DVD A LA LOUPE

Résumé : Rémy est un jeune rat qui rêve de devenir un grand chef cuisinier. Ni l'opposition de sa famille, ni le fait d'être un rongeur dans une profession qui les déteste ne le démotivent. Rémy est prêt à tout pour vivre sa passion de la cuisine... et le fait d'habiter dans les égouts du restaurant ultra coté de la star des fourneaux, Auguste Gusteau, va lui en donner l'occasion. Malgré le danger et les pièges, la tentation est grande de s'aventurer dans cet univers interdit. Ecartelé entre son rêve et sa condition, Rémy va découvrir le vrai sens de l'aventure, de l'amitié, de la famille... et comprendre qu'il doit trouver le courage d'être ce qu'il est : un rat qui veut être un grand chef...

Avis :  « Ratatouille » est le dernier né de a maison PIXAR. Ce studio, fondé au milieu des années 80 sur la passion de quelques foutraques de l’informatique s’est vite révélé comme le précurseur et le fer de lance de l’animation 3D . Après une floppée de courts métrages (à redécouvrir de toute urgence dans le volume 1 sorti tout récemment) qui ont permis de faire connaître l’originalité et la qualité de leurs productions, cette maison a décidé de se lancer dans le long métrage dés 1996 avec « Toy Story ». Enorme succès !!! Bien que rattaché à la firme Disney dans la distribution de ses (chef d’) œuvres, l’engagement profond de John Lasseter dans la volonté de faire quelque chose de différent a permis, en toute indépendance de continuer sur une très belle lancées avec les hilarants « 1001 pattes » relecture picaresque des « Sept samouraï », c’est peut être bien mon Pixar préféré), « Toy Story II » et « Monstres et compagnie » tout ça en 6 ans à peine. C’est après ça que les choses se gâtent. Forts de leur succès mondial et de l’investissement de Lasseter dans la production, celui-ci se retire de la réalisation déjà avec le dernier film cité. Les films commencent alors à se standardiser au fur et à mesure que leur technique évolue dans le positif. Les nouveaux réalisateurs, moins originaux livrent alors « Le monde de Nemo » et « Les indestructibles » que je ne peux m’empêcher de dénigrer car répondant visiblement bien trop au cahier des charges Disney, alors en pleine déconfiture et qui envisage sérieusement d’abandonner le dessin animé traditionnel. Après le rachat de Pixar par Disney, ce qui sauva la vieille maison de la banqueroute, nous étions en droit de nous attendre au pire mais le grand retour de Lasseter aux commandes de « Cars » marqua le début d’un certain renouveau qui risquait fort de s’écrouler avec le projet scabreux de ce « Ratatouille », l’histoire d’un rat d’égout rêvant de devenir chef cuistot dans un grand restaurant français. Cela promettait des clichés à la pelle, rythme typiquement américain et morale appuyée. Ceci m’ayant freiné pour aller voir le film au cinoche, je me suis rabattu un peu par la force des choses sur le dvd et celui-ci a été plus qu’une excellente surprise.

Quel rythme, quelle fraîcheur, quelle beauté que ce film ! Les studios PIXAR ont prouvé qu’ils avaient retrouvé l’âme de leur prime jeunesse et le public, venu en masse (presque 8 millions d’entrée tout de même, ne s’y est, pour une fois, pas trompé. C’est Brad Bird qui s’est cette fois-ci collé à la réalisation. Il est connu pour avoir repris en cours de route le passable « Les indestructibles » mais il est surtout à l’origine du sous estimé « Le géant de fer », superbe dessin animé classique produit pour le compte de la major Warner quelques années plus tôt. Sur « Ratatouille », l’ensemble de sa mise en scène est tout simplement parfaite. Que ce soit de l’image 3D en elle-même, en passant par les choix esthétiques et le montage, Mr Bird a su faire preuve d’inventivité, de talent et ce sans jamais verser dans l’esbroufe inutile et tape à l’œil . C’est avec un très grand sérieux que ce film a été filmé et ont ainsi été ôté toute notion parodique qui parasitait sa première collaboration avec le studio. Il n’a ainsi rien à envier à nombre de chef d’œuvre de l’animation traditionnelle.
On appréciera bien sur la linéarité de l’action dans les scènes en mouvement, le réalisateur ayant privilégié le mini plan séquence au montage épileptique mais aussi le détail et la profondeur de champs de chaque scène, ceci prouvant à quel point, en 10 ans, la technologie a évolué. Dans le même temps, le design général est agréablement doux et de la campagne aux égouts, du resto aux cuisines, de la ville de Paris aux petits appartements perchés sous les toits, l’ensemble des décors est d’une beauté indéniable et ne verse jamais dans l’image de carte postale que nous aurions pu craindre.

