surfeur51
Blade Runner - Coffret édition limitée / 5 DVD |
DVD sorti le
05/12/2007 |
Le Film :
10/10 |
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Résumé : Los Angeles, 2019. Dans les dernières années du 20ème siècle, des milliers d'hommes et de femmes partent à la conquête de l'espace, fuyant les mégalopoles devenues insalubres. Sur des colonies, une nouvelle race d'esclaves voit le jour: les "répliquants", des androïdes que rien ne peut distinguer de l'être humain. Mais suite à une révolte, ces derniers sont peu à peu "retirés". Quatre d'entre eux parviennent cependant à s'échapper et à s'introduire à Los Angeles. Chargé de les exécuter, le détective privé Rick Deckard se lance à leur recherche...
Avis : "Blade Runner" sortit en salles en 1982, dans une version retouchée à la demande des studios suite à une projection-test considérée comme désastreuse. Le réalisateur Ridley Scott, peu satisfait de cette version cinéma, remonta en 1992 une version plus proche de son idée initiale, mais pas encore totalement aboutie, et qui sortit en vidéo. De sombres affaires de droits ayant retardé la finalisation de son projet, ce n'est qu'aujourd'hui que l'on peut découvrir la version définitive de ce film. La présente édition DVD, ultra-complète, permet de réunir les versions principales de ce thriller futuriste, et, après une analyse générale du film, on détaillera leurs spécificités.
Le scénario de "Blade Runner", écrit par Hampton Fancher et remanié par David Webb Peoples, est inspiré d'un roman de Philip K. Dick, "Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?". Il décrit un univers extrêmement noir, situé dans un futur proche, où quatre robots à apparence humaine, des "répliquants" de type Nexus 6, sont pourchassés par un chasseur de prime chargé de les exterminer, Rick Deckard (Harrison Ford), un "blade runner" (un "faucheur"). Celui-ci est accompagné d'un policier, Gaff (Edward James Olmos), les quatre fugitifs étant deux robots-homme, Roy Batty (Rutger Hauer) et Leon Kowalski (Brion James), et deux robots-femme, Pris (Daryl Hannah) et Zhora (Joanna Cassidy). Comme tous les autres répliquants, ils ont été fabriqués par la puissante société Tyrell Corporation, et ont une durée de vie limitée à quatre années. En plus d'échapper au blade runner, leur objectif est de retrouver Eldon Tyrell (Joe Turkel) et J.F. Sebastian (William Sanderson), leurs créateurs, pour obtenir d'eux une rectification génétique leur autorisant une prolongation de vie. Par ailleurs ils ne sont pas faciles à repérer, tant ils sont semblables aux humains, et il n'y a guère que le test d'empathie, dit "test Voight-Kampff", qui permet de les confondre à partir de leur absence de réactions affectives involontaires. Tyrell, quant à lui, s'est fabriqué pour son usage personnel une répliquante particulièrement jolie, Rachel (Sean Young), dont la vie n'est pas limitée, qui ignore sa condition de répliquante parce qu'on lui a implanté des souvenirs, et dont Deckard va tomber amoureux…
Le film se distingue par ses décors futuristes marqués par la présence de véhicules volants, et par son atmosphère très sombre. Los Angeles est devenue une mégalopole de béton d'où la vie végétale et animale a pratiquement disparu, sauf bien sûr les hordes humaines qui vivent tristement entassées dans la saleté. Le progrès n'a apporté à la plupart qu'une vie misérable, et le seul avenir qui laisse un peu d'espoir semble être d'aller coloniser d'autres planètes. La lumière du jour n'arrive plus à percer les nuages épais dus à la pollution, qui déversent en permanence leur pluie sur la ville, et seuls les néons publicitaires éclairent ce monde claustrophobique, plongé dans la nuit et représentatif d'un futur peu enviable. Si le scénario, essentiellement une quête policière, s'attache à la traque des répliquants par Deckard, il se veut aussi la description de ce qui attend l'humanité si elle n'apprend pas à gérer son devenir, un message qui a maintenant vingt cinq ans mais qui reste plus que jamais d'actualité. Ridley Scott, en perfectionniste de l'image, réussit ici à peindre un monde noir et pessimiste, à tel point que c'est justement ce côté sombre qui lors des tests a déçu les spectateurs et effrayé les producteurs, lesquels ont exigé un happy end pour la sortie en salles. L'esthétique particulière de la photographie, tout en ombre et lumière, est aussi marquée par le contraste entre une technologie avancée et des costumes et modes de vie qui font plutôt penser aux années d'après guerre. Certaines séquences sont particulièrement violentes, et les différentes versions du film en montreront un peu plus ou un peu moins suivant le côté de l'Atlantique où l'on se trouve. Enfin, en jouant sur les ambiguïtés du personnage de Deckard, une sorte d'anti-héros désabusé et un peu porté