DVD A LA LOUPE

Résumé : Arsène Lupin est un voleur insouciant, détroussant l'aristocratie parisienne grâce à son charme redoutable. Sa rencontre avec une ensorcelante aventurière, la comtesse de Cagliostro, va transformer le pickpocket débutant en voleur de haut vol, et le lancer sur la piste du trésor perdu des rois de France…

Avis : En s'inspirant d'éléments piqués dans plusieurs romans de Maurice Leblanc, et en particulier ceux consacrés à la jeunesse d'Arsène Lupin, Jean-Paul Salomé met en scène une œuvre à grand spectacle, flamboyante par certains aspects, dont une grande richesse dans les costumes et les décors, rehaussée par des effets spéciaux dignes de grosses productions hollywoodiennes. Mais si l'histoire présente quelques aspects très plaisants, et en particulier une première partie assez prenante, la mayonnaise ne prend pas vraiment à cause d'un rythme inégal, et surtout d'un scénario, élaboré par le réalisateur en collaboration avec Laurent Vachaud, trop touffu dans la deuxième heure du film, et trop éloigné de la biographie archi-connue du gentleman-cambrioleur. On a du mal à s'y retrouver devant la multitude des personnages, sans parler de ceux qui changent d'identité, et de plus le film se termine sur un épilogue interminable et très peu satisfaisant. Comme pour "Blueberry", la sophistication ne suffit pas à faire passer le fait qu'on ne retrouve pas vraiment le héros que l'on connaît, et l'introduction d'éléments fantastiques n'arrange rien, bien au contraire. Cette impression de semi-gâchis est d'autant plus nette que les acteurs sont plutôt bons, que ce soient Romain Duris dans le rôle titre, Kristin Scott-Thomas (Joséphine Balsamo, comtesse de Cagliostro), Eva Green (Clarisse de Dreux-Soubise) ou Pascal Greggory (Beaumagnan).

La vie du jeune Arsène Lupin bascule le jour de la mort de son père Théophraste, assassiné par un complice, cambrioleur comme lui. Quinze ans plus tard, il a suivi les traces de son père et hante les milieux huppés où il dérobe bijoux et tableaux de maîtres. C'est par hasard qu'il sauve de justesse de la noyade une aventurière ensorcelante, la comtesse de Cagliostro, condamnée à mort par une secte royaliste qui recherche un trésor fabuleux amassé par les rois de France. Alors que le cœur du jeune homme balance entre le charme vénéneux de la mystérieuse comtesse et la fougue innocente de sa cousine Clarisse, il se lance à la recherche du trésor, quête qui nécessite de mettre la main sur trois crucifix qui en révèleront la cache. Poursuites dans un train, haute voltige dans la cathédrale de Rouen, fusillades et explosions à Paris, cascades impressionnantes sur les parois de l'aiguille d'Etretat, vont rythmer cette quête, alors que le passé tend à ressurgir à travers la comtesse et l'énigmatique Beaumagnan, lequel semble jouer un étrange double jeu. L'histoire principale, d'une tonalité globale plutôt sombre, se termine sur un coup de théâtre dramatique, l'épilogue du film se situant à nouveau vingt ans plus tard quand un Lupin d'âge mûr se retrouve à nouveau face à la Cagliostro, lors d'évènements qui mèneront bientôt à la première guerre mondiale.

Le charme principal de cet "Arsène Lupin" réside dans la reconstitution réussie de la France de la fin du XIXème, et le large budget dont disposait le réalisateur se sent à travers des costumes et accessoires d'une grande variété, le style baroque et clinquant allant bien avec la légèreté insouciante affichée par le héros principal, avant que les drames de la vie n'en fasse un personnage beaucoup plus torturé. Les effets spéciaux sont nombreux et globalement réussis, sauf l'épisode de l'aiguille. Côté casting, Romain Duris interprête son rôle avec l'élégance voulue, sans trop pousser le trait, Kristin Scott-Thomas utilisant ses remarquables qualités de comédienne pour incarner une Joséphine Balsamo à deux visages, la femme sensuelle et passionnée, et l'aventurière démoniaque et sans pitié. En contrepoint, Eva Green, alors encore peu connue malgré son jeu remarquable révélé dans "Innocents" de Bertolucci, apporte sa beauté lumineuse au personnage de Clarisse, de loin le plus sympathique du film, alors que Pascal Greggory campe sans manichéisme un méchant ambigu.

On a l'impression décevante que Jean-Paul Salomé avait en main tous les ingrédients pour réussir un superbe film d'aventure populaire, mais ici la juxtaposition d'éléments plutôt bons ne conduit pas à un résultat satisfaisant, essentiellement à cause du scénario, le montage pouvant aussi apparaître un peu décousu. Il reste au spectateur quelques passages spectaculaires et de belles images soutenues par une musique tout à fait réussie de Debbie Wiseman.

 
Arsène Lupin - Edition belge