui constitue probablement son meilleur film, même s'il n'a pas connu, et de loin, autant de succès que certaines de ses comédies populaires, comme la série des "Bronzés" ou "Viens chez moi, j'habite chez une copine". Michel Blanc sort également du registre qui était jusque là le sien pour interpréter de manière magistrale et bouleversante le rôle titre, un homme timide et effacé, incompris et peu aimé par ses voisins qui lui reprochent sa froideur et son mutisme.
Monsieur Hire est un tailleur qui vit seul depuis de nombreuses années dans un petit appartement. Il n'aime pas la compagnie, n'a aucun ami intime, et ce solitaire qui dort peu observe par sa fenêtre, dans le noir de la nuit, la chambre éclairée de sa voisine d'en face, en se passant en boucle le disque d'un quatuor de Brahms. Il est ainsi devenu amoureux de la jolie Alice, mais il sait que cet amour est sans espoir, la jeune femme étant elle-même éperdument amoureuse d'Emile (Luc Thuillier), un garçon à la personnalité pourtant peu engageante. La vie va se compliquer pour Monsieur Hire le jour où l'on découvre le cadavre de Pierrette Bourgeois, assassinée le jour de ses 22 ans pour lui voler son sac à main. L'enquête est confiée à un inspecteur (André Wilms) qui va vite soupçonner cet homme étrange dont tout le monde se méfie. Et puis Alice, à la faveur d'un orage qui éclaire l'appartement de Hire, découvre qu'elle est victime d'un voyeur qui doit tout savoir de ses moments les plus intimes. La jeune femme va pourtant se rapprocher de cet homme sans trop sembler lui en vouloir, d'autant plus qu'il lui avoue son amour pour elle… le scénario réserve quelques moments très romantiques entre les deux personnages principaux du film, dans un jeu très ambigu de vérité et de mensonges où les mobiles profonds de chacun ne correspondent pas forcément à ce qui apparaît en surface. La tension est palpable et ne fera qu'augmenter jusqu'à un final noir et dramatique et un épilogue surprenant qui laisse le spectateur bouleversé, avec une boule de tristesse en travers de la gorge.
En plus d'un scénario bien construit, le film bénéficie du jeu des acteurs, principalement d'un Michel Blanc qui se révèle plus brillant dans le drame que dans la comédie, et d'une Sandrine Bonnaire à la fois rayonnante et mystérieuse. On soulignera également la justesse du jeu d'André Wilms en inspecteur pointilleux qui recherche de la vérité. La réalisation de Patrice Leconte est parfaitement maîtrisée, en s'inspirant sans s'en cacher du "Fenêtre sur Cour" d'Hitchcock, et il ne tombe pas dans le piège de rallonger l'intrigue pour amener son film à une durée classique de 90 minutes, préférant conserver la densité et l'efficacité du scénario. Les gros plans sur le visage du Hire voyeur, et des scènes à la fois sages et torrides comme celle des tomates dans l'escalier, donnent une atmosphère volontairement dérangeante à l'histoire avant qu'elle ne débouche sur un destin tragique pour ses protagonistes.
"Monsieur Hire" est un beau film d'amour, même si cet amour débute par un voyeurisme coupable. L'esthétisme léché de la photographie de Denis Lenoir, la poésie et le pathétique de certaines situations (les souris, la reconstitution du meurtre), le tout souligné par une musique élégante, souvent lancinante et toujours merveilleuse de Michael Nyman, rendent ce film marquant et difficile à oublier, et il mérite d'autant plus d'être redécouvert qu'ayant été filmé de manière intemporelle, il n'a pratiquement pas pris une ride, vingt ans après sa sortie.
L'Image :
2.5/3
Détails techniques
:
Format Vidéo : 16/9 - Ratio : 2.35:1
Avis :
Le transfert de l'image a été soigné, avec des couleurs naturelles et bien saturées, et des contrastes tout à fait satisfaisants grâce à des noirs marqués. La définition est plutôt bonne, avec toutefois un peu de grain lors de certaines scènes sombres. La compression a également été réalisée avec soin et ne se laisse pas trop deviner. Ce soin apporté dans le transfert permet de souligner au mieux la grande qualité artistique de la photographie.
Le Son :
2/3
Détails techniques
:
Dolby Digital 5.1 et 1.0 en Français
Avis :
La piste 5.1 sert surtout à donner du volume à la musique, avec en plus quelques bruitages spatialisés, mais le film laisse peu la place aux effets sonores particuliers. Rien à dire sur le plan technique, avec des dialogues clairs et une musique très bien rendue. La piste mono est également bonne techniquement, mais avec évidemment moins d'ampleur.
L'Interactivité
:
1.5/3
L'ergonomie
des menus :
Les menus sont animés et sonorisés. Le film est découpé en 16 chapitres. On peut changer de piste audio (y compris les commentaires) à la volée. A noter que les commentaires sont indiqués dans le menu version et non dans les bonus.
Les bonus :
Nombreux, mais avec beaucoup de redites, et il manque quelques images de tournage ou un petit making of.
Commentaires audio de Patrice Leconte. Le débit est plutôt lent, avec quelques blancs, et les propos sont plus pour expliquer l'histoire que les aspects techniques. On apprécie surtout l'évidente sincérité du réalisateur, qui souligne néanmoins qu'il est heureux d'avoir pu réussir ce film comme il le voyait a priori.
Essais comédiens. Scène d'essai entre Alice et Emile, de 9 minutes en 4/3.
Conférence presse de Patrice Leconte et Michel Blanc, lors de la sortie du film (11 minutes, 4/3), chacun expliquant sa vision du film
Souvenirs de Cannes. Reportage et interviews de Michel Blanc et Patrice Leconte, réalisé lors du festival de Cannes 89 (2 minutes en 4/3). Il n'y a pratiquement que des redites par rapport aux bonus précédents, ce qui prouve au moins que cela correspond bien à ce que les interviewés pensent du film.
Interview de Patrice Leconte à Cannes en 1989 (2 minutes en 4/3). Leconte revient une nouvelle fois sur ses motivations. Anecdotique après les bonus précédents.
Film annonce en 16/9, format cinéma respecté.
Filmographie de Patrice Leconte, sur deux pages 16/9. Bizarre de ne pas avoir ajouté celles de Blanc et Bonnaire.
Galerie de photos sous forme d'un diaporama sonorisé de deux minutes, au format 16/9 .
Les Visuels :
0/1
La pochette / Le packaging
Boîtier amaray transparent, sans que soit utilisée la possibilité d'imprimer la liste des chapitres au verso de la jaquette. Le visuel reprend l'affiche du film, avec en plus les critiques (élogieuses) du "Monde" et de "Première". A noter que la page des caractéristiques techniques donne un résumé qui est à mon sens, un spoiler éhonté. A éviter si possible de le lire si vous n'avez jamais vu le film.
La sérigraphie
La sérigraphie reprend également l'affiche du film, avec une place non négligeable prise par de nombreux logos et des textes légaux, tous pas très discrets.
Note Finale
: (15.5/20)
Commentaires concernant cette critique
- le 26/02/2009 à 21:23 par asiafan : J'avais vu ce film à la télé il y a très longtemps; pourtant je ne l'ai jamais oublié. La "faute" à Michel Blanc, effectivement magistral. On est loin de l'image de J-C Dusse (rôle tout aussi bien interprété par ailleurs). Et cette fin tragique... Un très beau film sur les préjugés, l'amour fou, ... Bonne critique, note juste.
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