sur l'alcool, on peut se demander s'il n'est pas lui-même un répliquant, aucune réponse définitive n'étant fournie mais les indices pour l'une ou l'autre hypothèse étant plus ou moins marqués selon les différentes versions du film. Le jeu des acteurs est excellent, Harrison Ford et Rudger Hauer dominant le casting, et Sean Young, une actrice plus connue pour sa beauté que pour la variété de son jeu, trouve là son meilleur rôle en femme fatale qui va passer du rêve à la réalité. Sur le plan technique, il faut souligner que tous les effets spéciaux ont été réalisés de manière classique par l'équipe de Douglas Trumbull, avec l'avantage d'un réel parfum d'authenticité. Le rythme assez lent, il y a peu de scènes très spectaculaires, le spectateur étant surtout fasciné par l'esthétisme de la photo, souligné par une musique envoûtante…
Tous ces éléments, l'ambiance, l'originalité de l'histoire, son mystère et les interrogations qu'elle suscite ont petit à petit fait de "Blade Runner" un film-culte, incontournable pour les fans de science-fiction. Il apparaît aujourd'hui comme une fable futuriste cruelle avec une portée philosophique assez marquée, la perte d'humanité chez les hommes s'opposant à la découverte de sentiments humains chez les robots. Le débat est vain de savoir quelle est la meilleure version, chacun pesant différemment les différents critères, mais l'histoire du film lui-même avec les vingt cinq ans passés entre son tournage et sa version définitive fait aussi partie du mythe.
La version de travail ("workprint") - Disque 5 C'est la version qui fut montrée au public-test lors des avant-premières de Denver et de Dallas. Très noire, elle est mal reçue parce que le scénario est difficile à suivre, la fin ambiguë et triste, et à cause de nombreuses scènes violentes. Le public, qui rêve d'un avenir radieux et dont la référence fantastique à l'époque est "La guerre des étoiles" est décontenancé par ce film dur, et les producteurs craignent un rejet au niveau du grand public, malgré la notoriété acquise par Ridley Scott avec "Alien", trois ans plus tôt.
La version cinéma américaine - Disque 3 Les producteurs ont exigé un certain nombre de modifications par rapport à la version de travail, lesquelles s'avèrent assez fondamentales. En voix off, le personnage de Deckard explique le contexte de quelques scènes, permettant de mieux suivre et mieux comprendre un scénario complexe et qui utilise un vocabulaire spécifique. Une nouvelle fin très "happy end" est ajoutée, et l'on voit enfin des rayons de soleil et de la verdure apparaître, tranchant avec l'esthétique noire et bétonnée du reste du film. Enfin, certains passages particulièrement violents sont édulcorés. A noter que le montage des scènes et plusieurs morceaux de musique sont également différents de la "workprint". Malgré ces changements, le film est un échec aux Etats-Unis.
La version cinéma européenne - Disque 3 Très proche de la version américaine, elle a été moins censurée concernant les scènes violentes (Batty enfonce ses pouces dans les yeux de Tyrell, Priss soulève Deckard par les narines, et Batty se plante un clou dans la main...). En France, le film a plus de succès qu'aux Etats-Unis et reçoit un accueil assez favorable du public, avec deux millions d'entrées.
La version Director's cut de 1992 - Disque 3 Ridley Scott n'ayant jamais vraiment accepté les changements effectués pour les sorties en salles a remonté une version qui sortit en vidéo, laserdisc, puis en DVD et qui jusqu'à aujourd'hui était devenue la seule version disponible. La voix off est supprimée, ainsi que le "happy end", mais les scènes violentes qui distinguaient la version salle américaine de la version salles européenne n'y apparaissent pas. On a donc une version plus proche de la "workprint", aseptisée au niveau de la violence, avec montage et musique différents. De plus une courte scène montrant une licorne dans un rêve de Deckard apporte un peu de mystère à son personnage, semant le doute sur le fait qu'il est ou non lui-même un répliquant.
La version définitive de 2007 - Disque 1 Alors que beaucoup attendaient une vraie nouvelle version, Ridley Scott se contente de retoucher sa director's cut en rajoutant quelques unes des scènes violentes déjà vues dans la version salles européennes, en modifiant certaines images grâce aux techniques digitales qui permettent de corriger quelques défauts pas très heureux (le visage de Zhora lors de sa mort, et l'envol de la colombe lors de la mort de Batty), et en remasterisant le son en 5.1. Il s'agit plus d'un lifting pour peaufiner un film qui reste pratiquement le même qu'une vraie évolution, ce qui peut paraître décevant compte tenu du tapage médiatique fait depuis plusieurs années sur cette version ultime que beaucoup voyaient comme une réécriture du film.