Comment ne pas parler maintenant du scénario tant celui-ci s’est avéré surprenant d’originalité ? Bien loin de tous les clichés dont on était en droit de s’attendre dans ce genre de production, « Ratatouille » bouleverse autant qu’il émeut, amuse autant qu’il fait rire et passionne autant qu’il fait vibrer ses spectateurs. Mais jamais ne s’amuse à verser dans les excès d’action des « Indestructibles » ou de la sensiblerie familiale d’un « Nemo ». Grâce à l’audace de son scénario, le film permet plusieurs niveaux de lecture tant il s’avère intelligent et même parfois polémique. A travers des personnages des personnages formidablement bien construits et attachants tous autant qu’ils sont, il permet ainsi de poser des questions sur l’intégration, sur la notion de talent sa différence avec le génie, sur la paternité ainsi que sur l’amour, sur le métier de critique, ces personnes engoncées dans des a priori à force de flirter avec le parfait et la perfection. Le film s’intéresse aussi à la société de consommation, la consommation de masse et l’exploitation du génie de certains pour vendre des produits au rabais (parabole d’Hollywood ????).
Sans jamais non plus oublié son thème principal, à savoir la cuisine et la notion de gastronomie, le film nous fait nous interroger sur c’est que la notion de manger et celle de se régaler, d’ingurgiter et de goûter, de prendre plaisir à se sustenter et celui de se remplir l’estomac. Dans un même temps il présente la cuisine comme un art et comme tout art, celui-ci doit il forcément être incroyablement complexe et recherché ou doit il e^être le fruit d’une passion et de recherche de pureté dans la simplicité ???
Comme vous pouvez le voir, ce film est donc loin d’être idiot et formaté pour le public infantile mais il n’oublie pas non plus son lot d’actions et d’aventures trépidantes, vécues par le petit rat Rémy, sa famille immigrée en ville et son pote humain Linguini. Justement alternée avec des séquences plus émotionnelles, ces scènes permettent de donner un rythme plus qu’entraînant à ce métrage
Je voudrais intervenir sur un dernier point. Ce film, selon moi, a été réalisé comme un hommage vibrant aux dessins animés traditionnel de nos parents et de notre enfance. Non seulement il renoue bien plus qu’un « Shrek » avec la philosophie du film familial (au sens large, à savoir captation live et D.A) mais il s’inscrit dans une continuité de celui-ci. J’en veux pour preuve tout ce qui a été dit auparavant mais aussi ce générique, dessiné à l’ancienne, rappelant les illustrations d’un Quentin Blake ou le dessin de la grande époque Disney. Cette volonté s’inscrit jusque dans les pages de menus et même certains bonus qui font partie d’émissions tirées de Disney Channel. On se croirait un peu revenu au temps des « Aristochats » ou « De la belle et le clochard » mais le réalisateur et son équipe n’ont pas voulu se réfugier dans le formol et ont livré quelque chose de résolument moderne, une sorte de renouveau comme « Toy Story » il y a un peu plus de 10 ans maintenant

Alors n’hésitez pas. Enfants, ados, parents, grand parents, ruez vous sur ce petit bijou d’animation. Chacun y trouvera son compte dans ce lot d’aventures et d’émotions. « Ratatouille » est ce qu’on a vu de mieux depuis « Shrek » premier du nom (je ne parle pas de ces calamiteuses suites) en terme de cinéma familial. Rejoignant le génie d’un « 1001 pattes » ou d’un « Livre de la jungle », ce film est à mettre entre toutes les mains. Et puis nous autres français, ne pouvons rester insensibles à ce cri d’amour qu’il a pour la France, pour sa gastronomie et sa capitale. C’est suffisamment rare dans un film américain pour être signalé !

 
Ratatouille - Edition collector / 2 DVD