Le grand mérite de la présente édition DVD est qu'elle permet à chacun de vivre l'histoire à rallonge de ce film, exceptionnel à de nombreux points de vue. Mais au final, on pourra se contenter de comparer les deux versions les plus extrêmes, la version salles américaines, la plus "douce", et la version définitive, la plus "dure" et la meilleure sur le plan technique (la "workprint" reste plutôt un objet de curiosité, avec une qualité technique moyenne).
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L'Image :
3/3 |
Détails techniques
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Format Vidéo : 16/9 - Ratio : 2.40:1
Avis :
L'image de la version définitive, exempte de tout défaut de pellicule, a été entièrement restaurée et remasterisée, et se différencie légèrement de la director's cut sur le plan de la colorimétrie qui tire sur le bleu sombre, avec de forts contrastes liés aux éclairages des néons, les noirs étant intenses. La définition est très précise et un soin particulier a été apporté à la compression, quasiment invisible. Les aspects artistiques sont exceptionnels, Ridley Scott, aidé du directeur de la photographie Jordan Cronenweth, retrouvant souvent l'esthétique qui caractérisait certaines scènes de son "Alien". L'image des versions présentes sur le disque 3 est aussi très belle, et correspond à la remasterisation de la Director's cut faite en 2006. Seule la workprint est nettement en dessous sur le plan de la qualité, malgré une restauration, avec une image trop sombre et souvent granuleuse.
[ Voir
le Top Image pour ce DVD ]
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Le Son :
3/3 |
Détails techniques
:
Dolby Digital 5.1 en Français, Anglais et Italien pour la version définitive (disque 1). Dolby Digital 5.1 en Anglais et 2.0 en Français et Italien pour les versions du disque 3. Dolby Digital 5.1 en Anglais pour la version de travail (disque 5). Sous-titres : Français, Anglais, Italien, Hollandais sur toutes les versions.
Avis :
Là aussi, la bande son a été remasterisée en 5.1 pour la version définitive, lui donnant une ampleur et une richesse excellente, y compris en VF. Les enceintes sont utilisées pour des effets bien spatialisés, et pour donner du volume à la partition musicale de Vangelis, mythique, qui allie avec bonheur synthétiseurs et saxophones pour une ambiance classique et sombre. Les versions du disque 3 ne sont qu'en surround pour la VF, mais sont néanmoins assez plaisantes, mais bien sûr la musique se fait moins présente dans les deux versions qui utilisent la voix off. Dans les versions salles, la magnifique musique du générique final se superpose, à son début, avec les images de la fin du happy end.
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L'Interactivité
:
3/3 |
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L'ergonomie des menus :
Le menu principal est animé et sonorisé, avec une esthétique dans les bleus sombres rappelant l'ambiance du film. Les autres menus sont fixes, avec transitions animées. Le film est découpé en 36 chapitres, mais les vignettes ne permettent d'atteindre directement qu'un chapitre sur deux. On peut changer de langue et sous-titres à la volée.
Les bonus :
Répartis sur tous les disques il y a une profusion de bonus, mais on regrettera que pour une telle édition les commentaires du film se soient pas sous-titrés. Sur le disque 1:
Introduction de Ridley Scott en VOst, qui se contente de dire que cette final cut est sa version préférée.
Commentaire de Ridley Scott en VO non sous-titrée. Le réalisateur s'exprime pratiquement sans temps mort et axe ses propos sur les choix qu'il a été amené à faire, tant du point de vue technique qu'artistique. Intéressant… pour les anglophones…
Commentaire des scénaristes Hampton Fancher et David Peoples, et des producteurs Michael Deely et Katherine Haber, en VO non sous-titrée. Ici, les propos sont sous forme d'échanges interactifs, dans la bonne humeur, avec de nombreuses anecdotes.
Commentaire des membres de l'équipe technique Syd Mead, Lawrence G. Paull, David L. Snyder, Douglas Trumbull, Richard Yuricich et David Dryer. Souvent un troisième commentaire est synonyme de redites, mais c'est très peu le cas ici, avec un éclairage particulier sur les aspects techniques du tournage. Sur le disque 2 :
"Des temps difficiles : le making of de Blade Runner". Documentaire monumental de 3h30 en 16/9 VOst : tout sur "Blade Runner", avec le roman d'origine, le choix du casting, les décors et les péripéties que connaîtra le tournage, souvent difficile, jusqu'aux avatars des différentes versions. Découpé en 8 chapitres, ce making of comblera tous ceux que les commentaires en VO sans sous-titres auraient pu frustrer. Sur le disque 4, série de modules en 16/9 VOst: La création : trois modules consacrés au roman qui a inspiré le film : "Le rêveur électrisé: L'auteur Philip K. Dick" (14 minutes) présente l'auteur du roman, "Le mouton du sacrifice: le roman versus le film" (15 minutes) compare le livre au film, et "Entretiens avec Philip K. Dick" nous permet de mieux connaître l'homme à travers 14 modules audio en VO sans sous-titres.
La fabrication : cinq modules consacrés à la réalisation du film : "Signes des Temps: Design graphique" (14 minutes), "En avance sur la mode: costumes et style" (21 minutes), "Screen Tests: Rachael et Pris" (9 minutes avec Nina Axelrod (Rachel) et Stacey Nelkin (Pris)), "La lumière qui brûle: le souvenir de Jordan Cronenweth" (20 minutes), et 19 scènes soit inédites soit alternatives. Parmi ces scènes on notera deux happy ends alternatives, et la scène du baiser entre Deckard et Rachel, beaucoup plus torride que dans le film.
Longévité : série de modules consacrés à la promotion du film, avec trois featurettes promotionnelles (en 4/3), cinq bandes-annonces et un spot TV.
"Promouvoir la Dystopia : Conception de l'affiche" : module de 10 minutes concernant l'élaboration des différentes maquettes d'affiche.
Deck le répliquant: la vraie nature de Rick Deckard" : module de 10 minutes qui ne donne aucune réponse définitive à une question qui a fait couler beaucoup d'encre. Le réalisateur et l'acteur concerné ont en effet un avis opposé sur la question, et les autres avis exprimés sont aussi partagés …
"Generation Nexus: Fans et cinéastes" module de 22 minutes sur l'influence du film sur toute une génération de spectateurs et cinéastes. Sur le disque 5 :
Commentaire audio de Paul M. Sammon, auteur du livre "Future Noir: The making of Blade Runner", en VO non sous-titrée, qui commente les différences entre la version de travail et les suivantes.
"Tous nos futurs possibles " : module de 28 minutes sur la création du "Final Cut". Un des bonus les plus intéressants, avec tous les détails de la restauration et des modifications pour la version définitive.
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Les Visuels :
1/1 |
La pochette / Le packaging
Etui cartonné dans lequel est inséré un digipack à 4 volets, contenant cinq disques (les deux volets centraux contiennent chacun deux disques en quinconce). Le rabat du premier volet contient un livret de 16 pages, huit photos et une lettre de Ridley Scott, imprimée sur un plastique transparent, qui affirme que sa final cut correspond désormais à ce qu'il souhaitait. Le visuel représente l'œil tel qu'il apparaît au début du film et qui porte une très forte symbolique (le miroir de l'âme, qui sert aussi au test de Voight-Kampff). On pourra néanmoins regretter que l'éditeur n'ait pas choisi de faire figurer la très belle affiche du film, par contre on appréciera un packaging qui, à l'épaisseur près, respecte le format habituel des DVD. L'œil et le titre sont imprimés avec des couleurs réfléchissantes, et la page des caractéristiques techniques est un feuillet libre.
[ Voir
le Top Packaging pour ce DVD ]
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La sérigraphie
Les cinq disques ont une sérigraphie sur le même modèle, chacun étant consacré à l'un des personnages principaux (1-Deckard, 2-Rachel, 3-Batty, 4-Pris, 5-Zhora). L'impression est fine et inclut le rond central, mais les textes légaux ne sont guère discrets et les logos frisent le sabotage artistique. Heureusement qu'il reste une belle cohérence d'ensemble.
[ Voir
le Top Sérigraphie pour ce DVD ]
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Commentaires concernant cette critique
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- le 16/12/2007 à 10:37 par alamo : Kaztet mélange tout, l'ancienne version et la nouvelle !!! - le 14/12/2007 à 20:38 par ninnin4 : Une note parfaite amplement méritée pour cette magnifique édition qui a le mérite de regouper toutes les versions possibles et donc de ne léser personne dans ses propres gouts.
Pour ma part, ce sont le final cut et la working cut qui m'ont le plus interessés - le 12/12/2007 à 17:42 par Kaztet : Et bien, il existe encore des personnes comme moi qui n'ont jamais vu le film. On me l'avait prêté en VHS enregistrée sur canal+ donc je vous passe la qualitée plus que déplorable du film dont je n'avais pu supporter que les premières minutes !
En tout cas, la critique m'a poussé à acheter le HD DVD version US - 5 disc complete (celle éditée en France ne contient que le final cut, quelle arnaque !). J'attendais vraiment une qualité irréprochable pour un film de SF...
c'est surtout que j'en ai marre d'acheter des versions de films qui ressortent avec nettement plus de bonus (ex: Reservoir Dog !).
Enfin, je conseille vivement la version HD qui est la même que celle critiquée ici mais en HD ! ...voir tous les commentaires...
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